Un poème n’est pas ce qu’il est
Il est et il n’est pas un jeu
Il est et il n’est pas l’œuvre de celui qui le dit ou l’écrit. Il fait et ne fait pas autorité
Il est et il n’est pas
le rythme et la rime, il est sonore et silencieux
le rythme et la rime, il est sonore et silencieux
Il n’est pas
de l’oiseau la syrinx
ni l’empreinte de la stèle
de l’oiseau la syrinx
ni l’empreinte de la stèle
Il n’est pas ce qu’il est – précisément
Ne dépend de personne
Est à tout le monde
Ne dépend de personne
Est à tout le monde
Il n’est pas le phénomène mouvant, il n’est
ni au-delà ni en-deçà
ni au-delà ni en-deçà
(de quoi ?… où irait-il, qui l’aurait su ?)
Il n’est pas le barreau d’une échelle, il est
tout d’une pièce dans l’air du temps, ouvert et incertain, inconnu et familier
allant d’un pied ferme jusqu’au vertige
Il ne dit rien, il ne vaut rien
ne va nulle part
– il est là
ne va nulle part
– il est là
Il est dur et tendre dans l’âme, c’est évident
et chacun le reconnaît par cœur
et chacun le reconnaît par cœur
Robert Delaunay Rythmes (1934) |
Grand Cahier.697.Intérieurs, Extérieur Voix.003.D'un autre lisard.20