Près des bords ombragés du lac, Ophélie depuis toujours, flotte parmi les joncs. Ses lèvres depuis toujours se sont fermées, blanches folies ; elles ne chanteront plus ni ballades, ni chansons.
L'eau est glaciale où sa robe s'évase. Elle a rejeté son front vers l'arrière ; son regard s’est porté quelque part entre les herbes. Le monde est incertain comme un ciel défait de grisaille et de vents.
Les fleurs d'orties – ou pâquerettes, ou boutons d'or – sur son corsage les fleurs sont des vœux qu'en toute inno- cence elle fit.
(Ce serpent de rêves, à quoi bon…) les pâles iris et pervenches dans l'onde, ces fleurs qui se dispersent, le doigt de cire et le moine des morts.
Elle avance lentement vers des rivages inconnus. Quel secret dialogue poursuit-elle ? Que balbutient ses lèvres ?
Odilon Redon Ophélie (1900-1905) |
Grand Cahier.224.Refonds.008.Verger des eaux.11