Il se mit à chanter


À chaque fois que je m'approche, à chaque fois que je m'accoude
C’est le même plaisir immédiat, c’est la même douleur qui s’éveille
Accroché à l'écho d'une voix entendue dès l'enfance, une voix que je rêve, que j'entends, jeune et qui chante légère, ressentie le long du corps ensommeillé
À chaque fois, à chaque phrase déchiffrée, à chaque feuille agrafée de grand format sur le mur de crépi d'une chambre

C'était l'été, je ne me souviens plus des mots, j'en ai même oublié l'émotion. Elle est pourtant vivace, habillée de jachère, incompréhensible, elle venait de
L'oiseau le feurre
L'arme

Et depuis ce jour j'ai tâché de reproduire, dans les temps qui m'étaient impartis, les conditions de sa venue

Jean Fautrier
Trois têtes
(1954)

Grand Cahier.406.Refonds.008.Syllabes.02

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte