*
Tour cardinale
|
Tour cardinale !
Vertige et rêve d'abîme
Nombreuses les heures,
les croix d'attente
avant que ne chatoient
aux couleurs de glèbe
les prunelles
Douceur et dureté
de Son construire
Ô l'introuvable soutien !
De l'extrême flèche,
le jour inouï renverse l'éternité
La jeunesse de l'eau
casse les digues
Vertige et rêve d'abîme
Nombreuses les heures,
les croix d'attente
avant que ne chatoient
aux couleurs de glèbe
les prunelles
Douceur et dureté
de Son construire
Ô l'introuvable soutien !
De l'extrême flèche,
le jour inouï renverse l'éternité
La jeunesse de l'eau
casse les digues
Léonard de Vinci Homme de Vitruve (~1492) |
Grand Cahier.013.Cahier bleu-vert.013.Passages.01
{•••}
|
Endurance
|
Le talon d’une attaque ferme
Souple mais têtue la cheville
Heurtant la caillasse des routes
Un pas d’une calme cadence
Dans les yeux formes et reflets
Des saisons de vives couleurs
Ainsi libre joyau s’assemble
Là selon ta force et ton propre
Au lieu de ton attente un monde
Séjour cordial et jour nouveau
Souple mais têtue la cheville
Heurtant la caillasse des routes
Un pas d’une calme cadence
Dans les yeux formes et reflets
Des saisons de vives couleurs
Ainsi libre joyau s’assemble
Là selon ta force et ton propre
Au lieu de ton attente un monde
Séjour cordial et jour nouveau
Grand Cahier.099.Cahier bleu-vert.013.Passages.02
{•••}
|
Travaux en cours
|
Il y aurait d'un côté la pierre, le bloc de marbre extrait de la montagne, et de l'autre le feu de l'homme, soit la braise
Qu'il transporte dans un sac !
Je joindrai les deux et ce métier de mots affinera le corps par le jeu successif à coups de masse des pointes, gradines, ciseaux puis râpes
Existe-t-il plus belle présentation
que la nudité d'un corps ?
que la nudité d'un corps ?
Un homme se fait, se dresse dans la pierre. Ah ! rendre visible la forme d'une épaule, un torse et le reste pressenti au brut ! On devrait parler de gloire
Grand Cahier.205.Cahier bleu-vert.013.Passages.03
{•••}
|
Zénith
|
L'incendie, les hauts arbres que le ciel fend
Le soleil tire ses salves
l'œil cligne
On a déroulé le tapis, versé l'or à pleine cargaison
Nos pas saccagent des richesses
Une caille quittant par frayeur les blés
ébruite la nouvelle
sur des pages de lumière
Têtes africaines
quand les fleurs du désert calcinent leur bleu
quand les faunes déchirent
le silence. Ivres, les têtes sonnent.
Midi écourte les chemins !
Le soleil tire ses salves
l'œil cligne
On a déroulé le tapis, versé l'or à pleine cargaison
Nos pas saccagent des richesses
Une caille quittant par frayeur les blés
ébruite la nouvelle
sur des pages de lumière
Têtes africaines
quand les fleurs du désert calcinent leur bleu
quand les faunes déchirent
le silence. Ivres, les têtes sonnent.
Midi écourte les chemins !
Grand Cahier.072.Cahier bleu-vert.013.Passages.04
{•••}
|
Reposée
|
Dehors calme blanc
L'herbe sur la colline à peine
Un tremblement verte
La vitre d'un maigre soleil
Chauffe les poutres les soies
Jaunies à goût de cendre
Une mouche arrondit le silence
Tu es seul sous le toit
La barque du ciel n'est
Qu'un balancement de l'heure
La vie souffle aux jardins
Mémorables de l’automne
L'herbe sur la colline à peine
Un tremblement verte
La vitre d'un maigre soleil
Chauffe les poutres les soies
Jaunies à goût de cendre
Une mouche arrondit le silence
Tu es seul sous le toit
La barque du ciel n'est
Qu'un balancement de l'heure
La vie souffle aux jardins
Mémorables de l’automne
Grand Cahier.084.Cahier bleu-vert.013.Passages.05
{•••}
|
Lenteur du jour
|
L'air chargé de pièces d'or à l'estampille du temps
Est bien plus fort que nous
Des enfants qui s'habillent de rouge
Poursuivent leurs rêves
Jeu de la balle avec le soleil. Châteaux de sable
Un corbeau passe au-dessus du toit vert
La vitre brille, paraît
Le visage d'une femme aux cheveux noirs
Dans le bosquet, cueillant les roses
Eurydice chantée meurt
Nous sommes trop longtemps resté sur cette plaine
L'herbe a séché. Le silence est venu
Est bien plus fort que nous
Des enfants qui s'habillent de rouge
Poursuivent leurs rêves
Jeu de la balle avec le soleil. Châteaux de sable
Un corbeau passe au-dessus du toit vert
La vitre brille, paraît
Le visage d'une femme aux cheveux noirs
Dans le bosquet, cueillant les roses
Eurydice chantée meurt
Nous sommes trop longtemps resté sur cette plaine
L'herbe a séché. Le silence est venu
Grand Cahier.155.Cahier bleu-vert.013.Passages.06
{•••}
|
Cinquième heure
|
Longeons le cimetière
Contre le ciel pâli, le mur
De pierres jointes
Par ce peu d'herbes s'appuie.
Le soleil allonge les poteaux,
Chaque gravier scintille
Et la ville se tait, lointaine
Jusqu'aux jardins qui rêvent.
L'homme est vieux et patient.
Marchons avec lenteur,
La terre est notre promesse,
Nous aurons d'autres bonheurs
Contre le ciel pâli, le mur
De pierres jointes
Par ce peu d'herbes s'appuie.
Le soleil allonge les poteaux,
Chaque gravier scintille
Et la ville se tait, lointaine
Jusqu'aux jardins qui rêvent.
L'homme est vieux et patient.
Marchons avec lenteur,
La terre est notre promesse,
Nous aurons d'autres bonheurs
Grand Cahier.079.Cahier bleu-vert.013.Passages.07
{•••}
|
Nord
|
Le soir, et d'herbes pourrissant
Les plaines s'ouvrent
A ce gibier d'étoiles
Leurs yeux dans l'eau se figent
Un pas contre la pierre ébruite son sentier
Frémissante est la haie
D'ombres qui l'accompagnent
Une plainte s'est tue. Un chant. L'or
Et le cœur resté ferme
On voit des feux briller au loin :
Sensible espoir
La nuit mûrie, les aiguilles se joignent
Force et corps
Un froid glacial avive l'esprit
Les plaines s'ouvrent
A ce gibier d'étoiles
Leurs yeux dans l'eau se figent
Un pas contre la pierre ébruite son sentier
Frémissante est la haie
D'ombres qui l'accompagnent
Une plainte s'est tue. Un chant. L'or
Et le cœur resté ferme
On voit des feux briller au loin :
Sensible espoir
La nuit mûrie, les aiguilles se joignent
Force et corps
Un froid glacial avive l'esprit
Grand Cahier.159.Cahier bleu-vert.013.Passages.08
{•••}
|
Pathos
|
Entonner, les poumons sertis dans les griffes d'un ciel qui n'est plus que ceinture grise, trop serrée courbant trop la taille du territoire, faire naître éveiller malgré ce poids, le chant pour une danse, soit le poème ; tel, nous voulons, songeant méditant pour venir aux approches, aimer comme le soc d'une charrue aime les lèvres du sillon, la graine et les corbeaux qui suivent, immanquablement ; tel, nous nous laisserons jusqu'au tard, jusqu'à la nuit de tout le jour qui accompagne ta démarche depuis l'inoubliable souffrance qui te fit, être
Grand Cahier.082.Cahier bleu-vert.013.Passages.09
{•••}
|
S'il vient, qu'il vienne !
|
La nacelle se heurte, le vent la jette à la berge, lourde chargée en vrac de l'ombre-chevalier, des civelles insai- sissables, lottes, meuniers, grémilles – la verte des graviers. Il enjambe le bord, arrime et se tient droit. Longue en fut la préfixion mais la joie plus grande
Aujourd'hui, à qui donc le dois-je ? que je l'entends. Voici des accents neufs, une allée large avec de meilleurs pavements. Tant mieux car le soir tombe alors je me dé- pêche, tant mieux si je suis seul. L'horloge sonnera, fré- quente sur la page, rentrons la cargaison
Grand Cahier.233.Cahier bleu-vert.013.Passages.10
{•••}
|
Les simples abords
|
Cette direction l'autre comme on s'y conduit vers le champ près de l’eau,
deux ponts soit de fer ou bitumé se recroisent, une baraque les surplombe, et ceci sous le ciel rondi bleu d'un feuillage
C'est à prendre au plus court. La terre est étroite sur laquelle il faut marcher. Le pommier de pommes jaunes s'anime, une chair s'effraie et s'enfuit. On ne sait plus bien. On serait presque ébloui quand passent sur de minces barques les rameurs
Grand Cahier.239.Cahier bleu-vert.013.Passages.11
{•••}
|
Les intentions affines
|
Ce que tu dis c'est simple c'est qu'il y eut un jour, hyso- pe en ce réduit quatorze rue de Lim., une tournure, un mou- vement de tête, surpris, nouvelle, une vue, et de là, jamais plus lâchée, va débouler jusqu'au cèdre
Ne rien épuiser ni retenir, c'est possible. Nos amis vont parler, nous donnent des conseils. On les écoute car l'oreille est magnanime, mais les chemins s'ordonnent, mais l'ar- mature où trouve-t-elle son hermine ?
Le chant s'élève, les plumes volent. Mordu, ciselé comme à l'angle d'un soleil. Ne cherche pas, voici du pauvre et du fragile, nous sommes forts. Teinte au fond des poches la monnaie de l'empire
Grand Cahier.241.Cahier bleu-vert.013.Passages.12
{•••}
|
Juillet
|
C'est dit, le ciel est lourd il ment, nous ne renverserons pas la tête
sous les feux mouillés
s'ils claquent dans la nuit peut-être
en corolles éployées,
cette fois encore,
nous ne prononcerons pas comme la foule gaiement
les ho et les ha qu'ils jettent en bouquets
à leur grenaille tricolore
s'ils claquent dans la nuit peut-être
en corolles éployées,
cette fois encore,
nous ne prononcerons pas comme la foule gaiement
les ho et les ha qu'ils jettent en bouquets
à leur grenaille tricolore
Nous irons nous terrer dans l’ombre. Visage enfoui dans l’oreiller, nous partirons vers le sommeil. Éteignez donc cette lumière :
« A demain, fusantes Bengales. »
Voilà des draps par la lucarne. Le temps
Voilà des draps par la lucarne. Le temps
est à la girandole, aujourd’hui. Le jour respire. Il reste une ou deux roues qui s'accrochent
à l'humeur du bocage.
La chaleur des nuits des chambres s'envole, s'épuise dans la fraîcheur du matin
Grand Cahier.244.Cahier bleu-vert.013.Passages.13
{•••}
|
Pavois du temps
|
De la courtine aimée d'ombelles si, comme choix de pacotilles, et friand, ton rire épelle un plein midi de songes, au balcon c'est
La balle qui bondit, jusqu'au champ, jusqu'au bois. La route sonne, fringante du soleil sous les sabots
Le goudron fume au bât de noisetiers
Libres armes d'azur, les mots s'envolent. La barque sur le lac a chaviré, croulant ses ors des coffres du plaisir
Beaux yeux qui se tournent
A telles accordailles, sachez qu'on nous invite. Va la croisée nous y offrir un fugace bouquet d'asters, une dou- ceur noisette, un cœur
Nous porterons l'habit
Le vrai de gala tissé d'un paon du jour
Grand Cahier.251.Cahier bleu-vert.013.Passages.14
{•••}
|
Le temps surpris
|
Ah ! Le bel air parfumé du petit sentier, ton emblème où chante la grise, la tourterelle, si précaire si têtue la ligne d'argile à son âme hésitante, et tant de joies, d'efforts avant cet échappée
Chante la chanson fidèle et danse
C'est bref, écoute, regarde, de trop de brusqueries tu gardes la mémoire. Entre deux ciels d'orage, l'oiseau chiffre les soleils prochains
Et le cœur patiente, et le cœur s'atourne. Sur les campagnes sonne le pas. Au levant d'une force un monde se rassemble
Grand Cahier.255.Cahier bleu-vert.013.Passages.15
{•••}
|
Morsures
|
Par quel matin touffu comme lame de chiendent, le pré bossu, j'y vais jusqu'à cet arbre, jeune d'un an, droit, la jeu- ne jambe, et glacé, me suis-je tôt levé ?
Ne saurais dire
Il fait si frais, j'ai mal aux dents, la pomme est sûre mais succulente. Croques-y, jette l'étoile. Le corbeau vient, tu le connais
Le soleil chaque jour saute le mur au même endroit, il tranche surprises les ombres. Simple d'aller comme ça de son panier, les joues rouges, l'aube fumante à la bouche, de sa nasse d'osier ramassant les plus rondes
Grand Cahier.271.Cahier bleu-vert.013.Passages.16
{•••}
|
Le ciel se dégage
|
Va-t-il se débarrasser de son sac bleu d'ombres,
en un han un coup d'épaule,
notre charbonnier soleil ?
de son couteau déchirer les peaux de l'orage
Je laisse la fenêtre ouverte, rideau vole,
et toi le beau jour, lis
le carton du bal. Tes bras battent ta joie.
en un han un coup d'épaule,
notre charbonnier soleil ?
de son couteau déchirer les peaux de l'orage
Je laisse la fenêtre ouverte, rideau vole,
et toi le beau jour, lis
le carton du bal. Tes bras battent ta joie.
La terre est verte et d'eaux par toutes les collines, ronde de la chair des végétaux.
Comme un album de souvenirs au loin,
j'aime un village.
La place jaune se blottit sous les vieux ormes
j'aime un village.
La place jaune se blottit sous les vieux ormes
Grand Cahier.257.Cahier bleu-vert.013.Passages.17
{•••}
|
Qu'elle
|
Que soit le sol creusé
noir empli des fioles d'Yquem,
la sainte bave des
Montagnes de Reims,
et des Nuits, qu'elle,
au milieu du pré veuille fragile,
sur le haut d'une échelle de larmes,
être pour cueillir à l'arbre l'orange,
avant que d'avoir oublié
et son nom et l'endroit,
les pierres fleuriront
mais du ciel gravés
noir empli des fioles d'Yquem,
la sainte bave des
Montagnes de Reims,
et des Nuits, qu'elle,
au milieu du pré veuille fragile,
sur le haut d'une échelle de larmes,
être pour cueillir à l'arbre l'orange,
avant que d'avoir oublié
et son nom et l'endroit,
les pierres fleuriront
mais du ciel gravés
Grand Cahier.252.Cahier bleu-vert.013.Passages.18
{•••}
|
Cette douceur des villages
|
Plus blonde que femme, quoi qu'il en soit nous l'aimons molle chair s'effleurissant du rouge profond des haies, tard trop tard, la convoitons sœur toute de dentelles et de soleil nocturne
Il y a que meurtrie la douceur du pays s'efface. Dans le ciel d'aujourd'hui certes il n'est pas de village, et cet avion comme une croix fait le désir encore
Imperceptible près des nuages d'inespérés lointains
Vassily Kandinsky Murnau mit Regenbogen (1909) |
Grand Cahier.279.Cahier bleu-vert.013.Passages.19
{•••}
|