Pourquoi regretter ce qui fut, les jours morts, le temps gâché ? L'ennui de ces journées n'avait-il pas sa force ?
Il est rare mais c'est le sort commun, il est inespéré d'être là au bon moment quand, fugitive, une ombre coupe la route, surgie des haies, traverse et pour un bref instant s'arrête et te regarde.
Tu rentres et tu n'as rien saisi, rien n'est resté entre tes mains. Nulle image qui te hante si ce n'est le lent décours
Mais pourquoi regretter ?
Cette fine pluie d'hiver sur le toit calme, le fauteuil où tu t'assieds, la lampe
(est-ce toi lisant ou bien elle qui veille ?) dans le silence et le frais, à peine ponctué, à peine crispant la nuque,
oui,
cette mi-clarté d'hiver qui ne pèse pas comme un nuage gris, ce simple janvier sans une neige, lui aussi avait une richesse
Markus Lüpertz Die Verabredung (große Laterne - 1978) |
Grand Cahier.180.Cahier bleu-vert.015.Carnet de tristesse.07