Bakin


Sous un faible éclairage – sous le halo de sa lanterne ronde, la nuit tombée, Bakin voulut recomposer son Hakkenden

Personne dès lors n'osa plus venir le déranger. La mèche à huile qui crépitait parfois, le chant d'un grillon ressorti du silence occupaient seuls cette longue nuit d'automne

Presque imperceptible au début, un point lumineux remua dans sa tête …une, dix, vingt lignes. A mesure que le pinceau traçait les signes, le petit point lumineux augmentait de volume

Il savait d'expérience ce qui allait advenir. Il se tint sur ses gardes et surveilla scrupuleusement l'avancée des caractères

L'enthousiasme est la mèche d'une flamme qui brûle. Si l'on ne sait la préserver, elle s'éteint dans l'instant. « Ne te presse pas, approfondis ta pensée, chuchota Bakin, retiens la main qui devance la pensée ! »

Mais déjà dans sa tête, le petit éclat de ciel de tout à l'heure devenait plus grand, une coulée de lumière, une voie lactée sous la voûte noircie l’entraînait, plus rapide qu'un fleuve, plus redoublé de force qu’un torrent

Ses oreilles n'entendaient plus le chant du grillon, ses yeux ne craignaient plus le peu de clarté de la lampe. Son pinceau allait, souple et rapide

Bakin écrivait, courbé sur son plan de travail, penché comme un lutteur, avec acharnement

d'après Akutagawa Ryûnosuke

Illustration du Nanso Satomi Hakkenden
de Kyokutei Bakin
(1767 - 1848)

Grand Cahier.472.Dispersions.022.Minutes et figures.11

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte