La malencontre


Chaque fois que j’ai voulu bâtir,
en me servant du matériau de mes rêves,
machinant par habitude

ce beau symbole
qui vise le grand autre

Une béance

chaque fois surgissait
de cette immensité, ouverte plus avant
me bousculait comme un pantin par le travers,
comme une marionnette,
un pauvre bout de chiffon
ballotté par le vent

Je me trouvais à chaque fois
un peu plus désarmé, vacant
au hasard dans les rues,
ne sachant plus quels étendards
haut-hisser
des prochaines batailles
Je n’ai pu retenir

qu’une fleur

À chaque fois une fleur sanglante des marais,
baignée d’une eau de clair de lune.

Marchant avec difficulté,
ignorant aveuglé,
chaque fois m’enfonçant plus avant
dans la boue
et la tourmente des roseaux
Gustave Moreau
Ulysse et les sirènes
(1898)

Grand Cahier.621.Alentour de Soares.003.Quelques intranquillités.08

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte