Canyons

*


J'accuse le temple...




.
J'accuse le temple
des eaux et de la pierre
..
Je mords les falaises
de sucre et de violette
...
Gréseux de rouge
et de blanc méthané

En chaque entaille que
la vie reverdit

Ce sont rayures
Bouquets de sapins

Orges roux des carbones
Pleurs du jardin des roches

Je marche au cœur
émerveillé de la terre

Force érosive Monolithe
Je longe sans craindre

les flashes orageux
de l'eau magnifique

Les étroites parois
de Navajo Sandstone
_____
Zion


Grand Cahier.463.Parallèle 37.028.Canyons.01 {•••}


Ô fées...



Ô fées,
forêt des fées !
Je tends la main
vers le faîte

des cheminées

Du haut-blanc
de glace je m'en vais
j'abandonne que
m'importe le secret
de ces passages dérobés
que nul n'élude
je ne cherche pas d'issue
labyrinthe des
roses
    des jaunes

Azurite des ciels
de Bangkok
je tourne la roue
chromatique du
moulin à prières
Qui ne dira jamais
la beauté des couleurs
de la Rim ?

Dans cette féerie :
m'y perdre je le veux
entre les détours et
les creux, jusqu’aux gravats
de neige jusqu'aux res-
tes magiques des
hoodoos
____
Bryce

Grand Cahier.464.Parallèle 37.028.Canyons.02 {•••}


Hataalii chante...



Hataalii
chante

de grès roux...
porte ouverte sur l'ailleurs, séparant l'espace illimité
saumon du ciel sculpté qui bondit de la nasse
genévrier tordu de chaleur
sel souffle
.Boue
…pied à pied, de vent
relié au temps par le biais de l'air
et il chante Clavicule
le chant boucle de l'esprit
 perce-oreille
un soir posé sur le bord
de la vasque

au goût de
terre
____
Arches
► Conseil

(Partir du . de Boue
remonter puis, de grès roux,
en attrapant la passerelle des ...
aller jusqu'à la vasque)

Hataalii
traverse
le cercle de la terre

Grand Cahier.465.Parallèle 37.028.Canyons.03 {•••}


Iikááh



Ii

áh,


sèche de sable
ocres et rouge
ébauche et poudre
filets de craie

entre le pouce
et l'index tournés

Dame de perle
a déposé pollen et
racines de chêne pulvérisées
farine de maïs
pétales
charbon de bois
et pierre à moudre,
sur fond doré

Ils viennent par le chant – près du tapis – les invités guérisseurs

retrouvent l'harmonie
aux pointes cardinales

et disparaissent

avant que ne
dispute l'homme
au-dessus de l'image

*

Grand Cahier.466.Parallèle 37.028.Canyons.04 {•••}


Monument Valley, Arizona



Un paysage désolé, après des heures – une route qui perce, une seule. Au plus haut – la chaleur, une route dé- serte, j’arrive enfin

Sur le coup de midi, je vois les fauves !

Ya'a t'eeh ... Kéyah Hózhóní / Je vous salue

Mitchell, Sentinel Mesa,
Merrick au loin,
escortés des deux Mitten
– Yei Bi Chei et Totem Pole –
Stagecoach, Ours-et-Lapin,
Castle Butte et le Grand Indien

Bienvenue dans ce monde

Quatrième
entouré de beauté.
Le premier fut détruit par le feu,
le second par le vent.
Et le peuple divin occupait en son temps
le troisième

Il se raconte une histoire

« Un jour, quel  jour ? Plus personne ne s’en souvient. Coyote en quête d’un mauvais tour vola les enfants de mère l'oie. Il les cacha dans sa fourrure. Mère l’oie s'en trouva très fâchée. Elle fit monter les eaux, et les êtres divins durent se réfugier dans la montagne. Ils essayèrent de planter un genévrier décharné à la peau grise, qui poussait lentement. Ils essayèrent de planter un pin qui jamais ne s'éleva. Les eaux montaient toujours. Ils plantèrent un bambou, sa forme n'était pas bien précise mais il grandissait à vue d’œil et ils réussirent à se faufiler dans ses nœuds et grimper jusqu'à un trou dans le ciel

Ce fut le monde.
Quatrième.
Il s'appelle Plata Mountain.

Quand les esprits retrouvèrent les enfants de Mère l'oie, ils les remirent dans l'eau. Celle-ci s'enfuit à jamais vers les quatre horizons. La boue sécha et forma les buttes que vous voyez maintenant

C'est du moins ce que disent les vieux navajos qui ne racontent ces histoires que l'hiver, de peur que les petites personnes, – excusez-moi – les araignées, les serpents et les sauterelles
ne les entendent »

Grand Cahier.467.Parallèle 37.028.Canyons.05 {•••}


Plateau Point



Vous commencez de descendre

Avant que le ciel ne soit sorti du noir et qu'il ne vous apparaisse comme une fuite éperdue dans l’immense – l'interminable reflet triplement répétitif d'un paysage en creux – vous vous imprégnez des couleurs de la nuit

La saignée millénaire sous le niveau de l'horizon n'est pas encore visible : ombres peintes violacées, roses effacées de la terre

Vous vous rapprochez davantage

C'est une vue différente, d'un lacet à l'autre, des zébrures d'un buisson de roche au premier plan d'un gouffre en surplomb, qui s'éveille, toile vagabonde avérée à chaque fois plus pénétrante

Nous vous exhortons en conséquence

Lorsque vous aurez descendu, fasciné vous enfonçant vers l'irrésistible, craignant ne pouvoir revenir mais descendu sans effort

Nous vous demandons, après avoir observé l'œil jaune des enfers, le serpent sous les tropiques des grands fonds

De redire, recomposer chaque facette et chacun des anneaux du temps passé, mentalement

Et de comparer à ce qu'il a fait de vous

David Hockney
A bigger Grand Canyon
(1998)

Grand Cahier.469.Parallèle 37.028.Canyons.06 {•••}

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte