El Dorado


La légende de l’homme doré, El Dorado, est née des hauteurs chibchéennes, des eaux paisibles, des eaux rondes du lac Guatavità

Près de Santa Fe de Bogotà la ville, dans les monta- gnes d’améthyste et de turquoise, un météore en des temps reculés fora un cratère que les torrents de pluies ont comblé. Ses versants annulaires se couvrirent peu à peu des végétations les plus épaisses

– Guatavità est une châsse émeraude. Une image spéculaire au coin de l’œil. Sa surface intensément reflète le ciel composé d’azur, et sous les eaux, on dit que sommeille la poussière sidérale

Les Muisca (Guanes, Laches, Pijaos, Chitareros) racon- tent qu’ils menaient leur Zipa vêtus de plumes et de poudres éclatantes (Ô la cape rouge des regrets) sur l’offre d’un radeau jusqu’au milieu du lac
L’officiant se dressait tel un soleil flamboyant sur l’eau saphir, dédiant le minéral à la divinité endormie – gemmes précieuses issues de terre, et gouttes d’or pur

Nuit et jour, le lac s’irisait sous la lune
Nuit et jour il scintillait d’autant de feux que d’étoiles

Vint le Conquérant qui entendit ce que racontait l’indien. Il voulut l’or de l’homme doré, il voulut s’emparer de ce qui n’avait pas de prix, de l’offert, cœur animal des ténèbres sacrées. Il brisa le cercle parfait du cratère qui sertissait le lac. Il ouvrit une brèche, saigna l’indien, assécha la terre

Mais sa réclame insensée resta vaine et s’épuisa. Et la flamme d’El Dorado continua pour toujours de brûler au fond des eaux dormantes de Guatavità

(pour Édith)


Grand Cahier.579.Cahier bleu-vert.007.Parages.12

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte