Barque étoilée


Une rivière de fleurs secrètes coule dans sa main
Dans son cœur qui bat
Le monde se tait. Il traverse la ville
Ses yeux rougis ont vu le jour
Sonnant, contre le talus peuplé de visages morts
Ses deux sœurs, soleil et nuit, l'accompagnent
O douloureuse pierre !
Ce que l'une détruit, l'autre le sauve
Là-bas veille un tendre amour
Il s'arrête devant la porte, la maison de verre
S'inclinant
Il trace dans le chemin une ligne et le mot
Phénix
Comme il franchissait d'un pas
Lointaine, une chambre bleue fut prise de flammes

Odilon Redon
La barque rouge
(1905)

Grand Cahier.137.Refonds.003.Ighizan.11


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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte