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Quand bien même n'y aurait-il en- core ouverte qu'une seule boutique en ce dimanche au coin retrait le plus dis- tant d'une banlieue il faudrait pousser la porte et demander à l'épicier la boîte d'allumettes qui mettra le feu
Craquer une allumette IsoBlitz (2010) |
Grand Cahier.190.Refonds.011.Contre-feux.00
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Que dit la nuit...
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Que dit la nuit
des feuilles mortes ?
L'année passée, celles d'avant
pourrissent au fossé. J'ai tant
d'amis perdus de toutes sortes
Que dit le jour ?
Que dit la forte amour des mots
qui va chassant de par le pré
L'arme du temps taille des ans
la chair à l'os
des feuilles mortes ?
L'année passée, celles d'avant
pourrissent au fossé. J'ai tant
d'amis perdus de toutes sortes
Que dit le jour ?
Que dit la forte amour des mots
qui va chassant de par le pré
L'arme du temps taille des ans
la chair à l'os
Grand Cahier.266.Refonds.011.Contre-feux.01
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Fuir, où donc fuir...
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Fuir, où donc fuir, l'ami Blaise
De Pevek à Butembo
dont ne fit la périégèse
ni toi, menteur ! ou Larbaud ?
Car voilà des solitudes
la terre ronde et les trains
stoppés là de lassitude,
l'ombre à l'homme qui n'est rien
De Pevek à Butembo
dont ne fit la périégèse
ni toi, menteur ! ou Larbaud ?
Car voilà des solitudes
la terre ronde et les trains
stoppés là de lassitude,
l'ombre à l'homme qui n'est rien
Grand Cahier.260.Refonds.011.Contre-feux.02
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Lorsque demain déchante...
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Lorsque demain déchante
les jardins de travers sont en nombre. Ici s'étage. Une route débordée qui tire à l'amour jusqu'à ce clos, cet autre. Charbons éteints. Idées perdues. L'âge rompt les corps, les plie, les tord et l'âme aussi
...Et le feu s'éteindrait ? Mais trop de choses ont traversé, trop de gens sont venus et se sont éloignés. Les retenir, personne ne peut jamais, dire, le sait-on ? Ni rien commettre. Laissons là ces blessures. Quand cela serait que de revivre, rien de mieux !
Nous mangerons encore des fagots de vent
Grand Cahier.321.Refonds.011.Contre-feux.03
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Une réelle amie ?
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L'amour avec fracas, dit-on jeté par la fenêtre, parti cla- quée la porte sur les doigts depuis muré. Plus de regards, et ne désire ni ne convoite puisqu'il n'est d'espoir
J'avance au long de corridors de pierres de rues régle- mentées. Tête neutre sable gris serrée de calculs parcimo- nieux. La vie sèche. D'une rage à vouloir souffler les vitres, péter le ciel en pile de savoirs
Grand Cahier.322.Refonds.011.Contre-feux.04
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Hier
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Le froid m'a pris l'oreille et le thorax. Je ne vis plus que de pierres, quelques souvenirs au bout d'une terrasse étroite et reléguée vers le dernier étage. Gris moineau, ciel étamé
Il en ressort un bruit quand même, un cliquetis de secrétaire
En bas, le sol gronde, passe et repart. Les couleurs sont perdues quand la vie se resserre. Temps sensible brusqué de désirs avec un vol immense, inachevé comme toujours
Grand Cahier.328.Refonds.011.Contre-feux.05
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Rien qui dépasse
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Un souffle emporte la poussière d'un bout à l'autre de la rue. Les trottoirs désertés sont bouillis de soleil
Dimanche de juin aboie de solitude
Qui peut croire en cette fin de millénaire que quelque chose existe encore. La ville est un cache-misère de trop de mailles rabattues, la ville reproduit la ville et se ressemble, identique en chacun de ses points. On empile les fenêtres, on rallonge les heures. Je me penche au dehors,
et regarde par le biais, au défaut de l'enfilade,
inquiet de qui s'en va
Une silhouette indécise, dans une vague de chaleur, un homme qui veut fuir, et qui s'éloigne à disparaître
Grand Cahier.335.Refonds.011.Contre-feux.06
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Forge
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Tu rentres saoul plus grand qu'un soir de banlieue. La bouteille du ciel crache sa lie sur la ville.
Quel mauvais foie !
Au dégoût des lèvres on voit que se prépare un orage.
Tête bouillie dans soupe d'usines.
Au dégoût des lèvres on voit que se prépare un orage.
Tête bouillie dans soupe d'usines.
Ton squelette se souvient du fracas des presses, le cambouis sous le pied, la cadence dans les bras.
Les carreaux du travail tombent. Tu pousses le verrou. Le soleil se coince dans l'étau.
Des vitres fulgurent du béron de la nuit.
C'est une jaunisse de chambres à l'odeur de chaud où d'horribles ménages s'égorgent
Grand Cahier.228.Refonds.011.Contre-feux.07
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Hors titre
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Je hais décidément
cette chambre exiguë,
l'opacité de ces quatre murs
bâtis en pierres de Caen,
de lourds moellons,
et qui boiraient toutes nos larmes
sans rendre un moindre éclat de jour,
un seul sureau.
Je hais ce buffet bas, massif
avec ses portes sombres,
ce buffet vide qui s'adosse au mur,
son marbre vert.
J'avais posé là pour orner,
un vase à col étroit
(tiges coupées, roses qui pourrissent)
mais il s'est brisé.
Les pétales tombés
sont de pâles caresses.
L'eau surie s'est répandue,
les couleurs ont passé.
C'est d'un gris !
cette chambre exiguë,
l'opacité de ces quatre murs
bâtis en pierres de Caen,
de lourds moellons,
et qui boiraient toutes nos larmes
sans rendre un moindre éclat de jour,
un seul sureau.
Je hais ce buffet bas, massif
avec ses portes sombres,
ce buffet vide qui s'adosse au mur,
son marbre vert.
J'avais posé là pour orner,
un vase à col étroit
(tiges coupées, roses qui pourrissent)
mais il s'est brisé.
Les pétales tombés
sont de pâles caresses.
L'eau surie s'est répandue,
les couleurs ont passé.
C'est d'un gris !
Grand Cahier.197.Refonds.011.Contre-feux.08
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La chambre
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Le rire d'une fille emplit
la cour qui moisit
comme la chambre comme le lit
Les moineaux mangent les pierres.
L'orage est passé
du premier soir, l'éclair
qui t'empêcha de dormir
Par l'ultime carreau de la fenêtre
et que l'on ouvre,
l'arête du toit, les tuiles,
l'antenne tournée vers le ciel, ce peu
de ciel entre les murs,
ce ciel qui passe.
Le monde n'a pas d'esprit
Le silence de nouveau les larmes
Un étroit jardin de cardamine
est aquarium sans soleil
la cour qui moisit
comme la chambre comme le lit
Les moineaux mangent les pierres.
L'orage est passé
du premier soir, l'éclair
qui t'empêcha de dormir
Par l'ultime carreau de la fenêtre
et que l'on ouvre,
l'arête du toit, les tuiles,
l'antenne tournée vers le ciel, ce peu
de ciel entre les murs,
ce ciel qui passe.
Le monde n'a pas d'esprit
Le silence de nouveau les larmes
Un étroit jardin de cardamine
est aquarium sans soleil
Grand Cahier.169.Refonds.011.Contre-feux.09
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La cloison
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Une émeraude à son doigt, sa main
Légère, à peine posée
Sur le guéridon où trônent saintes les images
Elle dit ne pas savoir
Ne plus se souvenir
Mais la vie passe près d'elle et s'entête
Quelle pauvreté !
Le vieux parquet craque sous les petits pas
Tournera-t-elle longtemps encore
Parmi ses meubles de fonction ?
Il lui faudrait sortir, quitter cette cellule
Prendre l'air.
Une raie filtre à travers le rideau tiré
Vient caresser la main, la bague
Et la poussière.
Légère, à peine posée
Sur le guéridon où trônent saintes les images
Elle dit ne pas savoir
Ne plus se souvenir
Mais la vie passe près d'elle et s'entête
Quelle pauvreté !
Le vieux parquet craque sous les petits pas
Tournera-t-elle longtemps encore
Parmi ses meubles de fonction ?
Il lui faudrait sortir, quitter cette cellule
Prendre l'air.
Une raie filtre à travers le rideau tiré
Vient caresser la main, la bague
Et la poussière.
Grand Cahier.198.Refonds.011.Contre-feux.10
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Qu'aurions-nous pu dire ?
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Sous les mêmes travaux la même vie lente
Unit les fermes du bocage
La route nous était familière
La ville au dos
Nous pensions à notre ami
À ses mots à saveur de chemins
Mots de nos joies et peines
Et qui sont de même et parfaite nature
Que ce simple feuillage
Et les herbes vivaces
Nous pensions à cet ami
Qui nous parlait de notre attache
À ce Pays
Et qui maintenant ne nous parlerait plus
Le vent tombé
Le jour en son plein
Sembla vouloir s'arrêter là
Unit les fermes du bocage
La route nous était familière
La ville au dos
Nous pensions à notre ami
À ses mots à saveur de chemins
Mots de nos joies et peines
Et qui sont de même et parfaite nature
Que ce simple feuillage
Et les herbes vivaces
Nous pensions à cet ami
Qui nous parlait de notre attache
À ce Pays
Et qui maintenant ne nous parlerait plus
Le vent tombé
Le jour en son plein
Sembla vouloir s'arrêter là
Grand Cahier.098.Refonds.011.Contre-feux.11
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Nous disions encore hier...
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Nous disions encore hier que le froid est une énorme loupe. Il reste bien, et nous l'aimons, le détestons, notre signe majeur. L'accoutumance viendra. Tremblent les peaux, la chair ! Nous nous sentons mais l'œil est clair. Laisserons-nous notre langue geler ? À toutes les auberges, on prendra pour offre les plaisirs du repos et, pour dissoudre la pierre, d'ardents alcools produits des meilleures pommes
Dans chaque maison les mêmes contingents de brutalité et de belle mesure. Le ciel a tourné, voilà tout. Aussi buvons à la sévérité du corps !
Grand Cahier.182.Refonds.011.Contre-feux.12
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Fumée s'élève
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Est-ce moi peut-être est-ce un autre
On a rasé la niche rouge
Comme on bouscule un vieux gravier
Déjections miettes blancs tessons
Les oiseaux de l'hiver picorent
Et moi je me souviens de moi
Quel fouillis quel déséquilibre
C'est lieu banal en ce bocage
En ce village racorni
Ton air m'obsède mur fermé
Mur aux fenêtres dispersées
Maison de fausses proportions
On a rasé la niche rouge
Comme on bouscule un vieux gravier
Déjections miettes blancs tessons
Les oiseaux de l'hiver picorent
Et moi je me souviens de moi
Quel fouillis quel déséquilibre
C'est lieu banal en ce bocage
En ce village racorni
Ton air m'obsède mur fermé
Mur aux fenêtres dispersées
Maison de fausses proportions
Grand Cahier.301.Refonds.011.Contre-feux.14
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A perdu le goût...
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A perdu le goût et demande
Quelqu'un pour jeter un peu de terre, un témoin de cet homme, du choix qu'il fit
D'oublier les étoiles
Et les nuits
Où la pleine lune emplie la nuit
Un dernier souvenir, quelqu'un pour se pencher au-dessus du trou qu'il a creusé et choisi au flanc d'une colline ocre et décharnée, un dernier geste venant de ceux qui restent
À cet être qu'il fut. Appuyé contre le mur, il a grimpé
Jusqu'à n'en plus pouvoir
Et n'a rien pu saisir aux barreaux de l'échelle
Qu'une poussière
De cerises
Marc Chagall L'échelle de Jacob (1976) |
Grand Cahier.308.Refonds.011.Contre-feux.14
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