Il fut un temps où le texte
se lisait à voix haute,
voix clairement dirigée
vers le cercle des égaux
Puis vint le temps du lecteur
silencieux, immobile
ne lisant que pour soi-même
On le contempla lisant,
muet, chevrotant des lèvres,
le nez, les yeux absorbés,
loin du monde, anéantis
par ses volumes blanchâtres
On s’étonna, on en rit
puis s’installa, progressive
une gène
– Pourquoi en lui gardait-il
autant le poids du silence,
combien de temps pourrait-il
résister loin de ses proches ?
On en vint à l’admirer,
petite idole immobile ;
pour un temps la vénérer…
Aujourd’hui, sur tes écrans
parmi les fureurs virtuelles,
la déchéance des mots
et des liens évanescents,
magnétiques – et par milliards
qui t’agite,
marionnette sans savoir ?
Incendie de pacotilles,
pauvre bois consumé
sur les autels du soir
se lisait à voix haute,
voix clairement dirigée
vers le cercle des égaux
Puis vint le temps du lecteur
silencieux, immobile
ne lisant que pour soi-même
On le contempla lisant,
muet, chevrotant des lèvres,
le nez, les yeux absorbés,
loin du monde, anéantis
par ses volumes blanchâtres
On s’étonna, on en rit
puis s’installa, progressive
une gène
– Pourquoi en lui gardait-il
autant le poids du silence,
combien de temps pourrait-il
résister loin de ses proches ?
On en vint à l’admirer,
petite idole immobile ;
pour un temps la vénérer…
Aujourd’hui, sur tes écrans
parmi les fureurs virtuelles,
la déchéance des mots
et des liens évanescents,
magnétiques – et par milliards
qui t’agite,
marionnette sans savoir ?
Incendie de pacotilles,
pauvre bois consumé
sur les autels du soir
Joan Jordà (1929-2020) La liseuse (ciment - env. 2002) |
Grand Cahier.640.Intérieurs, Extérieurs, Voix.001.D'un autre lisard.01