Chaque matin, j'allais poser de frais délié, attentif à ce qui viendrait s'inscrire, blanches sur les pages de l'aube (grive jocasse ou merle noir parmi les vignes) appâtés par jeux de conséquences et miroirs, mes pièges, mes lacs garnis de gluau, mes rets ; j'allais mais, sans la ruse ça n’allait pas suffire, sans le brisement du silence, car j'imite et fascine d'un souffle au travers du corps, les tromperies d'un appeau ; la besace pleine, j’aurais voulu contenir le chant ! ce mot très haut perché, difficile à surprendre, j’aurais, mais ça n'était jamais ça – ça n'était que duvets dépenaillés, plumes cassées, chair sanglante, chairs tremblantes et chaudes, et à jamais la source ne pourrait l’épuiser. Irrassasié, déçu, le cœur insatisfait, j'allais, c'est sûr, de nouveau me lever tôt, à recommencer la chimère
Jean Fautrier Étude pour le grand nu noir (1926) |
Grand Cahier.398.Refonds.010.Syllabes.07