Inventons tout d'abord...


Inventons tout d'abord
une chambre d'amour,
petite, parfumée
de menthe et de mélisse

, et

Brillante dans l'été
comme un long cristal de chaleur
Blottissons-nous

et fermons les volets,
les volets verts fraîchement peints
d'une vieille cité

J'y réserverai, dis,
comme un coin de soupente,
un simple lit dans l'ombre
et bordé de draps blancs

Ma dévêtue,
de ces doux linges palpables qui tombent, qui t'entourent
de leur poids inutile,

tu t'échappes avec de beaux gestes de baigneuse

Réelle abeille ma farouche,
le miel blond de mes nuits,
mon rucher de désirs

Pierre Bonnard
Nu de dos à la toilette
(nu jaune - 1934)

Grand Cahier.290.Révolvie.030.Les effets de l'aube.06

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte