à Conceição Evaristo
toute mémoire est l'esquisse d'une écriture / qui veut parler, qui veut rester en moi : la terre
terre
qui peut bien se transformer disparaître devenir alentour méconnaissable / en moi, de moi survivent des traces, un tissu effiloché qui m’habille encore, mais de lambeaux
et si l’envie me prend de les recomposer, alors j’écris...
j’invente je creuse, ô mes amis, jusqu’à dessous-la-terre-demeurée-friche jusqu’à vous retrouver, peut-être
vous moi car s’il m’arrive de confondre voici l'arme
réversiblement, un matin j’ai rencontré cette dépouille traînant par des sentiers connus il y a longtemps, là où s’ouvre l’esplanade aux abords de la ravine – près d’un nouveau bâti, le Marché de la Croisière
ils ont tout cimenté le temps du terreau jusqu’à la base, ou presque
ne reste qu'un espace à peine, un interstice et j’ai pu recueillir entre mes mains quelques fragments
de cette poussière
qui fut l’ombilic, le cordon chargé de vie qui me liait au soleil, le doigt qui désignait le futur de mes jours
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| Pablo Picasso Dépouille. Minotaure. Arlequin pour le rideau du Théâtre de l'Alhambra (1936) |
Grand Cahier.717.Intérieurs, Extérieur Voix.046.D. aurait dit.08
