Iikááh


Ii

áh,


sèche de sable
ocres et rouge
ébauche et poudre
filets de craie

entre le pouce
et l'index tournés

Dame de perle
a déposé pollen et
racines de chêne pulvérisées
farine de maïs
pétales
charbon de bois
et pierre à moudre,
sur fond doré

Ils viennent par le chant – près du tapis – les invités guérisseurs

retrouvent l'harmonie
aux pointes cardinales

et disparaissent

avant que ne
dispute l'homme
au-dessus de l'image

*

Les gens arc-en-ciel
Peinture de sable Navajo

Grand Cahier.466.Parallèle 37.003.Canyons.04

Hataalii chante...


Hataalii
chante

de grès roux...
porte ouverte sur l'ailleurs, séparant l'espace illimité
saumon du ciel sculpté qui bondit de la nasse
genévrier tordu de chaleur
sel souffle
.Boue
…pied à pied, de vent
relié au temps par le biais de l'air
et il chante Clavicule
le chant boucle de l'esprit
 perce-oreille
un soir posé sur le bord
de la vasque

au goût de
terre
____
Arches
► Conseil

(Partir du . de Boue
remonter puis, de grès roux,
en attrapant la passerelle des ...
aller jusqu'à la vasque)

Hataalii
traverse le cercle de la terre

Delicate Arch
Arches National Park

Grand Cahier.465.Parallèle 37.003.Canyons.03

Ô fées...


Ô fées,
forêt des fées !
Je tends la main
vers le faîte

des cheminées

Du haut-blanc
de glace je m'en vais
j'abandonne que
m'importe le secret
de ces passages dérobés
que nul n'élude
je ne cherche pas d'issue
labyrinthe des
roses
    des jaunes

Azurite des ciels
de Bangkok
je tourne la roue
chromatique du
moulin à prières
Qui ne dira jamais
la beauté des couleurs
de la Rim ?

Dans cette féerie :
m'y perdre je le veux
entre les détours et
les creux, jusqu’aux gravats
de neige jusqu'aux res-
tes magiques des
hoodoos
____
Bryce

Bryce Canyon Amphitheater
Inspiration Point

Grand Cahier.464.Parallèle 37.003.Canyons.02

Zion



.
J'accuse le temple
des eaux et de la pierre
..
Je mords les falaises
de sucre et de violette
...
Gréseux de rouge
et de blanc méthané

En chaque entaille que
la vie reverdit

Ce sont rayures
Bouquets de sapins

Orges roux des carbones
Pleurs du jardin des roches

Je marche au cœur
émerveillé de la terre

Force érosive Monolithe
Je longe sans craindre

les flashes orageux
de l'eau magnifique

Les étroites parois
de Navajo Sandstone
_____
Zion


Grand Cahier.463.Parallèle 37.003.Canyons.01

En quittant...


En quittant Dixie Forest, après un temps, et… quelques hésitations, vers la droite nous tournâmes et prîmes la 9 du Mont Carmel qui fait jonction

La nuit venue, nous débouchâmes sous des flambées d'étoiles dans un vallon désert

Mais / poussée la porte / une fois du saloon : autour du feu de bûches, les grillades – Majestic était la vue

Dixie National Forest

Grand Cahier.462.Parallèle 37.002.Et alentours.08

Playa


A vive allure, vous parcourez l'étendue plate des champs d'armoise
Touffes rougeâtres, épis de mauvaise herbe roussis des fonds sédimentés de Bonneville

Vous percevez, souffle déformé, le mirage d'une île au milieu des blanches vapeurs du sel
Intense est la chaleur des verreries de l'air. Vous suez de toutes les eaux qui manquent

Croûte stérile sur la terre détrempée, morne coquille de l'œuf lissé des naissances

Dans l'angle nord-est du versant des Wasatch et des Uinta, vous savez toutefois que sont stockées toutes les archives et toutes les généalogies de la lointaine Europe

Bonneville desert
(Utah)

Grand Cahier.461.Parallèle 37.002.Et alentours.07

On the road again


"Track, curios occasions Gifts souvenirs and EXXON"

Je poussais devant moi chevauchant par les collines de genêts,
aux reflets de nuages pâlis – noire,
la bête à museau blasonné de blanc, mon troupeau de vaches noires et blanches –

Prim'Holstein
Ô cow-boy attentif à la rôde de Charmey

La route est infinie autant que les falaises rouges qui la bordent

Fernand Léger
La vache et la chaise
(1959)

Grand Cahier.460.Parallèle 37.005.Éparses.04

Glen Dam


Dix-sept ans de travaux et l'afflux d'une eau bleue fluorescente venue des sommets de glace

Nous autorisent à ce parfait glissement vers les hau- teurs, entre ciel et roc, roc et rouge, roc indien brodé de céruse

Volutes striées meulières comme Larousse où le vent souffle

Cette réserve, au fil des ans accumulée, cette réserve elle est de vie la somme. Ce sont les gran-des crues anar- chiques, ou le lâcher des libertés volontaires

Qui façonnent sous la puissance des soleils la beauté déchiquetée des canyons

Pour que les hommes s'y retrouvent, il suffit de barrer au plus étroit les eaux, et toujours – plus bas c’est sûr, tournera la roue
Sur les pelouses d'argent de Las Vegas

Glen Canyon Dam Bridge

Grand Cahier.459.Parallèle 37.002.Et alentours.06

Lahontan


Nous ne voyons que peu de choses, une pierre assombrie, dressée, une trace grossière. Appelons ça le fil indicateur des hommes

Un phasme est tombé là, immobile et gris, tourné vers les terrasses. De sept mille marques – à l’estime – est coché le bâton d’ancienneté

Lac de Lahontan, c'est l'eau d'un lac sous les yeux qui s'étend

Nos frères en Pyrénées, autrefois dans la nuit des grottes, de leurs mains aux doigts tronqués, ont taché de rouge les parois

…Tant de distance nous sépare, tant de temps a passé dans l'univers, il est resté si peu de place pour le songe…

Voulait-il nous dire, nous prévenir de quelque chose, était-ce le début d'une parole inscrite, les premiers signes d'un pouvoir ?

Il n'y a que les eaux du lac d'un côté et le piège des barrières dirigeant les troupeaux

Lake Lahontan Petroglyphs
(Nevada)
Lac de Lahontan
Béarn des Gaves

Grand Cahier.458.Parallèle 37.002.Et alentours.05

Carson Pass


Lorsque j'arrivai près du panneau de « Carson Pass », je ne vis pas ce que vit Mark Twain :

Ni la chamise ni l'armoise. Non plus dans le lointain les chariots longs de fret enveloppés des poudres ascendantes d'alcali. Encore moins sur un crâne perché le corbeau solennel

Je compris toutefois, car ils sont aujourd’hui les signaux de détresse et valent bien désolation dans l'expression de l'inconnu, les deux marques de pneus dans la neige

Malgré la froideur du col, j'acceptai de prendre la pose devant quelques pins surexposés, héroïque touriste qui fait bon dos, mains enfoncées dans les poches bleues d'un molletonné vinyle

Carson Pass (Nevada)

Roughing it, complete »»

By Mark Twain

Chapitre XXI


Grand Cahier.457.Parallèle 37.002.Et alentours.04

Évolution


Imaginez le cristallin d'eau bleue glacée, l'absolu silence des forêts de sapins d'une Suisse à l'abandon

Washoes

Nomades séparés de tout, dans la solitude des lieux et du temps, à hauteur de 8000 pieds. Vous pêchez des truites grosses d'une chair resserrée saumon. Et laissez la terre à son éternité, dans la solitude des lieux et du temps

Mais dans les masses granitiques de la ligne des guer- riers de Virginia, un jour à l'ouest, l'angle supérieur des an- ciennes laves s'est brisé formant la veine de Comstock

Et l'eau chauffée des entrailles de la terre a cristallisé. Rouge d'abord, clarté du quartz puis or et argent

« Hanging wall » accrochant leur lampe ils sont venus, ont creusé des galeries, fouillant, fouinant, furets dansants « Comme va la Gould & Curry va la ville »

« Et souvent, balancés sur nos chaises, nous sentions vibrer et percevions sous le bureau, l'explosion étouffée d'une mine »

Nevada Mining Gould & Curry Mill
Virginia City

Grand Cahier.456.Parallèle 37.002.Et alentours.03

Départ


L'aube n'a pas pointé que déjà vous vous engagez pour les minutes qui suivent à l'aplomb de l'eau couleur de macadam –

Aperçues, les premières réflexions d'un soleil d'encre depuis le pont-route

Suspendu au-dessus de Yerba Buena, île conjointe d'une île au trésor, ancré au sol sous 200 pieds d'eau et revêtu d'un tablier à treillis sur deux niveaux en poutres d'acier, pylônes d'acier, câbles d'acier, de 33 à 36 par Charles H. Purcell, concepteur –

La journée n'a pas commencé que s'annoncent déjà devant vous les collines décharnées, noires, mouchetées d'artémise, et la route s'élève et file droite au désert

Oakland Bay Bridge
Yerba Buena Island

Grand Cahier.455.Parallèle 37.002.Et alentours.01

Nevada


Longue était la route parfaitement rectiligne jusqu'à la barre à l'horizon, le trait de montagnes broussailleuses

Vous vous en allez de l'ouest océanique vers l'origine des plateaux et chaque ligne au loin n'est que le barreau successif d'une échelle

Vous respirez l'air blanchi de lumière et de poussière. C'est le rond sec d'un soleil figé sur le bleu délavé de la nappe. Vous regardez devant vous depuis des heures

Votre attention s'amenuise, ou vous rêvez peut-être. Le Nord aussi est fermé comme un corral où rue le vent

Il a fallu des années par millions et l'arrachement d'in- fimes grains, évidemment nécessaires, des tourbillons de sable pour façonner la crinière envolée de cette dune

Sand Mountain (Nevada)

Grand Cahier.454.Parallèle 37.002.Et alentours.02

Cappuccino


Cappuccino j'avais bu, dans un bar au décor adapté mais non point de climat

Et quitté le quartier de North Beach pour me rapprocher de Financial

Rue en pente
œil
mystique
blasonné de pub
au-dessus de
Volgs…à la blanche – « Pure Glacier Water »
Entamé discussion canadienne
sur les nerfs et
le sang
des
tatou-
és

Cafe Zoetrope
North Beach/Telegraph Hill
San Francisco

Grand Cahier.453.Parallèle 37.001.Bay Area.14

Je te salue petit homme...


Je te salue petit homme des moulins et du ca- nal des eaux

Que fais-tu là dans ces finistères ? Depuis combien de temps vis-tu dans la tranquillité de ce parc, en lisière de cette jungle et de ces serres ?

À quoi cela peut-il bien servir de tourner tes ailes inutiles ?

Avec quel pain de quel blé, pourrais-tu nourrir les foules ?

Sur ce territoire de vignobles et de sequoias, balayés de pluies, de tempêtes grises. Houles mortes Pacifique

Dutch Windmill
Golden Gate Park

Grand Cahier.452.Parallèle 37.001.Bay Area.13

Décidément,


je préfère le panache d’une échappée sur les ailes quand l’équipe est soudée, à ce déroulement de calculs, à ces combinaisons aussi savantes soient-elles

Vous ne devriez pas tergiverser ainsi

Nous avons vu des torses des épaules sur-dimension- nés et des regards acérés sous le treillis des casques

… Analysé le même front de lignes très complexes

Vous ne devriez pas vous rembrunir, tout peut arriver encore

Il ne s'agit que d'établir, d'aménager le combat, de sa- vamment dissimuler la balle

Mais à Stanford mais à MemChu

Je n'entendis rien dans les Mausoles, pas un seul en- chaînement, aucune ciacona de Buxtehude
30 et une fois en mi variée

UC Stanford
Memorial Church
(MemChu - 1905)
Stanford Stadium

Grand Cahier.451.Parallèle 37.001.Bay Area.12

Berkeley


Je pris le Bart près de Powell, – venu de Millbrae s’en allant vers Richmond, je filais au rythme des bandes jaunes sur le quai – puis descendis sous l’eau, pour déboucher

Tube galvanisé de glaces plastiques, de l’autre côté de la baie

Il y avait sur ces pentes studieuses un campanile blan- châtre et l’empoutrerie haut perché d’un carillon. (C’est à rapprocher, à retenir … c’est identique … mais je ne le sus que bien plus tard)
De cet ersatz nullement ne m'étonnais

Puits de feu, laiterie d'aluminium Ô leptonique laiterie que je cherchais !

Et les zigzags et les fumées et les claquements élec- triques, le ciel était lourd et chargé. En m’enfonçant plus loin, aurais-je trouvé peut-être un lieu, à ces forces une origine ?

Jamais il ne me fut permis de percer le mystère

Université de Californie
à Berkeley
Bay Area Rapid Transit
San Francisco

Grand Cahier.450.Parallèle 37.001.Bay Area.11

Concours


Dans ce couloir de terre battue où je passais
il y avait foule,

une chaleur une poussière, des éclats de voix des souffles, et le désordre des sabots. Je commandai un cornet de frites

à ce braillard vendeur, sans comprendre jamais rien de ses proférations. Mais quelle
joie ce fut
à lui de m'adresser ainsi

Sur les gradins de l'arène emportés par l’atmosphère, des spectateurs se mirent
debout, cow-boys, me bousculèrent

À leur choix, il fallait que j’applaudisse
– Truqué, dis-je !

Ah ! les chevaux blancs sur des kilomètres de sable Ouistreham

Chuck Middlekauff
Another One Bites the Dust - Encore un qui mord la poussière
(1980)

Grand Cahier.449.Parallèle 37.005.Éparses.03

Choisir


Vous me demandiez embar-
rassé - vous vouliez des mœurs
des coutumes tout savoir

(avec les uns ou les autres – les hommes rester ou les femmes suivre)

Il fallut que je choisisse !

(entre les clinquantes boutiques – aller sur Union Square et lire assis – locality in rocking-chair, les titres d’un journal, je balançai)

Mais néanmoins je préférai
l’allure et la fête verbale
de vos charmantes comédies

Max Ernst
Le couple
(1925)


Grand Cahier.448.Parallèle 37.005.Éparses.02

La japonaise


Ne dites plus une parole mais regardez vers l'intérieur. Non, parlez plutôt mais d'autres choses (invisibles toutes pensées vers ce point tournées)
Et vous serez désir

Angélique en arbres, il existe en plein cœur de la ville un jardin d’aralia ou d'érables. Aurea magnifiques, aloe, dasylire, bois-bouton près d’une source. Ni le but ni l'interdit mais le flambeau
Azalée véritable
Cerisier de beauté sous le Pont demi-lune

Elle est étrange cette idée de Norvège qui nous vient

car c’est un pays de collines – courtes herbues ba- layées par le vent, un pays de violence aux couleurs du granit, des ocres telluriques – je dirais, vignes surgies dans le désert
Soleil perdu mer
Méditerranée
Brume qui suit dans la minute aussi glacée que Nord

Japanese Tea Garden
San Francisco

Grand Cahier.447.Parallèle 37.001.Bay Area.08

J'ai de cette époque...


J'ai de cette époque une photo, une prise de vue, de celles saisies à la volée,

De haut en bas ou de bas en haut, je ne sais plus
et tombée par hasard

Comme une balle surgie d'un golf près de Legion of Honor (où j'appréciai à leur juste valeur les placards recons- titués d'un intérieur XVIIIème)

On y voit deux hommes s'affairant, perchés sur le toit d'une maisonnette blanche badigeonnée de crésol – ses lattes de bois franc sont pré-vernies

Et dans le calme d'une rue ensoleillée
un jouet d'enfant

Accostée à son trottoir une voiture de l'espèce améri- caine en fleurs dont on a surbaissé le châssis


Grand Cahier.446.Parallèle 37.001.Bay Area.10

Cervo-jello


J'irai jusqu'au bout me disais-je

tremblotant vert
ou bien rouge indigo
J’avalerai
tout
mais j’aime mieux
Le spumante léger
d'un blanc d'Aunis

À l'hypocrite... jell-O-sho(t)

Robert Rauschenberg
Creek
(1964)

Grand Cahier.445.Parallèle 37.005.Éparses.01

Chinatown


Un jour je devais me retrouver avec ce peuple très an- cien matérialiste, fuyant l’année du coq ou l’autre qui dévide dans les rues ses clichés superstitieux en grands caractères fou et koei

à marcher entre les murs de briques et les échelles de fer, tout droit sortis d'un film italien baroque n'roll

Je devais me retrouver dans cette enclave historico-incoercible, avec des Hans pour le moins, dont l'ascendance doit remonter jusqu’à l'époque des Printemps et des Automnes,

avec des vieux qui ne s’en laissent pas

Ô, conter
Potiches factices,
et les joueurs de dés !
en bleus perpétuels

Chinatown
San Francisco

Grand Cahier.444.Parallèle 37.001.Bay Area.09

Bay Area, suivi de Point Zéro


À peine s'était-elle repliée que déjà il faisait nuit

L’aile avait tracé dans le ciel une courbe, une blanche vapeur elle avait suivi les feux qui brûlaient dans la baie

Ce fut comme une pulsation vitale qu'elle aurait étraquée, une écaille de nacre échouée sur les bords

Vers l'Ouest, à l'extrême pointe des terres, où le jour se termine

Cyclamor, glycymeris med, haliotide exposés à la gran- de rumeur océane

Ce fut un flamboiement minéral sur les collines déser- tes, les champs d'ocre et de brumes

– elle avait, elle avait que … déjà

Ne voyant plus rien sortir du soufflet rouge, arrimé à l'étroitesse d’une surface poussiéreuse … il allait falloir recommencer

San Francisco Bay Area at night

*
De nouveau s’écarter du sol, décoller, reprendre une distance, s'arracher du poids des jours

– enfant sur la carlingue –

Envisager de haut une ligne arrondie, percevoir du ter- reau les infimes détails

Revenir une fois
toucher la piste au point Zéro

C'est façon de remercier
de dire …
après

autoroute A10,
entre Tours et
Saint-Pierre-des-Corps

Grand Cahier.443.Parallèle 37.001.Bay Area.00

Hyatt


Ici ou là, trouver l’Hyatt, pianiste perdu dans l’immensité d’un hall – Caverne de fête à la double triple… échelle étincelante d'ascenseurs

Puis rechercher en bas de la rue, l'adresse d'un lieu qui n'a pas d'enseigne. Pousser des portes, franchir les sas du labyrinthe vertical imaginaire, enfin

Trouver l'issue
Déboucher vers les vingtièmes

Etages d'une salle sans terrasse pour s'attabler sans espoir, regarder au travers des grandes baies le jour quadrillé

Disparaître dans un luxueux dallage de béton d'aciers et de verre

Hotel Hyatt Regency
Embarcadero
John Portman (1973)

Grand Cahier.442.Parallèle 37.001.Bay Area.07

Clay


En ce temps-là, je logeais dans le décor de quatre planches d'une painted lady de Clay

Je voulais me rendre à Lombard Street

Voulu aussi m'informer des lacets de fleurs (Dahlias, fleurs d'écume, fleurs sauvages, fleurs pastel) des briques roses implacables qui serpentent sous le soleil, demander les origines
à un couple corseté de mœurs anglaises

… But
"He don't speak english !!"

Je dus m’enfuir dépité vers les docks, descendre Hyde Street en courant, pousser une porte vers Fisherman's Wharf

Où je vis, à propos de cerfs-volants, un pied-noir d'Alger (rouge ou vert) parlementer dans un français plus qu'improbable avec une indienne qui d'un geste haut ajustait sur l'épaule son kaccha sari

Alexander Chen
Fishermans Wharf

Grand Cahier.441.Parallèle 37.001.Bay Area.04

Sausalito


Que sont les pans de bois devenus alambiqués sur l'eau, hippies vivant bohème de fleurs, passées vieillottes froissées ?

« Une barque chapeautée de rouge et de vert (un soupçon de cage) un oiseau de sorcière, des fenêtres dégingandées endormies sur des barges, le drapeau étoilé du capitaine – œil de poisson bleu canard et silo venu des plaines repeint dans les tons gris, cheminées d'usine clinquantes de zinc, habitats le long des quais en bois de séquoia »

Dégagées des fumées, mangées de fric et pauvres liens sans risque ni corps sont les communautés virtuelles aujour- d'hui

Maison sur l'eau
Sausalito

Grand Cahier.440.Parallèle 37.001.Bay Area.06

Reproduction


Sur une carte d'un acre et demi, j'allais

Parti de San Francisco Port vers Embarcadero (pier forty one) je pris le traversier jetant une bouée rouge et blanche près d'Alcatraz

Je débarquais pour voir – des travaux de l'US Corps of Engineers – le flux et le ressac, une maquette où l'on transite

Plus complexe que les herbes salées du roc millénaire Saint-Michel

U.S. Army Corps of Engineers
Bay Model

Grand Cahier.439.Parallèle 37.001.Bay Area.05

Avancée des empires


L'herbe que l'espagnol trouva sur la colline était la menthe Yerba Buena, yé !

Herbe autrement rêveuse d'un arrondi végétal aux senteurs de houles, de lamiers blancs

Mais il fallut le lent passage des jours, et l'acharnement des chasseurs de loutres marines – russes, anglophones – avant que ne tombe l'orgueilleux avant-poste

...s’efface des rives
du Très Grand Océan

San Francisco
avec Yerba Buena Island
et Berkely Hills au fond
(1850)

Grand Cahier.438.Parallèle 37.001.Bay Area.02

Désert


Je marche ne respire, je marche sans reliefs – la brume est sous le pont

Rouille de 37 Golden Gate

Pétales de roses jetés
Hommage à (Ophélie) Novak
J’arrive au bout

La mort soudaine. Chaque voile
Angle aigu triangle aperçu dans le vent de glace, trois bornes j'irai – je marche

Est-ce Cadillac 55 ou GAZ 69 qui passe ?

Le chuintement et l'humeur du Pacifique

Vertigo (Sueurs froides - 1958)
Golden Gate Bridge

Grand Cahier.437.Parallèle 37.001.Bay Area.01

Complément au jardin

Li Yu








Li Yu note
Au gré de ses humeurs oisives
Combien le cheminement des soucis est complexe

Ceux-ci n'arrivent
Que sous deux sortes
En vérité

Soit on peut s'y préparer
Soit il est impossible d'y échapper

Sur ces considérations, il décida provisoirement
De faire travailler son pinceau
Remplaçant à son avantage

L'hémérocalle

– Ne lui fit-elle pas oublier, belle un jour

Elle aussi les soucis

Le jardin du plaisir de Qiu Ying
(1495-1552)
OEuvres (Jiezi Yuan, v. 1730) de Li Yu (Li Liweng)
1610-1680

Grand Cahier.436.Les jardins sont un langage.003.l'Harmonie.03

Gerti


Sur un fond vide posée de face, distincte élégamment de tout le décorum rouge et argent, assise découpée absente, les yeux fermés, la tête qui se tourne vers un songe, main dans le manchon reprise, séparée du corps qui s'appuie à la taille et se disloque

Ou lignes élancées, planche nue dressée au milieu du désir, svelte lavis d'ocre et stupéfiantes rougeurs, décharnée vulnérable comme un christ, les bras sur la poitrine croisés

Quel éloignement du regard, quelle tristesse quand s'exhibe sur la chair l'armature du sexe !

Egon Schiele
Gerti Schiele
(1909)
Egon Schiele
Gerti
(1910)

Grand Cahier.435.Dispersions.007.Instantanés.12

L'unique orange


Au milieu d'un gris sale de vieilles couvertures qui sen- taient le phénol, il dut, allongé sur le grabat des heures, gri- ses les heures, et monotone
Dépouillé de tout, attendre – l'unique lumière

En être réduit à tracer
Amère, entre les taches du mortier de son doigt humec- té de salive, des têtes, des paysages, et des têtes sur le mur

Les regarder sécher, pâlir et disparaître dans les pro- fondeurs, s'effacer dans le sol, dans le puits hors du temps, pourrir

Le visage tourné vers le bas, se dire
Qu'une sonnette électrique est le dernier outil qui vous rattache au réel, subi non pas rêvé, et d'une griffe plus experte que les anciennes initiales MH d'un anonyme, signer ainsi :

L'unique orange était la seule
Lumière

Egon Schiele
Die eine Orange war das einzige Licht
(1912)

Grand Cahier.434.Cahier bleu-vert.004.Scories.04

Articles les plus consultés


à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte