Grand chien noir


S'il traversait chaque jour les grands herbages de la ville, c'est pour se rendre à son travail
... Ou bien venait y voir les déboulées de liberté d'un grand chien noir

Un voile persistait depuis des années devant ces yeux. Il s'étonnait : toutes ces masses plombées du ciel qui passaient, combien de fois passeraient-elles encore ?

Il arrivait aussi que cela s'anime autrement, comme une déchirure, avec des gouffres de vent. La foule alors se dispersait dans le saccage. Une boule blanche énorme s'en allait rebondir jusqu'au bord de la piste

Certains après-midi, il pouvait suivre au loin, crinière noir ployant sur l'encolure, les courses lissées d'un sulky emportait par le feu d'un pur-sang

L'hiver, l'eau glacée débordait les digues et s'endormait là pour un temps. Le médaillon du lac reflétait calme tout l'espace. L'air se figeait dans le bleu-gris. Il allait falloir attendre

Et puis il y aurait le retour du plus inespéré. Une même fuite verticale. Un toit par milliers de cerfs-volants. Happé vers le haut, par le vent, dans la plus belle exubérance des couleurs

Raoul Dufy
Le champ de courses, Ascot
(1937)

Grand Cahier.338.Refonds.004.Printemps, cheval.02

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte