Grenier blanc


Le toit, sa pente double tournée, (est-ce un torse, une barque dormante au puits du ciel ?) le toit s'adosse à la colline, grenier blanc

Renversé dans le jour dans les profondeurs de l’azur dans les cercles alentour entr’ouverts, il repose avec l'ardoise de ses mots

De sa bouche lentement s'exhale un souffle

Une musique l’environne, une musique l’emporte, c’est une eau ressurgi du côté de la source. Il est ailleurs, il écoute. Le temps mesuré va remplir tout l'espace

Il a vu – comme un défi lancé aux lois de la pesanteur et de l'optique, des étages de livres sous le verre, des mondes sans y croire, des fragments de paroles étrangères – il a vu de ses yeux des éclats de lumière traverser la distance, se refléter dans une forêt de lierre et de lilas

Le clavier des couleurs sur la toile est plus nuancé, fait plus danser l'âme que l'air

Tapis de rouges tissé où se pose le pas, laine des margelles de pierre, feuillets de mille nuits

Il cache son visage au creux d'épais coussins. Le jour par la lucarne décline avec lenteur
Geer van Velde
Composition
(1956)

Grand Cahier.168.Refonds.003.Ighizan.08

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte