Silhouette


Tu marchais depuis longtemps sous le feuillage, des boues fagnardes collées à tes souliers. Ighizan. Le sol gelé se délitait de tous côtés – sanglantes zébrures de glace, inventions de signes sans comprendre – ce n'était plus qu’un ciel de grisaille. Chaque rideau de branches, de ronces était une souffrance, raies de flammes dans ta chair

Mais tu marchais, peut-être hésitant revenant parfois sur tes pas mais tu marchais

Tes yeux peu à peu s'habituèrent à l'ombre ; ton corps se fit indifférent au froid moussu, à l'humidité qui imprégnait tes vêtements ; ton sang devint plus vif

Enfin arriva le jour où

Toi, bête sombre couverte de lichens, de larves et de toute cette moisissure, toi la bête pouilleuse, tu vis briller la harpe des hauts arbres

Le chant des oiseaux fut un autre chant, aux notes stridentes, aux gouttes de lumière

Tu entras dans la chaleur, dans cette blancheur qui mit un essaim d'abeilles dans ta tête

Ta tête sonnante du jour

Claude Monet
Peupliers sur les rives de l'Ept
(1891)

Grand Cahier.129.Refonds.003.Ighizan.06

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte