Passage de la frontière


Il est temps que je dise. Je veux dire
l'animal

j’en ai rencontré quelques-uns restaient nature
restaient natifs, et de tout temps, restaient issus, tou- jours déjà naissant

quelques-uns mais de ceux qui ont appris de notre voi- sinage

Corneille à l’œil méfiant, à la colère rentrée, interro-gatrice et soupçonneuse, s’enfuyant d’un coup d’aile à notre approche

Énorme pigeon-tueur, guettant là-haut, sur l’antenne qui relie les mondes, passants et passantes ordinaires

Ou ce lièvre à l’écoute, noires oreilles à peine aperçues, parti se cacher entre les 4 chambranles

du blockhaus abandonné près des jardins ouvriers sous les piles de béton de l’autoroute qui rugit

mais l’homme, s’il se différencie, s’il a des suppléments notoires,

que devient-il (s’il en abuse) entourant sa nudité d’arti- fices, oiseau de mauvaise augure, saignant de toutes parts, s’il use

de sa bêtise – s’il fait semblant de faire semblant d’être, dans son corset de poignards, ne sachant qui il est

que devient-il, que va-t-il devenir, s’étant brûlé et ra- baissé – quelle réponse ?

Faudra-t-il dans ses pouilles qu’il se nomme
vraiment – et se sacrifie
Francisco Toledo
Juego de Conejos
(1991)

Grand Cahier.712.Intérieurs, Extérieur Voix.004.D. aurait dit.03

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte