Levé tôt ce matin, il y avait le lent glissement des péniches qui sonnent de leur corne entre les deux rives ombragées du Neckar, serré de rails filant jusqu’au bas des forêts
Mes souliers mouillés à six heures dans l’herbe fraîche, les coups de marteaux des travailleurs de nuit des dimanches qui ferraillent sans trêve, en crevé de bruns leurs passerelles bétonnés
Le chemin qu’on n’avait pas fermé, au-delà de la barrière le chemin indécis, mes souliers, deux arbres, une brève montée
– Cette femme apparue en haut du champ avec l’escorte de ses chiens – une femme trop vieille, des cheveux de brume, un incendie liquide, un peigne d’eau – cette femme proféra, dans la clarté de l’aube quelques mots de haine à mon encontre, dans sa langue d’allemande
Il y avait, que je dessinerai plus tard, la silhouette de ces deux arbres sur la colline, un village lointain que je photographiai, des étages dans les gris-bleu, des lieux sauvages, les ronds de l’eau et le reflet des pierres sur les hauts-fonds, les ondes du sillage tracé par les péniches
Des ruines d’ocres aussi, les souvenirs d’un château que je ne connaîtrai point « Énorme fort, augure du destin, jusqu’en son fond déchiré » et les ruelles heureuses d’Heidelberg et les tourelles blanches, et sous les saules des rives la statue d’Athéna
Alter Brücke über den Neckar und auf das oberhalb der Altstadt gelegene Heidelberger Schloss |
Grand Cahier.560.Cahier bleu-vert.018.Parages.13