Je ne sais d’où elles viennent
On m’a appris autrefois à les reconnaître, à aimer leur aspect, sourires et grimaces
J’y ai lié et délié mes gestes maladroits, mon oreille incertaine pour y déposer là mes plus forts souvenirs, mes rêves et mes espoirs
Et lorsque aujourd’hui
je compose avec elles, par ma gorge, par ma voix, d’une main assurée que poursuit mon regard
recherchant l’intonation, tapotant du bout des doigts
sur le clavier, poussant la phrase un peu plus loin vers son énigme
à chaque pas, je repense
aux traits de ces visages qui m’ont traversés
que j’ai aimés, pour certains
que j’ai mimés, m’accompagnant en silence
formant cette mélodie
ce déroulé d’une estampe hérissée de pointes et de précipices, de hautes parois, de coulisses, et de portes dont il faut tourner la clef
et j’aimerais qu’elles y reviennent, en lisant
et reprennent à leur compte
Marion Robert Enfance aux bottes jaunes (2014) |
Grand Cahier.670.Corps et visages.002.D'un autre lisard.31