Volver


Allais-je revenir j’étais si loin, retourner sur mes pas – vers ces lieux désertés (ces lieux détestés ? non) car la vie même
est opposée

toujours présente et s’avance cruelle et douce

La vie dévore / la vie pour vivre, étrange : c’est toi qui passe et elle / qui passe devant toi, dépité – sans te voir, et peu lui importe puisqu’elle / vivra toujours et toi, encombré de tristesse jusqu’au bout, épuisé tu t’éloignes

Ne reste plus que la surface
où tu arrives. J’étais là et m’attristais du peu de cas fait de par le monde à la paix de cet endroit, affairé qu’il est d’agrandir sans cesse l’espace

de son emprise insatiable

Arrivé sur cette lentille d’eau – en vain, je n’avais pu trouver les bons accords
(et tous les sons ouatés par les brumes du temps, m’empêchaient d’avancer,
d’apercevoir une issue)
réglant d’une voix de fausset, la syrinx
cet unique instrument qui te reste, et trouvé par hasard au creuset d’un discours, une histoire, service des objets perdus, méprisés – instrument parfait pourtant dont plus personne
ne reconnaît l’usage

Faudra-t-il pas bientôt de ces lieux déguerpir ?

Voguant dessus les eaux gris-rose quand tout se tait, quand aucun souffle n’existe plus poussant ma barque

Claude Monet
Le Bassin aux Nymphéas, reflets de nuages
- tryptique, panneau central
(1920-1926)

Grand Cahier.055.Cahier bleu-vert.003.Perditions.17

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte