La nuit approche


Sur la base du rapport de police, on peut dire

Qu’il roulait trop vite. À tombeau ouvert ! Un camion perdu dans les lacets… des virages trop serrés, des routes de montagne… Il s’est laissé emporter, la citerne aura versé dans l'ornière. L'eau est noire et se mêle à la boue

Il aura suffi que les crêtes d'Orcières se mettent à rougir pour que surgisse d'en bas, du creux du val – fuyant une douleur, le triste oiseau du soir

Le village est désert, décimé par les suies, façonné par l'azote. Les ombres se dispersent, courent, traversent les ruelles. Fantomatiques, elles s'effilochent et s'évaporent

C'est à cette heure un millier d'aîtres qui s'éteint, et fait silence

Dès lors il faudra se hâter. Donner son congé. Suivre la sente verte

Chaïm Soutine
Vue de Cagnes (1924-1925)

Grand Cahier.130.Révolvie.003.L'univers de la chauffe.13

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte