Chaussée
C’est un froissement continuel
sur la chaussée le soir
Dards, dardelles,
garrot des phares, dansez, tournez,
envolez-vous rondes javelles
Allez-vous-en courir en ville
Illuminées les rues sont effrayantes
– étroites bouillonnant
d’orages de flammes de tungstène
Plus rien ne vit
plus rien ne meurt, ici tout brûle
On ne respire
Un chapelet de vitres éclate
sous l'affaissement de la nuit
sur la chaussée le soir
Dards, dardelles,
garrot des phares, dansez, tournez,
envolez-vous rondes javelles
Allez-vous-en courir en ville
Illuminées les rues sont effrayantes
– étroites bouillonnant
d’orages de flammes de tungstène
Plus rien ne vit
plus rien ne meurt, ici tout brûle
On ne respire
Un chapelet de vitres éclate
sous l'affaissement de la nuit
André Masson Orage dans la nuit (1963) |
Grand Cahier.014.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.01
« ... »
Tête d'os
L'aube instille un doigt de curaçao entre le rideau plastique et la fenêtre.
L'arbre pépie d'hystéries.
Un motocycliste rhinocergique perfore une immen-sité de banlieue
La journée commence, j'ai bien envie d'aller voir la boule sidérale glorifier les labours mécanisés
Ça le matin vous hérisse et vous remet, froid, là où vous êtes
Anselm Kiefer Für Paul Celan : Aschenblume (2006) |
Grand Cahier.314.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.02
« ... »
Aujourd'hui
Aujourd’hui que se répand l’inéluctable, que la plastique imputrescible des anges explose et que gire au cœur des océans toute une boue de désirs, qui donc
regarde encore ?
Il suffirait pourtant d’ouvrir les yeux, ne serait-ce qu’une fois, mais qui le veut ? Tout ce gâchis...
Beauté ne se voit si ne connaît regard qui la regarde
Ces vieilles choses
entreposées contre un dernier talus, comme un amas de feuilles desséchées, oubliées dans un coin, les soleils dispersés, si l’on en prend soin marchent encore – à coup sûr
Nous vous fuyons à tire d’aile. Ô, techno-manies, vous qui régnez, lâchez la manivelle
Louis Boulanger La ronde du Sabbat (1828) d'après la ballade de V.Hugo |
Grand Cahier.316.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.03
« ... »
Là où je vis
Sèche et neuve la ville et sans amours, filante coloriée comme au laser ;
souvent, souvent je marche dans la rue, j’avance d’un pied, je m'avance un peu plus chaque jour
et les bruits dans la foulée eux aussi s'avancent, et rebondissent d'un bout à l'autre de l'axe,
les vitres s'effacent, les chromes réfléchissent ;
souvent, souvent, je vois des hommes tous en boule, yeux gris, têtes grises certifiées, serrées en masse, étroitement laurées
Je pense pour ma part vivre un âge d'or d’un généreux factice, dans le loisir et le souci d'hygiène. L'hôpital
est une citadelle imprenable qui domine la ville.
Les canaux sont remblayés depuis longtemps, depuis le grand dessèchement
– c'était après la guerre –
depuis plus d'eau, plus un mort. Il faudra bien s'en accommoder mon frère
Gustave Moreau Étude préparatoire pour Le triomphe d'Alexandre le Grand (1886-1890) |
Grand Cahier.309.Révolvie.001.Les effets de l'aube.12
« ... »
En ce temps-là...
En ce temps-là le matin
Je venais près des machines
Douces dentées roues câlines
Travaillant fer ou sapin
Tôt levé à mon labeur
Étourdi par tant d'ardeurs
De bielles de bruits de graisse
Mais aujourd'hui c'est le chiffre
Si je vais dans l'atelier
D'un bonjour à l'ouvrier
Qui pour l'oubli de ses affres
Sifflote mon cœur à moi
Peut souffrir aussi du poids
Ce temps-là des amours mortes
Je venais près des machines
Douces dentées roues câlines
Travaillant fer ou sapin
Tôt levé à mon labeur
Étourdi par tant d'ardeurs
De bielles de bruits de graisse
Mais aujourd'hui c'est le chiffre
Si je vais dans l'atelier
D'un bonjour à l'ouvrier
Qui pour l'oubli de ses affres
Sifflote mon cœur à moi
Peut souffrir aussi du poids
Ce temps-là des amours mortes
Fernand Léger Les quatre cyclistes (1943-948) |
Grand Cahier.298.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.05
« ... »
Athanor
La montagne s'identifie au four
Avec ses bains-marie
Ses charbons et ses cendres
La maison en est la partie supérieure
La chambre et le couvercle de verre
Le vaisseau de l’alambic forme un nid
Où dragon et sa femme vivent
Le feu se résout dans l'humide
Mais la lune s'imprègne du soleil
Leur fils tourne au blanc et au rouge
Le serpent aussi devient rouge. A l'origine
Feu, faible ou fort selon la volonté
Il habite une caverne
Les Indes Orientales se colorent vif-argent
Athanor - Laboratoire alchimique du XVIIème siècle |
Grand Cahier.120.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.06
« ... »
À notre époque
Quel risque y a-t-il pour l'ouvrier à marcher sur une poutre ? L'œil clos, le front couvert de cendre, ne voyant rien des fumées rousses qui lentement s'échappent au-dessous de lui, ignorant tout du danger des cuves d'huile, des bains irisés d'acides verts. Il avance loin du sol jonché de pailles. On lui crie après d'en bas, on l’invective à coup d’ordres impératifs, de prétendus conseils de prudence. Qu'importe ! Il avance, il s'obstine, il veut atteindre le toit chauffé de tôle que perce une triste lucarne de poussière et de feu
Fernand Léger Les Constructeurs (1950) |
Grand Cahier.075.Révolvie.L'univers de la chauffe.07
« ... »
Dans l'univers de la chauffe
Dans l'univers de la chauffe, l'homme en bleu connaît bien l'odeur du fioul. Ces traces brunes lui font penser aux longues lanières de varech qui recouvrent la plage. Pour entrer dans le local, on doit appuyer fortement sur la barre d'une porte métallique. La peinture est usée. Les murs de parpaings sont nus, on respire un air sec. Aucun meuble aucun outil rien ne doit être abandonné dans le voisinage du feu. Une force commande ici tout l'immeuble. Chaque jour, l'homme revient et s'inquiète du niveau de l'aiguille. L'hiver est refoulé, la neige a fondu. Il surveille
Fernand Léger Le remorqueur (1920) |
Grand Cahier.076.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.08
« ... »
La ville aujourd'hui...
La ville aujourd'hui c'est un calcul incessant aux regis-tres du bordier, tous les actes à pointer, le chiffre, c'est un mat écrasement sous des pattes pelotées
Et surtout le souci d'une montre
J'avance donc, comme toi comme lui, passe le pont
Sur la rive, toutes les administrations du bien-être surchargent l'ancienne coque, et le poids cintre et rompt les portées à l'endroit précis d'enchâssement des nou-veaux métaux et verres précieux
Salvador Dalí La persistance de la mémoire (1931) |
Grand Cahier.225.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.16
« ... »
Architecte
C'était mardi dimanche il y a longtemps, par jour d'hiver. Protégé de certains froids par le col relevé de ma veste, gélifié, l'écharde au cœur, j'allais de rue en rue, la ville un peu brouillée, la tête ailleurs
D'épais blocs de bétons bouchent un ciel de pluies, de vents, se dressent droits. Quel décor !
Je marchais sur une place immense, il n'y avait rien à rencontrer, le temps ici n'existe plus. Je demandais :
« De quelle étoffe est-il fait,
l'architecte qui conçut cela ? Où est la peau ? Dans quel placard est-elle ?
Oubliée desséchée
Tête à poussière, corps saigné ! »
On peut marcher sur une place immense…
mais battre le ban, porter son nom, se vêtir proprement, faire en sorte que l’être soit visible aux yeux de tous, mettre une chose en évidence
Décide-t-on une ville ? Le ciel nécessaire ressem-ble-t-il à celui-ci ? Vous savez, lourd, bas, minéral
Je ne vis rien, que des choses banales, répétitives sur cette place indécente, ou presque
Je voulus établir le décompte de ces grains minuscules. Je battis des ailes tant que je pus,
rien n'y fit, pauvre volaille !
Lyonel Feininger Das hobe Haus (1908) |
Grand Cahier.194.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.15
« ... »
Forge
Tu rentres saoul plus grand qu'un soir de banlieue. La bouteille du ciel crache sa lie sur la ville.
Quel mauvais foie !
Au dégoût des lèvres on voit que se prépare un orage.
Tête bouillie dans soupe d'usines.
Au dégoût des lèvres on voit que se prépare un orage.
Tête bouillie dans soupe d'usines.
Ton squelette se souvient du fracas des presses, le cambouis sous le pied, la cadence dans les bras.
Les carreaux du travail tombent. Tu pousses le verrou. Le soleil se coince dans l'étau.
Des vitres fulgurent du béron de la nuit.
C'est une jaunisse de chambres à l'odeur de chaud où d'horribles ménages s'égorgent
Gilles Cueille L'art et l'usine (2013) |
Grand Cahier.228.Refonds.009.Contre-feux.07
« ... »
Les approches
Il y a beaucoup trop de blanc
De cris d’ivoire en haut des toits
Comment pourrais-je regarder ?
Je ferme l’œil au blanc qui hurle.
Que puis-je espérer des fumées
Des suies du foyer qui s’élèvent
L’air est une étoffe d’eau grise
Le dernier coin de bleu s’efface
Un froid intense s’est blotti
Au carré neutre du clocher –
Roux de gueule
Les aboiements furieux d’un chien
De mur en mur se répercutent
Chassant les passants
De cris d’ivoire en haut des toits
Comment pourrais-je regarder ?
Je ferme l’œil au blanc qui hurle.
Que puis-je espérer des fumées
Des suies du foyer qui s’élèvent
L’air est une étoffe d’eau grise
Le dernier coin de bleu s’efface
Un froid intense s’est blotti
Au carré neutre du clocher –
Roux de gueule
Les aboiements furieux d’un chien
De mur en mur se répercutent
Chassant les passants
Paul Klee L'homme approximatif de Tristan tzara (1931) |
Grand Cahier.112.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.12
« ... »
Sur l'écaille des rives...
Sur l'écaille des rives, toutes les administrations du bien-être surchargent l'ancienne coque et le poids cintre et romps les portées à l'endroit précis d'enchâssement des nouveaux métaux et verres précieux
On peut découvrir sur le dos des tortues des coraux de vieux roses blanchissant leur squelette
On peut voir aussi parfois une orque franchir la passe d’un bond à l’endroit précis où se dorent au soleil veaux de mer et ballons-sirène
Au-dessus des toits briquetés de rouge à l’endroit précis où sont logées les statues de plâtre, déchets des rebords des fenêtres, copeaux charbonneux stridulant de chaleur, la ronde effarante des martinets raye l’acier des cieux
Grande barrière de corail |
Grand Cahier.008.Cahier bleu-vert.001.Ébauches.08
« ... »
Bir Hakeim
La digue pour que rien ne tourne ni ne croule
Dans l’axe une colonie de fleurs sans parfum
Corolles alanguies pailletées d’un or vert
Le gouffre des eaux noircies hurle sous le pont
Crépite l’écume jetée des bouches d’ombre
Des ciels volent en éclats s’en vont percuter
Du bout des doigts le reflet changeant des verrières
Filet d’eau pleurant doucement près de la rampe
Corps épuisés ciguës blanches Minerais en
Fusion – toxines pour le ventre des poissons
Dans l’axe une colonie de fleurs sans parfum
Corolles alanguies pailletées d’un or vert
Le gouffre des eaux noircies hurle sous le pont
Crépite l’écume jetée des bouches d’ombre
Des ciels volent en éclats s’en vont percuter
Du bout des doigts le reflet changeant des verrières
Filet d’eau pleurant doucement près de la rampe
Corps épuisés ciguës blanches Minerais en
Fusion – toxines pour le ventre des poissons
Christophe Botton (1966 -) Le passage |
Grand Cahier.011.Cahier bleu-vert.001.Ébauches.09
« ... »
Une aile se recolore
Son charme un peu vert, les dix-sept ans d'une Backfishe, Berlin – ses façades blanches, ses balcons dorés, si jolie si claire si pimpante, la frivolité et ses promesses : dixit Jules Huret
C'était…
Aujourd'hui la ville en deux le mur de graffitis après ravage et repoussée tête folle ; une ruine commémore. Anarchiques, de nouveaux buildings prolifèrent comme surgeons. Le grand cercle d'une passerelle métallique tourne jusqu'au délire. Pilotis sur jachère. La neige fondue, boueuse
Demain,
Ce que sera Potsdamer Platz, taillée au couteau brun de la finance et du divertissement, jeux laser et néons clinquants sur grillage aluminium. L'ordre au carré d'un empilement de fenêtres büros
Après déménagement, on ira voir (l'éclairage nocturne y sera féerique) une rétrospective Fritz Lang avec projection des fers et des ruines Metropolis au Stella-Musical-Theater
Berlin Potsdamer platz |
Grand Cahier.315.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.09
« ... »
Abandon
Je me souviens d’une pluie fine interminable un jour, le ciel était dans les tons gris, c'était un jour d'éclipse, le ciel transparaissait rendant le fond plus triste encore, une idée me vint que peut-être…
Une autre fois, le cœur me manque pour le dire
J'ai descendu la rue. De moi-même, j'ai suivi le cours du rail. J'ai bousculé le monde et pourtant rien ne m'en reste.
Le soleil ne brille qu'à sa moitié. Il est 16 heures 30 exactement. Une femme, le corps que l'âge a déformé, traverse le pont. Auprès de l'écluse, un pêcheur accoudé à la rambarde pêche avec indifférence. L'écume hurle par‑ dessous
Je porte mon effort. Arriverais-je comme il le faut, juste à temps, au point de conjonction, qu'y a-t-il donc à voir ? Je m’en inquiète. L'œil me fera mal ces quelques jours. Un brin d'herbe, un excès de vent suffisent
Victor Hugo Paysage (1860-1870) |
Grand Cahier.332
« ... »
La nuit approche
Sur la base du rapport de police, on peut dire
Qu’il roulait trop vite. À tombeau ouvert ! Un camion perdu dans les lacets… des virages trop serrés, des routes de montagne… Il s’est laissé emporter, la citerne aura versé dans l'ornière. L'eau est noire et se mêle à la boue
Il aura suffi que les crêtes d'Orcières se mettent à rougir pour que surgisse d'en bas, du creux du val – fuyant une douleur, le triste oiseau du soir
Le village est désert, décimé par les suies, façonné par l'azote. Les ombres se dispersent. Elles courent, traversent les ruelles. Fantomatiques, elles s'effilochent et s'évaporent
C'est à cette heure un millier d'aîtres qui s'éteint, et fait silence
Dès lors il faudra se hâter. Donner son congé. Suivre la sente verte
Chaïm Soutine Vue de Cagnes (1924-1925) |
Grand Cahier.130.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.13
« ... »
Terres gastes
Fument les cheminées d’une raffinerie, lointaine dans les flammes, les brûlots naphténiques rendent la nuit partout quadrillée d’aromates
Un vent froid venu des plaines du nord tombe sur le camp. Une femme est sortie de sa roulotte, et réclame obséquieusement ses gages
D’un même mouvement, les deux ouvriers qui travaillaient tout-à-l’heure aux fours de reformage vont se garer de chaque côté de la voie.
Ils se mettent alors à chorégraphier un ballet de gestes identiques avant de s’enfermer sans mot dire
dans leur case. Chacun prend ses quartiers,
y pose sa lanterne. Lentement, les feux de l’usine s’amenuisent...
Au-delà du grillage, au devant de leur maître, on entend les aboiements des chiens, vagabonds dans les crosses de terre.
Gustave Buchet La raffinerie (1961) |
Grand Cahier.557.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.22
« ... »
Extinction du monde
La nuit débouche du plus bas, du fond du pré, la nuit monte comme une eau, envahit l’espace
Le soleil glisse au bois quelques derniers ciseaux, court en biais dans les rues, s’égare
dans les étages, puis s’échappe d’un coup par les toits. Le soleil
ne brille plus que sur un coq
disparait dans l’indis-
tinc
t
Max Ernst dunkel wald sowohl vogel - Forêt sombre autant qu'oiseau (1923) |
Grand Cahier.221.Révolvie.002.L'univers de la chauffe.15
« ... »
Certains disent...
Certains disent mais qu’importe, en résumé…
Jésus est mort, clouté, pendu ou non au bois patibulaire
Le Christ en croix, une invention tardive, une incompréhension latine née des traductions du grec
Hélène en son palais Sessorien ne fit que disperser les quelques fragments du vrai corps aux quatre points cardinaux
Jésus est mort trahi vendu
– soufflé à tous les vents –
Fol-en-Christ, un fait divers parmi tant d’autres. Enseigné, trop vite oublié
Le pape « et super hanc petram » a pris la place. Empereur des barbares instituant les supplices, sanctifiant les reliques
Qu’il ait été pendu à la traverse ou bien « affigere » à une croix, les principes de l’empire aussitôt épuisés, le Christ envahit Rome
Albert Gleizes Crucifixion (étude) 1927-1929 |
Grand Cahier.489.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.10
« ... »
Affins
L'été a chuté par la fenêtre
a décliné de désespoir
la fenêtre grande ouverte
on a tout épuisé
tout est consommé
au fond du puits
rien ne reste
plus une
eau
Plus rien à pardonner
plus rien à oublier
que reste-t-il à partager ?
Ne veux-tu pas pleurer
ne veux-tu pas chanter
le soir rougit par la fenêtre
Quelque chose pourrait-il
s’annoncer ici encore
un ailleurs existe-t-il ?
Ma sœur, retrouvons la liberté
que chacun s’accorde à sa mesure
a décliné de désespoir
la fenêtre grande ouverte
on a tout épuisé
tout est consommé
au fond du puits
rien ne reste
plus une
eau
Plus rien à pardonner
plus rien à oublier
que reste-t-il à partager ?
Ne veux-tu pas pleurer
ne veux-tu pas chanter
le soir rougit par la fenêtre
Quelque chose pourrait-il
s’annoncer ici encore
un ailleurs existe-t-il ?
Ma sœur, retrouvons la liberté
que chacun s’accorde à sa mesure
Loïc Le Groumellec Mégalithes (2004) |
Grand Cahier.056.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.11
« ... »
Tableau noir
Pars, n’hésite pas, va, prends !
tu sais depuis longtemps, la part qui te revient
Ne crains pas que du sang coule, c'est vivier d'avenirs, verse ton sang – qu’il se mêle au pollen des routes
Égrène les cailloux comme un chapelet de prières adressées à chacun des lieux que tu cherches
Abîme tes couleurs
sur le fond du tableau noir, traverse les eaux troubles, dénombre les atomes, accorde-les aux rythmes de ta phrase
regarde, comme ils composent – et s’éclaircissent, ou se rassemblent – et s’agglutinent, dans le phosphore de ta mémoire
Ne t’inquiète pas si tu ignores où cela mène, où com-
mence le jeu
Ample est la nuit qui s’équilibre au jour
Yves Tanguy La couche sensible (1933) |
Grand Cahier.080.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.12
« ... »
Rappel d'enfer
À quoi avait-il bien pu servir
ces piliers jetés,
d’un jour à l’autre sur le sol,
ce mur noirci
restes d’une voracité
d’un égarement des hommes,
ces piliers jetés,
d’un jour à l’autre sur le sol,
ce mur noirci
restes d’une voracité
d’un égarement des hommes,
Infimes mouvements cycliques, particules – du vide, relâ- chant leurs virions dans la graisse des jours
« Mais quand donc finiront-elles ces guerres : inutiles, gagnées ou perdues ? »
Interroge un passant fatigué aux cheveux blancs
On y meurt encore aujourd’hui
dans le râle des gorges
dans l’étreinte des ronces
dans le râle des gorges
dans l’étreinte des ronces
Des orages insensés grondent sous le ciel immonde. Le pré est piqueté de fer et de gravats S’ouvre silencieux vers une nuit sans étoiles
Nul ne propose
le vent donne ses ordres – l’herbe est légion
le vent donne ses ordres – l’herbe est légion
École Roger Gavage de Fontaines-Saint-Martin Petits paysages de papier texturés à la mine de graphite et collés (2017) |
Grand Cahier.138.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.14
« ... »
Vue de Loire
Loin du trouble des eaux, la rabouilleuse à contrecœur, allait en plein soleil – j’essayais de raccommoder Orphée et Eurydice,
Passez gabares. Passez – piétons piétonnes – il y aura toujours au fil du rail, un flot plus fort sous le pont Wilson
As-tu jamais chanté, héron craintif, au pied des bancs de sable. Pour toi l’époque est trop bruyante, et les heures
en vain s’égrènent.
Sous les coups de tonnerre, entre les becs, il se déboîte où la ronde s’engouffre
Mosaique d'une maison gallo-romaine Saint-Romain-en-Gal (Vienne, an 0) |
Grand Cahier.622.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.23
« ... »