Entre les parenthèses d'une seule année, j’ai vécu dans une chambre aux trois fenêtres immenses. On l’entendait chaque matin résonner comme un grand coffre désert, la lumière frappait par tous les bords
Avec un craquement sec, les lattes du parquet s'incur- vaient sous les pas, lignes vives du bois. Et l'ombre était en- core indécise
On avait remisé vers l’inutile les livres de la science, près d'une cheminée de marbre et de stuc
Des martinets tournoyaient sous les ciels blanchis de la ville. La cathédrale aux ergots de granit arc-boutée contre la colline carillonnait de désespoir
Je dus visiter à cette époque un château féroce rongé par le lierre. Ses lucarnes étaient remplies de sculptures, de semblants de têtes, de bustes de plâtre inachevés
Par des salles où j'errais seul, je rencontrai les manne- quins d'un autre siècle. Ils portaient de beaux costumes bleus défraîchis aux liserés de dentelles
On avait relégué dans un coin de poussière un faux Douanier Rousseau
J'ai suivi les mansions, j’ai dévalé la grand’ rue jusqu'au théâtre de l'eau, la rue qui penche. Le mur d'en face au froid d'un seul tenant oblitérait le jour
Vrai Douanier Rousseau Vue du pont de Grenelle (vers 1892) |
Grand Cahier.339.Cahier bleu-vert.007.Parages.02