L'unique orange


Au milieu d'un gris sale de vieilles couvertures qui sen- taient le phénol, il dut, allongé sur le grabat des heures, gri- ses les heures, et monotone
Dépouillé de tout, attendre – l'unique lumière

En être réduit à tracer
Amère, entre les taches du mortier de son doigt humec- té de salive, des têtes, des paysages, et des têtes sur le mur

Les regarder sécher, pâlir et disparaître dans les pro- fondeurs, s'effacer dans le sol, dans le puits hors du temps, pourrir

Le visage tourné vers le bas, se dire
Qu'une sonnette électrique est le dernier outil qui vous rattache au réel, subi non pas rêvé, et d'une griffe plus experte que les anciennes initiales MH d'un anonyme, signer ainsi :

L'unique orange était la seule
Lumière

Egon Schiele
Die eine Orange war das einzige Licht
(1912)

Grand Cahier.434.Cahier bleu-vert.004.Scories.04

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte