Une vie


Une vie de poète est temps de poésie, qui le met tout en œuvre, tout le temps de sa vie

Or que sait-il du temps – ce qu’il fait de sa vie ce qu’il en sait ce qu’il en dit – par le rythme du verbe, le mensonge en avant

Mais ce programme n’est pas l’impeccable que tu crois, de longue date élaboré. tu t'obstines à vouloir l'impossible

Le temps n'en finit pas de déserter le temps

Papillons, vous vous brûlez les ailes. Les mots vou-draient entrer qui cognent à la vitre, fascinantes chi-mères

Ce qui t’emporte et te retient, ce sont l’immensité du ciel, le vide éperdu de couleurs, et de l'autre côté, le jour réconfortant et la mort ressaisie

Afro Basaldella
(1969) Exp. La memoria ritrovata

Grand Cahier.146.Révolvie.004.D'après.11

Affleurements


Ce vase à col étroit d'où jaillissent des fleurs
La fine bleuité de cette porcelaine
Les tiges coupées, l'eau surie sa forte odeur
Voici comme à la mort est la vie, souveraine

          *
Il reste peu de temps le soir quand l’heur s’en va

Cette porte qui baille est une tombe au cœur
Un manteau de poussière, une triste lumière
Ce léger parfum qui émane d’un linceul
Signale qui fut là dans les tons de l'oubli

          *
Les clous de tes souliers s'enfoncent dans les sables

Des groupes de moineaux sautillent par endroits
Des groupes de moineaux pépient comme des miettes
Les vasques sont en fleurs, quatre pigeons s’envolent
Vers les quatre points cardinaux d’une fontaine

          *
La peau s'écaille par le sel et par le feu

Les lèvres d’argile s'évasent sur la roue
C’est le potier qui rêve le potier qui songe
Stable et rugueuse matière, elle est Rose terre
Indifférente à la nuit tendre des jardins

Jean Verame
Roches peintes de Tafraout
en hommage à son épouse défunte (1984)

Grand Cahier.145.Révolvie.002.Maisons de verre.13

L'humour


L'humour nettoie les champs de l'esprit, dissous au chalumeau les connexions qui, passagères, l'insinuent et le figent, qui virulentes, risquent de s’incruster dans sa pulpe mentale, et la durcifier
Disait Aimé Césaire

L’humour dément l’habituation, secoue le noyau tenace des souvenirs, la machine raisonnante –
Qui dit que le libre-arbitre n’existe pas est un menteur !

Toutes ces synapses, ces capteurs qui nous jouent la solution, tout le réseau de cette interface moteur, cette proprioception, est subvertible

Dissous par tes chants maldorors – à violents coups de barres de fer sur les crânes, grand chaman littéraire – les sédimentations de l’univers à l’intérieur des univers

Salvador Dali
Les cygnes se reflétant en éléphants, 1937

Grand Cahier.144.Révolvie.D'après.18

Cette idole...


Écoute les mots qu’elle (te dit et
qu’elle) prononce

à ton oreille, la fille
à lèvre d’orange

Il y a tant de choses qui sont dites,
compare

On la perçoit comme une orange
Le fruit à pulpe

dit la lèvre pulpeuse
et pareille à l’orange

donc aussi et au sens étendu,
la couleur

dit la lèvre est orange

Ni rose ni rouge
elle est bizarre et sensuelle

une fille bien étrange et dite
En trois mots

et connotée douze fois Ah,
la bonne phrase !

Amedeo Modigliani
Jeanne Hébuterne (1919)

Grand Cahier.143.Révolvie.004.D'après.09

L'offrande n'a pas de fin...


L'offrande n'a pas de fin, elle abrite en elle une pulpe divine

Voici des attiers, des bibaciers, des goyaviers qui poussent à hauteur de l'amandier en plein vent

Ces fruits verts de la grosseur d'une poire sont des plants d'Amérique, on les sert comme les figues, en hors-d'œuvre, on les offre au dessert, non pour les manger salés mais pour en faire une pâte crémeuse, la mêlant de sucre et de jus de citron galet

Que doit-on préférer la crème de la zatte ou l’avocat ? Une datte de Saint-Paul, ou bonne et lourde une mangue de la partie du vent ?

Les yeux sont une pulpe candide au supplice

Paul Gauguin
Nature morte avec des mangues
(1893)

Grand Cahier.142.Refonds.003.Ighizan.11

Le désert


Disperse tes pensées au vent de sable quand l'heure viendra. Cette drôle de chose qui s'approche d'un pas majestueux, c'est le simoun à la démarche roulante

Les yeux te brûlent : brûle ton cœur. Au dehors est le grand vide

Sois patient, d'une patience puissante comme l'océan qui bat la falaise jusqu'à la faire s’effondrer. Que ta volonté soit souple comme une mèche de vent qui se courbe sur la dune

Lent et délicat est le temps refleuri de la rose des sables

Harassé par le blanc imprescriptible, le rouge au loin saignant et l'or pâle des journées, tous ces feuillets qui s'envolent, ces pages coloriées qu'on expédie sans rien savoir (sois tranquille) n'auront pas le destin éphémère de la rosée qui se dépose à l'aube et s'évanouit aux lueurs du soleil

Le désert est en tôle ondulée, le désert est rusé comme un fauve qui bondit avant même, d’avoir eu faim

Benedetta Segala
Vent de sable
(2007)

Grand Cahier.141.Cahier bleu-vert.005.Le horzain.03

Les indicateurs


Après les temps refroidis, de ces lieux de tristesse, les jours reviennent

Tels ces couples d'oiseaux – tourterelles qui boivent aux urnes fréquentées de marbre et de jaspe

Car les mots en leur for entretiennent eux aussi et le mort et le vif

Ils indiquent un chemin au milieu des possibles. Auprès d’eux j'ai conquis ma façon

Lien tissé et retissé à l'envers et à l'endroit, au motif d'une étoffe précieuse, antique dessin renaissant de ses cendres

Qui pousse de loin en loin, hors des broderies d’usage,
de nombreux fils

Pablo Picasso
Les deux tourterelles dédoublées (1949)

Grand Cahier.140.Révolvie.004.D'après.10

Décours


Entre la falaise et la plage de galet, nous suivrons les pas du chemin qui tourne, ses talus jaunis de primevères

Nous comprendrons son désir lorsqu'il ferme sur nous sa veste de buissons aux poches pleines d'oiseaux

Nous descendrons, le pied posé au vif sur les mar- ches des grandes laveries,
Cueillir des coquillages nacrés les plus luisants

Mais séchés dans nos mains leurs couleurs s'envo- leront et ne restera sur notre cœur qu'une poudre de tristesse

Gardant avec ferveur la somme des accords passés, ce qu'il nous fut donné d'entendre, nous irons à cet amer où le chemin s'efface

Et nous verrons si nos yeux savent à même la pierre ouverte, au livre des flots,
Patience et force d'éternité, lire

Henry Moret
Île de Groix, Pointe de l'Enfer
(1896)

Grand Cahier.139.Refonds.007.Mers.04

Rappel d'enfer


À quoi avait-il bien pu servir
ces piliers jetés,
d’un jour à l’autre sur le sol,
ce mur noirci
restes d’une voracité
d’un égarement des hommes,

Infimes mouvements cycliques, particules – du vide, relâ- chant leurs virions dans la graisse des jours

« Mais quand donc finiront-elles ces guerres : inutiles, gagnées ou perdues ? »

Interroge un passant fatigué aux cheveux blancs

On y meurt encore aujourd’hui
dans le râle des gorges
dans l’étreinte des ronces

Des orages insensés grondent sous le ciel immonde. Le pré est piqueté de fer et de gravats S’ouvre silencieux vers une nuit sans étoiles

Nul ne propose
le vent donne ses ordres – l’herbe est légion

Victoria Tremel
Abstraction II
(2019)

Grand Cahier.138.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.14

Barque étoilée


Une rivière de fleurs secrètes coule dans sa main
Dans son cœur qui bat
Le monde se tait. Il traverse la ville
Ses yeux rougis ont vu le jour
Sonnant, contre le talus peuplé de visages morts
Ses deux sœurs, soleil et nuit, l'accompagnent
O douloureuse pierre !
Ce que l'une détruit, l'autre le sauve
Là-bas veille un tendre amour
Il s'arrête devant la porte, la maison de verre
S'inclinant
Il trace dans le chemin une ligne et le mot
Phénix
Comme il franchissait d'un pas
Lointaine, une chambre bleue fut prise de flammes

Odilon Redon
La barque rouge
(1905)

Grand Cahier.137.Refonds.003.Ighizan.10


C'est une fin du jour...


C'est une fin du jour. L'ombre de l'ami s'éloigne. Tu restes, visage blême sur le seuil gelé de la porte

Ce sont tristesse et larme d'or comme pointe une étoile. Éternité, la nuit revient. Tu tournes le pas, la porte au jardin calme se ferme
Dans la maison nocturne la vitre a fleuri. Qui s'approche ? Toutes les boiseries craquent, les planchers vernis

Sur le carreau du poêle en faïence blanc ourlé de bleu le corps se tasse. La marche brûlante et le froid qui pénètre les chambres font trembler jusqu'aux os

Anselm Kiefer
Der Universalien-Streit
(2004)

Grand Cahier.136.Refonds.003.Ighizan.09

Retrouvailles


Il y aura eu des journées splendides, et d'autres de janvier que j'aime aussi où la pluie crépitait fine sur le toit dans une mi-clarté d'hiver qui ne pèse pas comme un nuage gris

Était-ce bien un janvier sans une neige ?

Il y aura eu des journées calmes où je me suis retrouvé, l’oreille attentive aux mouvements les plus infimes, tassé au fond d’un vieux fauteuil de cuir, sous la lucarne rêvant dans le silence et le frais, à peine ponctués, à peine crispant la nuque

Joe Downing (1925 - 2007)
Composition

Grand Cahier.135.Cahier bleu-vert.006.Retrouvailles.02

Avancer


Encore un ou deux lacets, un
effort avancer, buter

Bousculer le sentier jusqu’au désastre
Quitter les pins rougis

Contourner à un jet de la caillasse
la langue des glaciers

Retrouver les cairns entre pierre et neige
Jeter toutes ses forces

sur la dernière échelle
du refuge et boire – fumant de buée

un café noir

Wang Ximeng (1096-1119)
Détail du « Mille lis de rivières et de montagnes »

Grand Cahier.134.Cahier bleu-vert.004.Scories.18

La tarasque nous bouscule


Sa liberté est celle des eaux soudaines, crues subites, sources brusques jaillies bondissantes, torrent né en force au dégel des cimes.
Ordre des cimes.

Sa liberté est gerbe, foudre qui descelle.

Son corps est aux couleurs de l'arc-en-ciel. Qu'elle s’en aille d’un coup d’aile rejoindre les nuages, elle, la bête faramine qui sème le trouble en tous lieux.

Tarasque, furie, bec de canard, laisse-toi séduire, écoute la voix qui te console, la douce voix des lavandières.

« Lagadeou, lagadigadeou, la Tarascou
Lagadeou, lagadigadeou, lou Casteou »

Saint-Véran terrassant la Coulobre (cf. wiki)
Sculpture de Vincent Liévore
(1993)



Grand Cahier.133.Refonds.006.Verger des eaux.09

Mehndī


Elle a de l'ombre au coin des yeux, un mascara de pensées inattendues

Le henné de la fleur de ses mains la fait sourire

Elle a des jambes longues et blanches, lisses des seins frais pressés

Des courbes, à la folie des courbes aussi

Une nuque au duvet d'oisillons qui crie dans l'âme

Elle est fine à malices, vive lorsqu'elle dit les mots choisis qui lui viennent

Et qui l'emportent. Tout en elle est femme Vérité, ce qu’elle vaut, ce qu’elle sait

Aussi tient-elle ici – haute la tête

Fleur de cachemire
pour mehndī au henné

Grand Cahier.132.Dispersions.007.Instantanés.10

Une allée de nuit verte ou poésie


Elle est fugace, elle est légère…Sais-tu qu'en son départ ses pas sont invisibles ?

Yeux pers, la chevelure noire et voilée, devancée par l'odeur des mimosas, dans sa robe popeline, plus aérienne et fine qu'en rêve, et qui est le mot de sa présence, elle va, silencieuse longeant le mur du cimetière. Qu'elle daigne un sourire, crois ton bonheur ! N’hésite pas ! Franchis le pré d'herbes grenantes. Leur vertu est bonne à ta folie. Par chaque seconde foulée, gramme d'une douleur, tu te rapproches. Oui, car elle est dite aussi la « toujours prochaine ».

Olivia Rolde
Poésie atmosphérique
(2015)

Grand Cahier.131.Refonds.001.Solitudes.03

La nuit approche


Sur la base du rapport de police, on peut dire

Qu’il roulait trop vite. À tombeau ouvert ! Un camion perdu dans les lacets… des virages trop serrés, des routes de montagne… Il s’est laissé emporter, la citerne aura versé dans l'ornière. L'eau est noire et se mêle à la boue

Il aura suffi que les crêtes d'Orcières se mettent à rougir pour que surgisse d'en bas, du creux du val – fuyant une douleur, le triste oiseau du soir

Le village est désert, décimé par les suies, façonné par l'azote. Les ombres se dispersent, courent, traversent les ruelles. Fantomatiques, elles s'effilochent et s'évaporent

C'est à cette heure un millier d'aîtres qui s'éteint, et fait silence

Dès lors il faudra se hâter. Donner son congé. Suivre la sente verte

Chaïm Soutine
Vue de Cagnes (1924-1925)

Grand Cahier.130.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.13

Silhouette


Tu marchais depuis longtemps sous le feuillage, des boues fagnardes collées à tes souliers. Ighizan. Le sol gelé se délitait de tous côtés – sanglantes zébrures de glace, inventions de signes sans comprendre – ce n'était plus qu’un ciel de grisaille. Chaque rideau de branches, de ronces était une souffrance, raies de flammes dans ta chair

Mais tu marchais, peut-être hésitant revenant parfois sur tes pas mais tu marchais

Tes yeux peu à peu s'habituèrent à l'ombre ; ton corps se fit indifférent au froid moussu, à l'humidité qui imprégnait tes vêtements ; ton sang devint plus vif

Enfin arriva le jour où

Toi, bête sombre couverte de lichens, de larves et de toute cette moisissure, toi la bête pouilleuse, tu vis briller la harpe des hauts arbres

Le chant des oiseaux fut un autre chant, aux notes stridentes, aux gouttes de lumière

Tu entras dans la chaleur, dans cette blancheur qui mit un essaim d'abeilles dans ta tête

Ta tête sonnante du jour

Claude Monet
Peupliers sur les rives de l'Ept
(1891)

Grand Cahier.129.Refonds.003.Ighizan.06

Inventaire


La chambre, elle est bleue
même le plafond où ne pend aucun lustre

Sur le plancher, les étagères et le bureau s'empilent des livres, un désordre de livres

On orne les murs de cartes lunaires, de photos de Koudelka ou d'icônes, cela pour tromper le vide bleu par des ocres et des rouges

Près de la fenêtre, un diagramme – labyrinthe d'es-caliers inachevés avec le M et la flèche

Une caisse de munitions portant une lampe, le lit (sa couverture en chaude laine), le tiroir de l’office où des âmes innombrables sont mortes, mais scintillent encore… le mur d'en face et la vitre peinte

Tous aux couleurs de l'orange et du soleil

Avec les disques vinyles et la veste noire, il ne resterait plus à dire que ces quelques mots inscrits, tapés à la machine sur des feuilles blanches
et fichés par le travers !

Folie ou démence d'après Victor Hugo (les chants du crépuscule)
Benoit Vinadelle

Josef Koudelka
Nord Pas-de-Calais, France (1989)

Grand Cahier.128.Révolvie.002.Maisons de verre.02

Je me suis levé trop tard


Le jour dans ses étoffes d'eau n'avait aucun courage. Le réveil sonna. Je me suis levé. J'ai pris le filet à provisions et je suis sorti

Il pleuvait. Des gouttes lourdes, éparses. Un camion passa sur la route brillante, camion chargé de troncs d'arbres (il y a là-bas des forêts humides au sol moussu), camion qui se dirigea vers le port où les troncs seraient embarqués

J'achetais le journal, le pain, le lait et je rentrai. La pluie se fit plus dense. Le soleil sans suite tirait ses rideaux

Encore un jour sans rien, encore un jour parmi les autres. Parfois pourtant quelqu’un te saisit par le col – et tout est flanqué par terre

Qu’importe l’idéal, il suffit d’une chose, souvenir incertain, remembrance d’après

pour que, dans ton hégire, tu trébuches sur ton ombre ou son absence

Claude Évrard
dscn6623 (2023)

Grand Cahier.127.Révolvie.004.D'après.07

Il n'y aura pas d'arrêt


La tempête d'hier s'est calmée. Il a plu. Le ciel est gris, l'eau glacée. Le froid, l'humidité

Traversent la maison. Sur les murs, on a collé de longues laisses de papier couleur de soleil mais rien n'y fait. Les meubles sont trop vieux et tristes, usés. Depuis mon enfance, je les vois et les vois s'écrouler

« Précipité lent » dit le chimiste, c'est le temps

Issues de la cage d'escalier, quelques notes pointues persistent ; la radio joue un air de piano qui s'ajoute

Aux battements métalliques du réveil. Le grand verre à musique but d'un trait : plus de coups de marteau, plus de clous dans ma tête

Je m'assois sur le parquet. Ma veste posée sur le dossier de la chaise est mouillée. J'ai marché tout à l'heure dans la rue sans le moindre but. Je me tasse dans un coin, je voudrais oublier

Fernand Léger
Les hélices (1918)

Grand Cahier.126.Révolvie.002.Maisons de verre.03

Domaine


L'automne, ses jardins mourants sous les lourds édre-dons de cendre et plumes d'eau, l'automne a ses pensées de neige

Après la traversée des bois, du pré qui dégringole et débouche inexplicablement
sur une route envahie de verdure, on est arrêté pour un instant par une grille aux épis de rouille, dont l’usage est perdu depuis longtemps

Une maison surplombe la colline, on arrive devant un nombre incommensurable de fenêtres., la façade est cassée de blanc, il n'y a plus rien qui veille, pas la moin- dre lumière.

(Pour un peu on entendrait les airs d’un bal au salon. La toupie du temps s’affole)

Des nuages gris là-haut, parcourent le ciel entier. Entre eux, un vide à vous donner le vertige, le vide là-haut du grand résonateur

On pousse des portes – à chaque fois sur une absence – un battement se répercute de chambre en chambre. Essaims de mouches, plafond qui bourdonnent

Egon Schiele
Maison avec des bardeaux
(1915)

Grand Cahier.125.Dispersions.006.Bifurcations.09

Plus rien ne viendra


Déserte la cour la nuit
la neige tassée – des pas
dans la neige et les rires enfuis.

Seul un silence,
une lanterne qui veille,
qui déblaie un coin de nuit.

Les murs sont

gelés, la barrière est démise.
Il n'y a pas de vent dans la haie
mais les feuilles frémissent.

Le chat,

le poil hérissé par le froid,
d'un bond franchit la cour

et du rebord,

regarde à travers la vitre
la maison noire et vide

Gino Severini
Le chat noir
(1911)

Grand Cahier.124.Refonds.002.Hortense.08

Articles les plus consultés


à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte