Vers l'intérieur


Je ne l'ai jamais vu cette station de gare, reliée droite au monde par une voie unique, traversant les chaumes pourris de pluie des terres du nord‑ouest

Je n'ai pourtant pas oublié le vert assourdissant de la colline, avec une herbe grasse au sortir de la nuit – une herbe – avec le trèfle que j’aime dedans

… Les abords étaient encombrés de troncs équarris, couverts d'un tapis de sciure qui sent fort …

J'ai marché vers le bourg, incertain dans les âges. J'ai remonté la rue. Il y avait là des hommes portant sur l'épaule de grandes houes. De nombreux détails me disaient quelque chose :

L'épanchement des saules, en or et blanc, le parsemé des pâquerettes, une lessive aux couleurs intenses sur un fond d'herbe mouillée. Dans une grange, l'odeur des cornes brûlées, une sellerie où l'on teignait les cuirs

Et vers les collines, de lourds chevaux de plomb, des chevaux noirs tirant vers le bas le paysage, chacun hennissant comme un contre‑point – avec une herbe à la note profonde, absorbés par ce même trèfle

Franz Marc
Pferde in Landschaft (Chevaux dans le paysage ~1911)

Grand Cahier.158.Refonds.004.Printemps, cheval.01

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte