Douceur d'Andromède


Porte rêvée, lointaine, forteresse du rêve. Lieu de mar- bre sur les sables. Le ciel est lumineux, la mer bleu-vert
Regarde, Moqattam !
Comme une fuite de voiliers et de palmes
La ville s'est figée, le spectacle au balcon se déroule. Yeux des kiosques, yeux des belvédères, médaillons, cou- poles, minarets : l'imaginaire
Tapis se défait

Se délite au sol. Une brisée d'os et de membres, chairs blêmes, hypnotiques, démentielles
Harnaché de cuir rouge et de précieux camées, le che- val se cabre, le cavalier
Fixe l'indescriptible et attaque
La mort s'est fichée dans le fond de la gorge

Tombe

Qu'un jeu de formes infatigables, éternellement se tien- ne au-devant de la scène, luise noire une cuirasse et battue la retournée, l'ombre trifide aux ailes d'acanthes vers le néant

Regard ni ne hait, ni ne doute. Colombe du regard, pensif et résolu

Vittore Carpaccio
Saint Georges et le dragon
(1502-1507)
Venezia, Chiesa di San Giorgio degli Schiavoni

Grand Cahier.En-tête.319

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte