Celui qui s'en va, celui qui reste


De celui qui s'en va que dirai-je ?
S'il est parti, c'est pour trouver,
une chose ou l'autre, légère et dorée
à la manière d'un insecte,
une pince au cœur qui l'aura bousculé

C'est pour prendre le chemin roulant
de ses rêves. Il ira jusqu’au bout
malgré la douleur qui le taraude, il s’y rendra
quand bien même il boiterait.
Longue, incertaine est la route sous les talons

Mais pour celui qui reste s'impose,
la lutte et le maintien
avec l'arrière-plan des souvenirs assumés.
Le rabat du dedans,
le labeur qui macère

Et cet homme penché, attentionné
au rythme de la phrase,
de sa fenêtre où scintillent des lampes, aura toujours
entre des murs chargés de bleus, signes du soir
comme un goût de miel sur la langue

Jean Fautrier
Tête d'otage
(1944)

Grand Cahier.034.Refonds.008.Syllabes.04

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte