Cœur tors


Les pages perdues où je consigne
Ces quelques instants de mon passé
Je les lis parfois et m’interroge
Sur leur poids de sens et de possibles

À quoi ont-elles bien pu servir
A qui serviront-elles encore
Qui était celui qui écrivait

Suis-je moi-même lorsque j’écris
Disparu depuis longtemps plus loin
Absent. Où suis-je en cet instant,
cœur

  tors, brûlé épuisé de lumière
Comme le tournesol dramatique
Comme en haut l’homme distinguant mal
Les aîtres vivant dans la vallée

*

Ainsi je me contemple moi-même
Paysage indistinct très confus
Brouillard dans l’âme – nu accablé

Comme une lettre d’adieu qu’on ferme
Sous l’étouffement des conclusions

Perpétuellement je me réveille
A l’envi de crier à tue-tête
Ressortissant d’un sommeil profond

Allant d’une sensation à l’autre
Comme le cortège des nuages
parsemant de soleils reverdis
l’herbe tâchée d’ombres des prairies
Salvador Dali
Les Efforts stériles
Cenicitas \ Petites cendres
(1927-1928)

Grand Cahier.624.Alentour de Soares.003.Quelques intranquillités.10

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte