Chasseur en ce temps-là


Chaque matin, j'allais poser de frais délié, attentif à ce qui viendrait s'inscrire, blanches sur les pages de l'aube (grive jocasse ou merle noir parmi les vignes) appâtés par jeux de conséquences et miroirs, mes pièges, mes lacs garnis de gluau, mes rets ; j'allais mais, sans la ruse ça n’allait pas suffire, sans le brisement du silence, car j'imite et fascine d'un souffle au travers du corps, les tromperies d'un appeau ; la besace pleine, j’aurais voulu contenir le chant ! ce mot très haut perché, difficile à surprendre, j’aurais, mais ça n'était jamais ça – ça n'était que duvets dépenaillés, plumes cassées, chair sanglante, chairs tremblantes et chaudes, et à jamais la source ne pourrait l’épuiser. Irrassasié, déçu, le cœur insatisfait, j'allais, c'est sûr, de nouveau me lever tôt, à recommencer la chimère

Jean Fautrier
Étude pour le grand nu noir
(1926)

Grand Cahier.398.Refonds.008.Syllabes.06

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte