Il n'y a rien dans l'air...


Il n’y a rien dans l’air
qui bouge ce matin. Rien n’a bougé de cette nuit, c’est comme hier
Chaque chose est à sa place
dans l’ignorance des autres. Toutes les choses sont res- tées au même endroit

Elles sont là reposées, tranquilles
 au point du jour

J’agrée de tout mon être à cette indifférence, cette muette patience. Pourrait-il exister une autre vérité ?

Je m’éveille j’
 attends, le plus longtemps possible

Albert Gleizes
Paysage cubiste (arbre et fleuve)
(1914)

Grand Cahier.583.Révolvie.030.Les effets de l'aube.01

Mojave

*


Au fil de l'eau (a'ha macave)



Chacune des facettes prise en 24 fois 36 de l'appareil nommé Pentax

Rameutées par vous David en marchant,
rassemblées pour le souvenir, plus tard

incluse
dans la forme prédéfinie d'un coquillage
ces vues jetées

Des vues sans cadre, sans bord, sans... Que sais-je,

une porte qui ouvre l'espace infini,
posée visiblement sous nos yeux

(Andromède aperçue)

Jaune tout aussi bien, enfoncé dans la terre, inatteignable autant que l'anneau du serpent

David Hockney
The Grand Canyon South Rim with Rail
(1982)

Grand Cahier.468.Parallèle 37.029.Mojave.01 {•••}


Convenience store



Cette terre n'est pas la terre, je veux dire la nôtre, je veux dire notre mère

Elle est une surface incommensurable qu'on a plantée de quelques repères, poteaux télégraphiques bancals, affi- ches publicitaires
Ici dans cette boue jaunâtre, ce désert d'oubli creusé des pneus, du passage des quatre-quatre
Réclames de quoi pour qui perdues

Les yuccas sont en feu.
On pourrait croire, quand la nuit tombe – la route à droite défile – et que le ciel est chargé, à des feux de la Saint Jean, à une effigie toute en flammes de
…Guy Fawkes

Sobre et déserte, on avance vers l'Ouest. Dès l'arrivée au motel se déchaîneront les masses tumultueuses des nuées. On lira (feuilleter)
Certaines pages d'une bible verte au chevet, dans sa version anglaise. Le commentateur à la télé dira

« Voici que je crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; et l'on ne se souviendra pas d'avoir connu les choses précédentes, et elles ne monteront pas au cœur »

Grand Cahier.385.Parallèle 37.029.Mojave.02 {•••}


Pearblossom



Si j'ai dû suivre cette route autrefois bordée d'arbres Joshua, c'était dans l'autre sens, venu du fond du tableau, en désordre bousculant, perforant les surfaces micacées

Combien de moments juxtaposés, d'images fixées dans la mémoire

Je n'y reviendrai pas de sitôt. Je-ne-re-vien-drai-pas
Stop !
Stop à l'en-tête de la 138ème
Voilà trop de mises en garde, trop d'avertissements pour que jamais je ne m'égare
Absorbé par cette profondeur

Si j'ai dû retenir quelque chose, ce n'était pas les boîtes de Coca jetées sur le côté, ni les lignes jaunes doubles et noires, infranchissables

Ce n'était pas les absences du verbe ni le sable qui tournoie

Non plus l'indicateur au bras levé, ni les points de vue oubliés, déjà pulvérisés, ni tant et tant d'avoir brouté les lieux à la périphérie

David Hockney
Pearblossom Hwy
(1986)

Grand Cahier.470.Parallèle 37.029.Mojave.03 {•••}

Pearblossom


Si j'ai dû suivre cette route autrefois bordée d'arbres Joshua, c'était dans l'autre sens, venu du fond du tableau, en désordre bousculant, perforant les surfaces micacées

Combien de moments juxtaposés, d'images fixées dans la mémoire

Je n'y reviendrai pas de sitôt. Je-ne-re-vien-drai-pas
Stop !
Stop à l'en-tête de la 138ème
Voilà trop de mises en garde, trop d'avertissements pour que jamais je ne m'égare
Absorbé par cette profondeur

Si j'ai dû retenir quelque chose, ce n'était pas les boîtes de Coca jetées sur le côté, ni les lignes jaunes doubles et noires, infranchissables

Ce n'était pas les absences du verbe ni le sable qui tournoie

Non plus l'indicateur au bras levé, ni les points de vue oubliés, déjà pulvérisés, ni tant et tant d'avoir brouté les lieux à la périphérie

David Hockney
Pearblossom Hwy
(1986)

Grand Cahier.470.Parallèle 37.029.Mojave.03

Convenience store


Cette terre n'est pas la terre, je veux dire la nôtre, je veux dire notre mère

Elle est une surface incommensurable qu'on a plantée de quelques repères, poteaux télégraphiques bancals, affi- ches publicitaires
Ici dans cette boue jaunâtre, ce désert d'oubli creusé des pneus, du passage des quatre-quatre
Réclames de quoi pour qui perdues

Les yuccas sont en feu.
On pourrait croire, quand la nuit tombe – la route à droite défile – et que le ciel est chargé, à des feux de la Saint Jean, à une effigie toute en flammes de
…Guy Fawkes

Sobre et déserte, on avance vers l'Ouest. Dès l'arrivée au motel se déchaîneront les masses tumultueuses des nuées. On lira (feuilleter)
Certaines pages d'une bible verte au chevet, dans sa version anglaise. Le commentateur à la télé dira

« Voici que je crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; et l'on ne se souviendra pas d'avoir connu les choses précédentes, et elles ne monteront pas au cœur »

La route 66
et des arbres Joshua
(décennie 80)

Grand Cahier.385.Parallèle 37.029.Mojave.02

Au fil de l'eau (a'ha macave)


Chacune des facettes prise en 24 fois 36 de l'appareil nommé Pentax

Rameutées par vous David en marchant,
rassemblées pour le souvenir, plus tard

incluse
dans la forme prédéfinie d'un coquillage
ces vues jetées

Des vues sans cadre, sans bord, sans... Que sais-je,

une porte qui ouvre l'espace infini,
posée visiblement sous nos yeux

(Andromède aperçue)

Jaune tout aussi bien, enfoncé dans la terre, inatteignable autant que l'anneau du serpent

David Hockney
The Grand Canyon South Rim with Rail
(1982)

Grand Cahier.468.Parallèle 37.004.Mojave.01

Canyons

*


J'accuse le temple...




.
J'accuse le temple
des eaux et de la pierre
..
Je mords les falaises
de sucre et de violette
...
Gréseux de rouge
et de blanc méthané

En chaque entaille que
la vie reverdit

Ce sont rayures
Bouquets de sapins

Orges roux des carbones
Pleurs du jardin des roches

Je marche au cœur
émerveillé de la terre

Force érosive Monolithe
Je longe sans craindre

les flashes orageux
de l'eau magnifique

Les étroites parois
de Navajo Sandstone
_____
Zion


Grand Cahier.463.Parallèle 37.028.Canyons.01 {•••}


Ô fées...



Ô fées,
forêt des fées !
Je tends la main
vers le faîte

des cheminées

Du haut-blanc
de glace je m'en vais
j'abandonne que
m'importe le secret
de ces passages dérobés
que nul n'élude
je ne cherche pas d'issue
labyrinthe des
roses
    des jaunes

Azurite des ciels
de Bangkok
je tourne la roue
chromatique du
moulin à prières
Qui ne dira jamais
la beauté des couleurs
de la Rim ?

Dans cette féerie :
m'y perdre je le veux
entre les détours et
les creux, jusqu’aux gravats
de neige jusqu'aux res-
tes magiques des
hoodoos
____
Bryce

Grand Cahier.464.Parallèle 37.028.Canyons.02 {•••}


Hataalii chante...



Hataalii
chante

de grès roux...
porte ouverte sur l'ailleurs, séparant l'espace illimité
saumon du ciel sculpté qui bondit de la nasse
genévrier tordu de chaleur
sel souffle
.Boue
…pied à pied, de vent
relié au temps par le biais de l'air
et il chante Clavicule
le chant boucle de l'esprit
 perce-oreille
un soir posé sur le bord
de la vasque

au goût de
terre
____
Arches
► Conseil

(Partir du . de Boue
remonter puis, de grès roux,
en attrapant la passerelle des ...
aller jusqu'à la vasque)

Hataalii
traverse
le cercle de la terre

Grand Cahier.465.Parallèle 37.028.Canyons.03 {•••}


Iikááh



Ii

áh,


sèche de sable
ocres et rouge
ébauche et poudre
filets de craie

entre le pouce
et l'index tournés

Dame de perle
a déposé pollen et
racines de chêne pulvérisées
farine de maïs
pétales
charbon de bois
et pierre à moudre,
sur fond doré

Ils viennent par le chant – près du tapis – les invités guérisseurs

retrouvent l'harmonie
aux pointes cardinales

et disparaissent

avant que ne
dispute l'homme
au-dessus de l'image

*

Grand Cahier.466.Parallèle 37.028.Canyons.04 {•••}


Monument Valley, Arizona



Un paysage désolé, après des heures – une route qui perce, une seule. Au plus haut – la chaleur, une route dé- serte, j’arrive enfin

Sur le coup de midi, je vois les fauves !

Ya'a t'eeh ... Kéyah Hózhóní / Je vous salue

Mitchell, Sentinel Mesa,
Merrick au loin,
escortés des deux Mitten
– Yei Bi Chei et Totem Pole –
Stagecoach, Ours-et-Lapin,
Castle Butte et le Grand Indien

Bienvenue dans ce monde

Quatrième
entouré de beauté.
Le premier fut détruit par le feu,
le second par le vent.
Et le peuple divin occupait en son temps
le troisième

Il se raconte une histoire

« Un jour, quel  jour ? Plus personne ne s’en souvient. Coyote en quête d’un mauvais tour vola les enfants de mère l'oie. Il les cacha dans sa fourrure. Mère l’oie s'en trouva très fâchée. Elle fit monter les eaux, et les êtres divins durent se réfugier dans la montagne. Ils essayèrent de planter un genévrier décharné à la peau grise, qui poussait lentement. Ils essayèrent de planter un pin qui jamais ne s'éleva. Les eaux montaient toujours. Ils plantèrent un bambou, sa forme n'était pas bien précise mais il grandissait à vue d’œil et ils réussirent à se faufiler dans ses nœuds et grimper jusqu'à un trou dans le ciel

Ce fut le monde.
Quatrième.
Il s'appelle Plata Mountain.

Quand les esprits retrouvèrent les enfants de Mère l'oie, ils les remirent dans l'eau. Celle-ci s'enfuit à jamais vers les quatre horizons. La boue sécha et forma les buttes que vous voyez maintenant

C'est du moins ce que disent les vieux navajos qui ne racontent ces histoires que l'hiver, de peur que les petites personnes, – excusez-moi – les araignées, les serpents et les sauterelles
ne les entendent »

Grand Cahier.467.Parallèle 37.028.Canyons.05 {•••}


Plateau Point



Vous commencez de descendre

Avant que le ciel ne soit sorti du noir et qu'il ne vous apparaisse comme une fuite éperdue dans l’immense – l'interminable reflet triplement répétitif d'un paysage en creux – vous vous imprégnez des couleurs de la nuit

La saignée millénaire sous le niveau de l'horizon n'est pas encore visible : ombres peintes violacées, roses effacées de la terre

Vous vous rapprochez davantage

C'est une vue différente, d'un lacet à l'autre, des zébrures d'un buisson de roche au premier plan d'un gouffre en surplomb, qui s'éveille, toile vagabonde avérée à chaque fois plus pénétrante

Nous vous exhortons en conséquence

Lorsque vous aurez descendu, fasciné vous enfonçant vers l'irrésistible, craignant ne pouvoir revenir mais descendu sans effort

Nous vous demandons, après avoir observé l'œil jaune des enfers, le serpent sous les tropiques des grands fonds

De redire, recomposer chaque facette et chacun des anneaux du temps passé, mentalement

Et de comparer à ce qu'il a fait de vous

David Hockney
A bigger Grand Canyon
(1998)

Grand Cahier.469.Parallèle 37.028.Canyons.06 {•••}

Plateau Point


Vous commencez de descendre

Avant que le ciel ne soit sorti du noir et qu'il ne vous apparaisse comme une fuite éperdue dans l’immense – l'interminable reflet triplement répétitif d'un paysage en creux – vous vous imprégnez des couleurs de la nuit

La saignée millénaire sous le niveau de l'horizon n'est pas encore visible : ombres peintes violacées, roses effacées de la terre

Vous vous rapprochez davantage

C'est une vue différente, d'un lacet à l'autre, des zébrures d'un buisson de roche au premier plan d'un gouffre en surplomb, qui s'éveille, toile vagabonde avérée à chaque fois plus pénétrante

Nous vous exhortons en conséquence

Lorsque vous aurez descendu, fasciné vous enfonçant vers l'irrésistible, craignant ne pouvoir revenir mais descendu sans effort

Nous vous demandons, après avoir observé l'œil jaune des enfers, le serpent sous les tropiques des grands fonds

De redire, recomposer chaque facette et chacun des anneaux du temps passé, mentalement

Et de comparer à ce qu'il a fait de vous

David Hockney
A bigger Grand Canyon
(1998)

Grand Cahier.469.Parallèle 37.028.Canyons.06

Monument Valley, Arizona


Un paysage désolé, après des heures – une route qui perce, une seule. Au plus haut – la chaleur, une route dé- serte, j’arrive enfin

Sur le coup de midi, je vois les fauves !

Ya'a t'eeh ... Kéyah Hózhóní / Je vous salue

Mitchell, Sentinel Mesa,
Merrick au loin,
escortés des deux Mitten
– Yei Bi Chei et Totem Pole –
Stagecoach, Ours-et-Lapin,
Castle Butte et le Grand Indien

Bienvenue dans ce monde

Quatrième
entouré de beauté.
Le premier fut détruit par le feu,
le second par le vent.
Et le peuple divin occupait en son temps
le troisième

Il se raconte une histoire

« Un jour, quel  jour ? Plus personne ne s’en souvient. Coyote en quête d’un mauvais tour vola les enfants de mère l'oie. Il les cacha dans sa fourrure. Mère l’oie s'en trouva très fâchée. Elle fit monter les eaux, et les êtres divins durent se réfugier dans la montagne. Ils essayèrent de planter un genévrier décharné à la peau grise, qui poussait lentement. Ils essayèrent de planter un pin qui jamais ne s'éleva. Les eaux montaient toujours. Ils plantèrent un bambou, sa forme n'était pas bien précise mais il grandissait à vue d’œil et ils réussirent à se faufiler dans ses nœuds et grimper jusqu'à un trou dans le ciel

Ce fut le monde.
Quatrième.
Il s'appelle Plata Mountain.

Quand les esprits retrouvèrent les enfants de Mère l'oie, ils les remirent dans l'eau. Celle-ci s'enfuit à jamais vers les quatre horizons. La boue sécha et forma les buttes que vous voyez maintenant

C'est du moins ce que disent les vieux navajos qui ne racontent ces histoires que l'hiver, de peur que les petites personnes, – excusez-moi – les araignées, les serpents et les sauterelles
ne les entendent »

Monument Valley
Arizona

Grand Cahier.467.Parallèle 37.028.Canyons.05

Iikááh


Ii

áh,


sèche de sable
ocres et rouge
ébauche et poudre
filets de craie

entre le pouce
et l'index tournés

Dame de perle
a déposé pollen et
racines de chêne pulvérisées
farine de maïs
pétales
charbon de bois
et pierre à moudre,
sur fond doré

Ils viennent par le chant – près du tapis – les invités guérisseurs

retrouvent l'harmonie
aux pointes cardinales

et disparaissent

avant que ne
dispute l'homme
au-dessus de l'image

*

Les gens arc-en-ciel
Peinture de sable Navajo

Grand Cahier.466.Parallèle 37.028.Canyons.04

Hataalii chante...


Hataalii
chante

de grès roux...
porte ouverte sur l'ailleurs, séparant l'espace illimité
saumon du ciel sculpté qui bondit de la nasse
genévrier tordu de chaleur
sel souffle
.Boue
…pied à pied, de vent
relié au temps par le biais de l'air
et il chante Clavicule
le chant boucle de l'esprit
 perce-oreille
un soir posé sur le bord
de la vasque

au goût de
terre
____
Arches
► Conseil

(Partir du . de Boue
remonter puis, de grès roux,
en attrapant la passerelle des ...
aller jusqu'à la vasque)

Hataalii
traverse
le cercle de la terre

Delicate Arch
Arches National Park

Grand Cahier.465.Parallèle 37.028.Canyons.03

Ô fées...


Ô fées,
forêt des fées !
Je tends la main
vers le faîte

des cheminées

Du haut-blanc
de glace je m'en vais
j'abandonne que
m'importe le secret
de ces passages dérobés
que nul n'élude
je ne cherche pas d'issue
labyrinthe des
roses
    des jaunes

Azurite des ciels
de Bangkok
je tourne la roue
chromatique du
moulin à prières
Qui ne dira jamais
la beauté des couleurs
de la Rim ?

Dans cette féerie :
m'y perdre je le veux
entre les détours et
les creux, jusqu’aux gravats
de neige jusqu'aux res-
tes magiques des
hoodoos
____
Bryce

Bryce Canyon Amphitheater
Inspiration Point

Grand Cahier.464.Parallèle 37.028.Canyons.02

J'accuse le temple...



.
J'accuse le temple
des eaux et de la pierre
..
Je mords les falaises
de sucre et de violette
...
Gréseux de rouge
et de blanc méthané

En chaque entaille que
la vie reverdit

Ce sont rayures
Bouquets de sapins

Orges roux des carbones
Pleurs du jardin des roches

Je marche au cœur
émerveillé de la terre

Force érosive Monolithe
Je longe sans craindre

les flashes orageux
de l'eau magnifique

Les étroites parois
de Navajo Sandstone
_____
Zion


Grand Cahier.463.Parallèle 37.028.Canyons.01

Et alentour

*


Départ



L'aube n'a pas pointé que déjà vous vous engagez pour les minutes qui suivent à l'aplomb de l'eau couleur de macadam –

Aperçues, les premières réflexions d'un soleil d'encre depuis le pont-route

Suspendu au-dessus de Yerba Buena, île conjointe d'une île au trésor, ancré au sol sous 200 pieds d'eau et revêtu d'un tablier à treillis sur deux niveaux en poutres d'acier, pylônes d'acier, câbles d'acier, de 33 à 36 par Charles H. Purcell, concepteur –

La journée n'a pas commencé que s'annoncent déjà devant vous les collines décharnées, noires, mouchetées d'artémise, et la route s'élève et file droite au désert

Oakland Bay Bridge
Yerba Buena Island

Grand Cahier.455.Parallèle 37.027.Et alentour.01 {•••}


Nevada



Longue était la route parfaitement rectiligne jusqu'à la barre à l'horizon, le trait de montagnes broussailleuses

Vous vous en allez de l'ouest océanique vers l'origine des plateaux et chaque ligne au loin n'est que le barreau successif d'une échelle

Vous respirez l'air blanchi de lumière et de poussière. C'est le rond sec d'un soleil figé sur le bleu délavé de la nappe. Vous regardez devant vous depuis des heures

Votre attention s'amenuise, ou vous rêvez peut-être. Le Nord aussi est fermé comme un corral où rue le vent

Il a fallu des années par millions et l'arrachement d'in- fimes grains, évidemment nécessaires, des tourbillons de sable pour façonner la crinière envolée de cette dune

Grand Cahier.454.Parallèle 37.027.Et alentours.02 {•••}


Évolution



Imaginez le cristallin d'eau bleue glacée, l'absolu silence des forêts de sapins d'une Suisse à l'abandon

Washoes

Nomades séparés de tout, dans la solitude des lieux et du temps, à hauteur de 8000 pieds. Vous pêchez des truites grosses d'une chair resserrée saumon. Et laissez la terre à son éternité, dans la solitude des lieux et du temps

Mais dans les masses granitiques de la ligne des guer- riers de Virginia, un jour à l'ouest, l'angle supérieur des an- ciennes laves s'est brisé formant la veine de Comstock

Et l'eau chauffée des entrailles de la terre a cristallisé. Rouge d'abord, clarté du quartz puis or et argent

« Hanging wall » accrochant leur lampe ils sont venus, ont creusé des galeries, fouillant, fouinant, furets dansants « Comme va la Gould & Curry va la ville »

« Et souvent, balancés sur nos chaises, nous sentions vibrer et percevions sous le bureau, l'explosion étouffée d'une mine »

Grand Cahier.456.Parallèle 37.027.Et alentours.03 {•••}


Carson Pass



Lorsque j'arrivai près du panneau de « Carson Pass », je ne vis pas ce que vit Mark Twain :

Ni la chamise ni l'armoise. Non plus dans le lointain les chariots longs de fret enveloppés des poudres ascendantes d'alcali. Encore moins sur un crâne perché le corbeau solennel

Je compris toutefois, car ils sont aujourd’hui les signaux de détresse et valent bien désolation dans l'expression de l'inconnu, les deux marques de pneus dans la neige

Malgré la froideur du col, j'acceptai de prendre la pose devant quelques pins surexposés, héroïque touriste qui fait bon dos, mains enfoncées dans les poches bleues d'un molletonné vinyle


Roughing it, complete »»

By Mark Twain

Chapitre XXI


Grand Cahier.457.Parallèle 37.027.Et alentours.04 {•••}


Lahontan



Nous ne voyons que peu de choses, une pierre assombrie, dressée, une trace grossière. Appelons ça le fil indicateur des hommes

Un phasme est tombé là, immobile et gris, tourné vers les terrasses. De sept mille marques – à l’estime – est coché le bâton d’ancienneté

Lac de Lahontan, c'est l'eau d'un lac sous les yeux qui s'étend

Nos frères en Pyrénées, autrefois dans la nuit des grottes, de leurs mains aux doigts tronqués, ont taché de rouge les parois

…Tant de distance nous sépare, tant de temps a passé dans l'univers, il est resté si peu de place pour le songe…

Voulait-il nous dire, nous prévenir de quelque chose, était-ce le début d'une parole inscrite, les premiers signes d'un pouvoir ?

Il n'y a que les eaux du lac d'un côté et le piège des barrières dirigeant les troupeaux

Grand Cahier.458.Parallèle 37.027.Et alentours.05 {•••}


Glen Dam



Dix-sept ans de travaux et l'afflux d'une eau bleue fluorescente venue des sommets de glace

Nous autorisent à ce parfait glissement vers les hau- teurs, entre ciel et roc, roc et rouge, roc indien brodé de céruse

Volutes striées meulières comme Larousse où le vent souffle

Cette réserve, au fil des ans accumulée, cette réserve elle est de vie la somme. Ce sont les grandes crues anar- chiques, ou le lâcher des libertés volontaires

Qui façonnent sous la puissance des soleils la beauté déchiquetée des canyons

Pour que les hommes s'y retrouvent, il suffit de barrer au plus étroit les eaux, et toujours – plus bas c’est sûr, tournera la roue
Sur les pelouses d'argent de Las Vegas

Grand Cahier.459.Parallèle 37.027.Et alentours.06 {•••}


Playa



A vive allure, vous parcourez l'étendue plate des champs d'armoise
Touffes rougeâtres, épis de mauvaise herbe roussis des fonds sédimentés de Bonneville

Vous percevez, souffle déformé, le mirage d'une île au milieu des blanches vapeurs du sel
Intense est la chaleur des verreries de l'air. Vous suez de toutes les eaux qui manquent

Croûte stérile sur la terre détrempée, morne coquille de l'œuf lissé des naissances

Dans l'angle nord-est du versant des Wasatch et des Uinta, vous savez toutefois que sont stockées toutes les archives et toutes les généalogies de la lointaine Europe

Grand Cahier.461.Parallèle 37.027.Et alentours.07 {•••}


En quittant...



En quittant Dixie Forest, après
un temps, et
quelques … hésitations, vers la droite nous tournâmes
et

prîmes la 9 du Mont Carmel qui fait jonction

La nuit venue, nous débouchâmes sous des flambées d'étoiles dans un vallon désert

Mais / poussée la porte / une fois du saloon :
autour du feu de bûches,

les grillades – Majestic était la vue

Dixie National Forest

Grand Cahier.462.Parallèle 37.027.Et alentours.08 {•••}

En quittant...


En quittant Dixie Forest, après
un temps, et
quelques … hésitations, vers la droite nous tournâmes
et

prîmes la 9 du Mont Carmel qui fait jonction

La nuit venue, nous débouchâmes sous des flambées d'étoiles dans un vallon désert

Mais / poussée la porte / une fois du saloon :
autour du feu de bûches,

les grillades – Majestic était la vue

Dixie National Forest

Grand Cahier.462.Parallèle 37.027.Et alentour.08

Playa


A vive allure, vous parcourez l'étendue plate des champs d'armoise
Touffes rougeâtres, épis de mauvaise herbe roussis des fonds sédimentés de Bonneville

Vous percevez, souffle déformé, le mirage d'une île au milieu des blanches vapeurs du sel
Intense est la chaleur des verreries de l'air. Vous suez de toutes les eaux qui manquent

Croûte stérile sur la terre détrempée, morne coquille de l'œuf lissé des naissances

Dans l'angle nord-est du versant des Wasatch et des Uinta, vous savez toutefois que sont stockées toutes les archives et toutes les généalogies de la lointaine Europe

Bonneville desert
(Utah)

Grand Cahier.461.Parallèle 37.027.Et alentours.07

Glen Dam


Dix-sept ans de travaux et l'afflux d'une eau bleue fluorescente venue des sommets de glace

Nous autorisent à ce parfait glissement vers les hau- teurs, entre ciel et roc, roc et rouge, roc indien brodé de céruse

Volutes striées meulières comme Larousse où le vent souffle

Cette réserve, au fil des ans accumulée, cette réserve elle est de vie la somme. Ce sont les grandes crues anar- chiques, ou le lâcher des libertés volontaires

Qui façonnent sous la puissance des soleils la beauté déchiquetée des canyons

Pour que les hommes s'y retrouvent, il suffit de barrer au plus étroit les eaux, et toujours – plus bas c’est sûr, tournera la roue
Sur les pelouses d'argent de Las Vegas

Glen Canyon Dam Bridge

Grand Cahier.459.Parallèle 37.027.Et alentour.06

Articles les plus consultés


à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte