Au narrataire


Comment vous dirais-je ? Dom Casmurro sans person- ne, ma seule propriété est ma maison
Elle est construite d’à-peu-près, et pleine d’hésitations dans chacun de ses détails. Son idée, le modèle sur lequel elle s’appuie, vient sans conteste d’un à-côté du réel où j’ai vécu sans vivres ni savoirs

J’ai puisé là pour longtemps une substance lumineuse. Tout est fabriqué sans aucun architecte ni décorateur avec des restes d'histoires minuscules, des souvenirs de papier, des guirlandes : « oiseaux et flaveurs ». J’ai fixé des saisons et sur les murs, aux quatre coins, des médaillons d’êtres inconnus qui remontent à des âges, et redonnent du goût à l'antique

J’ai ravaudé de vieilles vaisselles, restauré de vieux meubles trouvés dans les brocantes. Alentour annexé le puits et le lavoir

En barque remontant la rivière, j'ai dû arpenter len- tement le pays jusqu'à des havres de toiles tendues sur les berges. Et dans les bons moments, boire sous la bruine, près d’un feu de camp, des crèmes de whisky pour nous réchauffer
(Avec Cia auprès de moi, oublieuse et absente)

Je ne cherche pas à relier les deux extrémités inconciliables de ma vie. Elles ont des noms étranges, et l'incompréhensible émotion qui s'y rattache, m'ont poussé à ces actes. Maintenant comme autrefois, ce que j'aime je le retrouve entre l'intérieur et l'extérieur, sous le même contraste de quiétude et de tumulte

Machado de Assis
Dom Casmurro
(1899)

Grand Cahier.407.Cahier bleu-vert.007.Parages.01

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte