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Il se promène, il veut s'instruire...
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Il se promène, il veut s’instruire. Il écoute les conseils, occupé des usages, de l'origine et de l'espace. De la ligne à l'horizon qui va s'ouvrir, et des jours, et des jours qui s'allongent…
Arpentant le bocage, il s'ennuie
Une ombre chante tout d’un coup et s’enfuit aussitôt. Farouche et solitaire, cachée dans les fourrés
Voudrait-il la mettre en cage, une cage dorée – comme le sont les sots petits moineaux qui savent y faire et n’ont pas d’ombre ?
« Je te dis que je veux, séduit, faire un pas ». De son bec elle aiguise les signes, file aux astres
J.-P. Claris de Florian, illustré par des artistes japonais (1895) |
Florian, Le rossignol et le Prince
Grand Cahier.240.Dispersion.025.Envol au jardin.01
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Oe l'après-midi
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Au coin de l'œil progresse une ombre grise
Le temps se couvre, les stands, bâchés d'un vilain vert, sont dressés entre le grillage de l'entrée et le kiosque désert. Ce jour-là, une banderole indique au piéton qui dérive, en larges lettres et mots gras, qu'il s'agit d'une Rencontre : la XXème
Irai-je tout à l'heure au jardin des Prébendes
lire quelques pages détachées des vieux livres d'histoire, feuilleter les albums écornés et jaunis, les cartes postales en noir et blanc ?
Des gouttes tombent sur le lac, l'air se fait plus lourd. Deux cygnes tournent en rond, inquiets de l’orage annoncé pour bientôt
Grand Cahier.336.Dispersion.025.Envol au jardin.02
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Les lettres
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Elles ne sont pas sorties
Du panier rond de Saint-Cyr
Ni graffitées ni perchées
Sur le mur des escaliers
Mais trouvées dans les collines
Les lettres semées dans l’herbe
O jaune, A rouge, K bleu
Dans les haies et les bosquets
Des grandes mythologies
Ce sont les pièces d’un puzzle
Gentiment proportionnées
À la taille des enfants
Belles têtes qu’on enseigne
À toute philosophie
Du panier rond de Saint-Cyr
Ni graffitées ni perchées
Sur le mur des escaliers
Mais trouvées dans les collines
Les lettres semées dans l’herbe
O jaune, A rouge, K bleu
Dans les haies et les bosquets
Des grandes mythologies
Ce sont les pièces d’un puzzle
Gentiment proportionnées
À la taille des enfants
Belles têtes qu’on enseigne
À toute philosophie
Grand Cahier.566.Dispersion.025.Envol au jardin.03
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La Tour des lettres
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Ce ne sont que des bouts de vie, oppressants
Des jours qui se meurent, brindilles envolées,
Et des nuits, et de tristes rappels d’erreurs
De mauvais chemins qu’on ne peut oublier
Je vais divagant sur les grèves de Loire
Où Ronsard, Rabelais, Descartes vécurent
Je vais sur les pas de Cingria, au bord
Des eaux. Je sais, fines dames des jardins
Trouver les grandes juliennes authentiques
J’en ai pris des clichés près d’une pelouse
Près d’une cage de fer en perroquet
On peut y voir les nombres trois, deux et un
Le rouge et la lettre A – philosophique –
Des bouquets taillés au calme des bassins
Des jours qui se meurent, brindilles envolées,
Et des nuits, et de tristes rappels d’erreurs
De mauvais chemins qu’on ne peut oublier
Je vais divagant sur les grèves de Loire
Où Ronsard, Rabelais, Descartes vécurent
Je vais sur les pas de Cingria, au bord
Des eaux. Je sais, fines dames des jardins
Trouver les grandes juliennes authentiques
J’en ai pris des clichés près d’une pelouse
Près d’une cage de fer en perroquet
On peut y voir les nombres trois, deux et un
Le rouge et la lettre A – philosophique –
Des bouquets taillés au calme des bassins
Grand Cahier.574.Dispersion.025.Envol au jardin.04
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Botanique
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À droite, le parterre étiqueté de plantes frileuses. Longs alignements de tiges en patience. Des fleurs, des couleurs viendront quand le temps changera. Certaines sont rentrées et choyées par des hommes positifs. Le bâtiment s'alourdit d'un siècle entier
À gauche, elles voudraient crever les verrières, bocaux d'Afrique, d'Amazonie, potages vireux de tous les lieux chauds. Vous les sentiriez poussant racines dans vos bronches
Entre deux rangées de pensées, bleues ou jaunes, l'al- lée monte jusqu'au magnolia. Une horloge indique toujours la même heure
Les gens s'empressent sous le hall, ils ont recouvert les tables de toiles cirées. On achète, on vend, les yeux brillent, en connaisseurs
Grand Cahier.218.Dispersion.025.Envol au jardin.05
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Une scolie
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Une scolie s’envole depuis les dormants d’une porte busquée, indifférente à tout ce qui n’est pas de son occupation. Trouvera-t-elle le compost qui lui convient, les bois pourris où piquer le ver blanc ?
Le vent a médité le poids des heures et des jours sur l’étang. Les joncs commencent à l’envahir
Petit à petit, les souvenirs se sont effacés, va‑t‑on s’endormir ? L’épreuve est manquée, harassé d'avoir gravi la côte, vers Bois Jésus
Il en a fallu de l’audace pour franchir ainsi la route et le potager. Gagnée par la frayeur, une biche éperdue donne son dernier coup de sabot sur les rails
Grand Cahier.575.Dispersion.025.Envol au jardin.06
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Je veux marcher...
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Je veux marcher un jour entier s'il le faut
Quitter la ville
Après la Loire, gravir cent marches
Redescendre vers la Choisille
J'irai plein nord
Si l'eau du gué le permet
Jusqu'à la gare
Un salut aux chevaux par le chemin 26
Quitter la ville
Après la Loire, gravir cent marches
Redescendre vers la Choisille
J'irai plein nord
Si l'eau du gué le permet
Jusqu'à la gare
Un salut aux chevaux par le chemin 26
Grand Cahier.334.Dispersion.025.Envol au jardin.07
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Ailes
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Un coup de vent. Brusque. Une voile qui se perd dans le lointain, là-bas au-dessus
de la haie de ronces, au-dessus des noisetiers
On descend
On descend
Est-ce un nuage annonçant la pluie. Une dernière mai- sonnée. Des draps qui claquent
À grande vitesse on descend la rue qui devient la route qui débouche sur la campagne. Ou ce qu’il en reste. On s'é- loigne d’un mur où s’accrochent : vignes et cerises
Une flopée d’enfants surpris dans leur jeu poussent des cris et s'enfuient en tous sens
Dans les fossés embaume la jetée des branches d'un buis toujours vert
La route bifurque
Iris d'un bleu-violet clinquant près d'une porte de fer. Corbeaux dans les champs de blés tendres
Grand Cahier.333.Dispersion.025.Envol au jardin.08
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J'ai pris la route régulière...
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J'ai pris la route régulière qui passe par le ciel
Terre, la toute menue
Je te vois mon pays, ma ville. Je vois aussi la rue et la fenêtre de ma rue comme une carte de géographie détaillée, épinglée sur le globe de la mer
Sont-elles variées ! De bleus de verts chacune démê- lées avec leurs plumes blanches. (Il n'en manquait aucune, je les ai comptées)
Il y avait aussi l'ocre et le vert des champs labourés, des prairies. Un milliard de graminées poussant du sol
Sur l'océan que les vents soulèvent les vagues solitaires
Au-dessus de moi, un gouffre de froid noir immense, in- commensurable
Grand Cahier.276.Dispersion.025.Envol au jardin.09
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Laps
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L’espace et la grande pureté du noir
viennent à s’ouvrir où la nature (un temps)
se manifeste en l’homme
Est-ce béance ou pot au noir ?
La force du fauve
entre possible et mouvement balance
et frôle les barreaux
– Certes le souffle de l’être prend racine où il le veut
Qui peut savoir ?
Comment pourrions-nous le savoir ?
puisque jamais il ne s’envole de la cage aux étoiles
Pourquoi vouloir durer ou
renaître fleuri pour souffrir à nouveau ?
Bien peu de choses
en somme
Lentement la nature retourne à l’extinction
La nuit se ferme
viennent à s’ouvrir où la nature (un temps)
se manifeste en l’homme
Est-ce béance ou pot au noir ?
La force du fauve
entre possible et mouvement balance
et frôle les barreaux
– Certes le souffle de l’être prend racine où il le veut
Qui peut savoir ?
Comment pourrions-nous le savoir ?
puisque jamais il ne s’envole de la cage aux étoiles
Pourquoi vouloir durer ou
renaître fleuri pour souffrir à nouveau ?
Bien peu de choses
en somme
Lentement la nature retourne à l’extinction
La nuit se ferme
Grand Cahier.605.Dispersion.025.Envol au jardin.10
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L'œuvre
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Car ce que j’ai-
me c’est
l’œuvre de la
nature
dans l’être même
et l’autre
me c’est
l’œuvre de la
nature
dans l’être même
et l’autre
Empreintes dans le sable, et vacuité d’un trône. La dou- ble orfèvrerie d’un miroir métallique
Bientôt, le foudroiement d’un fauve qui s’apprête… ce brusque silence blotti près des grands arbres… une ombre féline
un grain de riz... et
peut-être
peut-être
Grand Cahier.594.Dispersion.025.Envol au jardin.11
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Onze
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Un est un et rien d’autre
– est un trait lumineux
Onze est la beauté
Dans le pli de l’un
toute entière
gît
la vérité qui nous échappe
– est un trait lumineux
Onze est la beauté
Dans le pli de l’un
toute entière
gît
la vérité qui nous échappe
La brume en forme de chaussure, vient heurter mon cœur attristé
Grand Cahier.619.Dispersion.025.Envol au jardin.12
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Création
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Comment
un premier mouvement pourrait-il exister ?
Rien n’est jamais sorti de rien. Si quelque chose existe et se met en avant, elle-
même ou une autre en son temps, se retire
surface en
mouvement qui se montre et s'efface
Notre langage les désigne, et ne parle que d’elles
– les mots sont mobiles, et cheminent – de l’ombre d’une chose à l’autre
La lumière est seule,
elle est Repos dans l’espace et le temps
sa Vitesse au départ de la matière et de tout temps,
infatiguée ne bouge
elle est Repos dans l’espace et le temps
sa Vitesse au départ de la matière et de tout temps,
infatiguée ne bouge
On sort
une jambe du lit des rêves, le monde entier est déjà là !
Odilon Redon Quadrige, le char d'Apollon (1906-1914) |
Grand Cahier.617.Dispersion.025.Envol au jardin.13
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