Vous et moi


Le dortoir est au réveil
un fouillis de sacs,
d'objets divers et personnels,
déballés dans la hâte.
Tu poses un pied nu sur le sol carrelé,
le jour s'est levé.
Tout dort

Comment suivre tes pas ?
(c'est une buée légère),
à peine ont-ils paru qu'ils disparaissent,
il reste tant d'incertitudes

Ébloui
par le grand morceau bleu de la vitre,
avance‑toi.
Tes habits sont des rêves,
voiles d'ombre pliées, si les yeux te font mal

Ce matin, un arpent du ciel
a mis la nappe sur la table.
O mon âme,
sois la première à dire avant qu'ils ne s'éveillent,
cette fraîcheur de l'aube

Fernand Léger
Le réveille-matin
(1914)

Grand Cahier.202.Cahier bleu-vert.006.Retrouvailles.03

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte