Ils sont partis...


Ils sont partis le repas terminé au plus fort instant du jour avec des rires joyeux et les paroles vives que prête le vin, l'imminence d'un départ pour une fête où se retrou- veront les amis de longue date, en disant qu'il ne fallait pas s'inquiéter et que la nuit ne sera pas tombée que déjà ils seront de retour

Ils ont dit mais la terre a tourné, mais l'horloge a sonné. Dix heures qu'elle a sonnées. Et la colère et l'inquiétude ont recouvert son cœur

La nuit est venue dans sa froideur de reine, jusqu'au bord de la fenêtre, irrésistible et lente comme une eau. Est-ce une bouche ? Toute clarté n'est pourtant pas absente. Le ciel passe avec un balancement de seigle, sous le vent d'ouest

Les voix aimées ? il y songe sûrement, et peut-être même, auprès de la barrière, les entend-il déjà. Cela va s'animer. Pourquoi en douterait-il ? Ah ! Ouvrir la porte, voir le rayon se poser sur l'allée et, courir, oublier la peur qui gagne, la pièce jaune sous l'ampoule et tous les bruits amplifiés qui venaient du plafond

Guillaume Le Baube, Olivia Rolde
Territoires
(2013)

Grand Cahier.212.Refonds.002.Hortense.06

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte