C'était mardi dimanche il y a longtemps, par une journée d'hiver gélive et en dépit du col relevé de ma veste,
l'écharde au cœur, j'allais de rue en rue, la ville un peu brouillée, la tête ailleurs
D'épais blocs de bétons bouchent un ciel de pluies, de vents, se dressent droits. Quel décor !
Je marchais sur une place immense, il n'y avait rien à rencontrer, le temps ici n'existe plus. Je demandais :
« De quelle étoffe est-il donc fait,
l'architecte qui l’a conçue,
où est sa peau, dans quel placard
oubliée desséchée rongée
tête à poussière, corps saigné !? »
l'architecte qui l’a conçue,
où est sa peau, dans quel placard
oubliée desséchée rongée
tête à poussière, corps saigné !? »
On peut marcher sur une place immense…
mais battre le ban, porter son nom, se vêtir propre-ment, faire en sorte qu’un être soit visible aux yeux de tous, mettre une chose en évidence
Décide-t-on une ville ?
Où est la formule, quel est l'affect ? Le ciel nécessaire ressemble-t-il à celui-ci ? Vous savez, lourd, bas, minéral
Je ne vis rien de plus que des choses banales, répé- titives sur cette place épuisée, aux édicules improbables
Je voulus établir le décompte de ces grains minuscules. Je battis des ailes – à n’en pouvoir mais
rien n'y fit, pauvre volaille !
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Lyonel Feininger Das hobe Haus (1908) |
Grand Cahier.194.Révolvie.032.L'univers de la chauffe.10