Effets de l'aube
Il n’y a rien dans l’air qui bouge ce matin. Rien n’a bougé de cette nuit
c’est comme hier. Chaque chose est à sa place
dans l’ignorance des autres. Toutes les choses sont restées au même endroit
Elles sont là reposées tranquilles
au point du jour
J’agrée de tout mon être à cette indifférence, cette muette patience. Pourrait-il exister une autre vérité ?
Je m’éveille j’attends
le plus longtemps possible
Albert Gleizes Paysage cubiste (arbre et fleuve) - 1914 |
Grand Cahier.583.Révolvie.001.Les effets de l'aube.01 « ... »
Une rose commune...
Une rose commune
Quotidienne une rose
Désirée de nouveau
Parfaite et sans appui
Elle est simple de cœur
Et n’a pas le souci
Des pensées importunes
Donnez-nous de ce vin
Ce qu'il en faut sans plus
Un grand corps reposé
Dites-nous haut et clair
Deux ou trois des paroles
Qui tournent qui sont miels
Comme guêpes des ruches
La terre est idéale
Les ombres apaisantes
La terre est exemplaire
Accueillons le sommeil
Toujours à l'improviste
Partons la rattraper
La belle chose rêvée
Quotidienne une rose
Désirée de nouveau
Parfaite et sans appui
Elle est simple de cœur
Et n’a pas le souci
Des pensées importunes
Donnez-nous de ce vin
Ce qu'il en faut sans plus
Un grand corps reposé
Dites-nous haut et clair
Deux ou trois des paroles
Qui tournent qui sont miels
Comme guêpes des ruches
La terre est idéale
Les ombres apaisantes
La terre est exemplaire
Accueillons le sommeil
Toujours à l'improviste
Partons la rattraper
La belle chose rêvée
Édouard Vuillard Roses roses (1922) |
Grand Cahier.016.Révolvie.001.Les effets de l'aube.02 « ... »
Combles
Les gouttes glissent
au long des lignes désertées
Les notes font
la courte échelle à portée de l’oreille
les mots, à tue-tête s’alignent
et s’interpellent
et peu à peu
le fil
Trouve sa mesure et se courbe
– arrive au toucher de la terre
comme un long vivier qui s’égrène
Les années s’accumulent
le poème nous sauve
Gouttent les mots noircis
sur le blanc de la page
résonnent en arpège
les notes des chansons
Les gouttes tombent sur la plage
quand s'éloigne la mer
éclatent en soleil bleuté
en couronne de lait...
S’ouvre d’un œil l’iris
au sable vert
Thierry Le Baill - Summa - Encre 2009 |
Thierry Le Baill - Longue bleue (2015) |
Grand Cahier.024.Révolvie.001.Les effets de l'aube.03 « ... »
Mai
J‘aime quand s’éveille la ville
M’en aller chercher le premier
Le long des rues tranquilles
Un moment les effets de l’aube
Une fenêtre qui s’entrouvre
Juste au-dessous du ciel
C’est un matin acide et frais
Comme un jeu d’ombre et de lumière
Ranimé sur les toits
De tes bras blancs
« Joli museau de Zibeline
la nuit s’éloigne
écarte les volets
joyeusement »
Draps blancs défaits
Le jour respire
M’en aller chercher le premier
Le long des rues tranquilles
Un moment les effets de l’aube
Une fenêtre qui s’entrouvre
Juste au-dessous du ciel
C’est un matin acide et frais
Comme un jeu d’ombre et de lumière
Ranimé sur les toits
De tes bras blancs
« Joli museau de Zibeline
la nuit s’éloigne
écarte les volets
joyeusement »
Draps blancs défaits
Le jour respire
Robert Delaunay Les Fenêtres simultanées sur la ville (1912) |
Grand Cahier.035.Révolvie.001.Les effets de l'aube.04
« ... »
Prime
La couronne du gaz fait se cailler le lait
Cette nuit, la coupe du pain
A eu le temps de durcir
Le matin a réveillé le vent
Frouant, et ton cœur qui bat
Une branche noircie frappe
Aux carreaux de la fenêtre
L'automne attroupe les feuilles rousses
Quand la terre se refuse
Le ciel jauni flotte sur les toits
Ta chemise est froide
Tu souffles les vapeurs de ton bol
L'œil précise et l'esprit songe
Aux soucis d'une journée qui sera belle
Pablo Picasso Nature morte à la brioche (1909) |
Grand Cahier.085.Révolvie.001.Les effets de l'aube.05
« ... »
Tu es, printemps d'or...
Tu es, printemps d'or
Vêtu d'éclats, de glace et d'eau,
Mon souvenir.
Tu es printemps, grandi de belle humeur
Au vert village de Normandie
Comment pourrais-je t’oublier ?
Le jour s'étonne en suivant le ruisseau.
C'est un endroit désert. Les champs
Sont barbés d'orge,
Ils sont monde et perle, ils sont beaux.
Le givre est dans la pierre
J'entends le clocher carré qui tinte
Sous le ciel dégagé, là-haut,
Une frayeur tourne sans cesse –
Le temps a blanchi, lumineux,vivifié
Un merle éperdument va siffler
Des bois rougis
Vêtu d'éclats, de glace et d'eau,
Mon souvenir.
Tu es printemps, grandi de belle humeur
Au vert village de Normandie
Comment pourrais-je t’oublier ?
Le jour s'étonne en suivant le ruisseau.
C'est un endroit désert. Les champs
Sont barbés d'orge,
Ils sont monde et perle, ils sont beaux.
Le givre est dans la pierre
J'entends le clocher carré qui tinte
Sous le ciel dégagé, là-haut,
Une frayeur tourne sans cesse –
Le temps a blanchi, lumineux,vivifié
Un merle éperdument va siffler
Des bois rougis
André Lemaitre Paysage normand (1975) |
Grand Cahier.040.Révolvie.001.Les effets de l'aube.06
« ... »
Que votre rire...
Que votre rire est adorable
Lorsque la vitre vous reflète
Avec la pomme du soleil
Et des morceaux choisis de cour
On y joue
Les enfants s'effraient
Des fusées jaunes d'artifice qu'ils allument
Fuyez, et vous, venez !
Déliez pour moi seul
Les fleurs de ce bouquet
Lorsque la vitre vous reflète
Avec la pomme du soleil
Et des morceaux choisis de cour
On y joue
Les enfants s'effraient
Des fusées jaunes d'artifice qu'ils allument
Fuyez, et vous, venez !
Déliez pour moi seul
Les fleurs de ce bouquet
Raoul Dufy Feu d’artifice à Nice Le casino de la jetée-promenade (1947) |
Grand Cahier.229.Révolvie.001.Les effets de l'aube.07
« ... »
Inventons tout d'abord...
Inventons tout d'abord une chambre d'amour, petite, parfumée de menthe et de mélisse, et
Brillante dans l'été comme un long cristal de chaleur
Blottissons-nous et fermons les volets, les volets verts fraîchement peints d'une vieille cité
J'y réserverai, dis, comme un coin de soupente, un simple lit dans l'ombre et bordé de draps blancs
Ma dévêtue, de ces doux linges palpables qui tombent, qui t'entourent de leur poids inutile, tu t'échappes avec de beaux gestes de baigneuse
Réelle abeille ma farouche, le miel blond de mes nuits, mon rucher de désirs
Pierre Bonnard Nu de dos à la toilette (nu jaune - 1934) |
Grand Cahier.290.Révolvie.001.Les effets de l'aube.11
« ... »
L’œil
L'oeil
est à la cime du ciel
un poids d'eau florissant
L’étable fume,
les bêtes reniflent dans la chaleur des pailles –
corps luisants blottis sous l'abri
Drue
l'herbe pousse comme l'ennui,
comme un long tambour sur les toits,
comme une horloge qui bat,
où dormir
Serge Plagnol Fugues - Exposition Bordeaux 2018 |
Grand Cahier.039.Révolvie.001.Les effets de l'aube.03
« ... »
La colline
La colline est, visage défait, batailleuse.
Les premiers regards portent vers la fenêtre ouverte
Ce sont des herbes pour tourment
(herbes
aussi fraîches que des larmes).
D'entre elles,
une alouette monte
O palpite sertie dans la clarté de l'air !
Tous les camps de nuit
se retranchent en bas dans la broussaille
Ce matin c'est le sacre du jour. Le toit bleu,
l'abri de qui attend, amasse l'or du ciel
Ernst Ludwig Kirchner Baie du Mexique, Fehmarn (1912) |
Grand Cahier.043.Révolvie.001.Les effets de l'aube.09
« ... »
Le lever
La chambre a fraîchi
Plus fraîche que le jour qui blanchit par la fenêtre
Le ciel nocturne est déchiré sur l’un de ses bords, agrémenté d’un parsemé d’étoiles, d’une ligne de rose qui s'étire
Je me penche au dénoué de ton âme ta joue a les couleurs de l'aube caressante, tu ouvres une paupière…
Vole une aile qui fait battre le cœur. Un moment le sommeil est encore accoudé. Se découvre
– l’aile d’un si beau corps où l'or et l'ombre jouent
Henri Fantin-Latour Le lever (1872) |
Grand Cahier.088.Révolvie.001.Les effets de l'aube.11
« ... »
Marie
Marie, tes bas de laine et le bleu chemisier léger que tu portes aujourd'hui, bas blancs chaussures blanches et nœuds dans les cheveux, sais tu qu'ils sont un drame
Car il fait beau
Et tu voudrais sur la terrasse au haut de quinze étages, poser petite table de jardin le parasol des sirops verts, et s'il fait chaud loin des regards
Dans les rondeurs du ciel, dormir tout un bronzage.
Carlos Carnero (1922-1980) - 1957 |
Grand Cahier.304.Révolvie.001.Les effets de l'aube.12
« ... »
Jeune fille, où donc...
Jeune fille, où donc as-tu mis ta bague ?
– Perdue, je l'ai perdue je ne sais où
Près d’un ruisseau
Parmi les herbes fraîches
Le vent soufflait dans tous les sens
Vois-tu le soleil se briser ?
Il y a mil façons d’être libre
Sur la crête des vagues
Verts tessons que l’on jette
chantants chrysobéryls…
C‘est une eau qui serpente
une eau qui les emporte
Henri Matisse La tristesse du roi (1952) |
Henri Matisse Les marguerites (1939) |
Grand Cahier.282.Révolvie.001.Les effets de l'aube.13
« ... »
L'amie
Il n'a pas attendu
que son amie revienne
attendre il n'a pas su
jamais ne sera sienne
Il a pleuré longtemps
sous l'oranger la belle
orange roule Est-elle
un signe au bord du temps ?
Dans les îles s'endort
tout un soleil
d'or blond
Fernand Léger La Danseuse ou Composition avec figure (1929) |
Grand Cahier.299.Révolvie.001.Les effets de l'aube.12
« ... »
Différence
Chapeautez-vous
de vos galures
Recouvrez
vos robes d’été
Longs –
enfilez vos bas de soie
Laissez l’égalité
La vie
nous chante un air
d’autres merveilles
nous chante
une gavotte, un air !
Énervez-moi, agacez-moi
désespéré
de vos galures
Recouvrez
vos robes d’été
Longs –
enfilez vos bas de soie
Laissez l’égalité
La vie
nous chante un air
d’autres merveilles
nous chante
une gavotte, un air !
Énervez-moi, agacez-moi
désespéré
August Macke La jeune fille avec une veste jaune (1913) |
Grand Cahier.567.Révolvie.001.Les effets de l'aube.18