Pauvreté


à Conceição Evaristo

Dans ce terrier d’une pauvreté étroite
régnait le sucre soluble d’une fiction innocente adoucis-
sant la tisane imposée à nos désirs
et la jeunesse animale en nous contrite savait que la vie ne pouvait pas
être rien que ce croûton qu’elle laissait

Dahlias, marguerites, maigres fleurs / fruits sur tige pour tuer la faim / farine en boule étouffant les bouches

innombrables, infimes joies de notre enfance

Sorcières de tissus, poupées d’herbes / marionnettes en bois qui naissaient chacune avec leur nom, leurs histoires, animées par nos mains, notre esprit

Le ciel, les nuages, les étoiles / le soleil dessiné sur le sol – appel de la pluie sur la favelle, étaient de ces signes in-finis,

que nos mères nous apprenaient à reconnaître

Et cette question de la profondeur des choses,
elle est restée dans notre âme :

Recueillir les restes les morceaux toutes les traces écrites ; récupérer ce qui a vécu, ces déchets
et par l’écriture éterniser l’éphémère
Tarsila do Amaral
Morro da favela
(1924)

Grand Cahier.716.Intérieurs, Extérieur Voix.004.D. aurait dit.07

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte