Dans les parages


Je vais vous dire à présent ce que j’ai tiré du fond de l'eau : quatre loups, deux daurades, un seul mulet, et com- me ils viennent, tout un lot de communs (dans les dizaines) issus de ma rissole qui feront, pour la mise en bouche, frais avec une bouteille de rosé, le simple bonheur d'une anchoïade

J’aurais dû pousser le jeu beaucoup plus loin, plonger mes filets dans des eaux plus profondes, sonder le sortilège des poissons, le froid bleu, intense et nacré

Et rameuter tout cela sur nos quais… Le soir tombant, confectionner une bouillabaisse de Marseille aux douze ou bien encore une bourride de Sète, blanche de chairs accom- pagnée d’un aïoli

Mais c’était trop d’efforts, trop de fatigues. A force d’habitudes, l'inconnu s'est retiré vers des limes inqua- lifiables. Je n'ai pas su malheureusement l’attraper, je n’ai plus d'espoir dorénavant, si loin qu'il est, si resserré que nous sommes, le contraire eût été bien étonnant

Eugène Baboulène
Bouillabaisse
(1964)

Grand Cahier.350.Cahier bleu-vert.018.Parages.14

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte