Le feu


Plus tu t'approches (existe-t-elle encore)
de la bûche dans l’âtre
plus tu t’approches de la flamme
plus elle brûle ton visage

Et davantage en elle
ton coeur en son cœur disparaît, l’endroit d’où elle provient et elle s’évanouit comme une illusion, comme un mirage qui tremble dans l’air – s’éloigne
et devient cendre

Plus tu te rapproches du sens
existe-t-il encore
plus celui-ci clarifie ton regard

Et davantage en son cœur disparaît ton cœur, l’endroit d’où il provient et s’évanouit comme une illusion, comme un mirage qui tremble, etc.

Mais ta main parcourt la page
pour y tracer les signes d’une cendre

puis vient l’hiver, la nuit, la rafale des jours, les vête- ments mouillés, l’oubli

alors tu t’assoies sur un banc, une chaise
à la table auprès d’un livre ouvert

Et plus tu suis les lignes de cendre sur la page
à recomposer ainsi la vie, ses meutes, les corps au sortir d’un rêve

plus ton désir sans fin renaît
et ton oreille entend la bûche qui flambe à nouveau réchauffant ton visage
Paul Klee
Feuer Abens
(1929)

Grand Cahier.657.Intérieurs Extérieur Voix.001.D'un autre lisard.18

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte