Le peintre


Nombreux sont les chemins permettant d’accéder à ces lieux, ces grandes places découvertes – places désertes entourées de porches crottés – surdimensionnés à l’endroit des chevaux, depuis les venelles abruptes avec la rivière en contre-bas jusqu’aux escaliers de bois taillés dans la glaise du coteau

Il avait suivi le décor des anciennes ruelles. Il s'était approprié, numérateur de ses forces, une bâtisse dont l'usage s'est perdu, un vaste pavillon aux abords

d'un jardin de clarté –
remuements de vies infimes,
âmes et souffles dans les hauteurs,
chamboulements de boiseries sonores,

et dans l’ouverture, un avancement de docks, une carène qui se détache, coquille de sable évoquant les cornes de la mer

Il appréciait (il désirait) depuis longtemps, il avait lucide choisi l'excès, l'exubérance, il invitait et déclarait que tous les travaux sont de lumière, que notre effort est une haleine de lumière

Il ne savait faire autrement que – trouver, et voulait le montrer, le tenir dans l’évidence, comme une flamme native

Une réduction eidétique
du chien rouge,
une laque
Plus rien en lui qui ne relève
d'une folie. Il avait gardé
le corps nettement tracé,
brillamment détaché du fond,
les membres bien élancés.
Et la tête était posée là,
à plat
qui vous regarde

Toutes les têtes sont mortelles qui bouillonnent d’un sang noir. Étoupes de cordages qui ressortent et masques de goudron sur la toile. Il avait voulu que le matériau soit brut, la force aveugle, terrassée. Le genou tombant dans la poussière, nécessaire comme une blessure

Exposé au mieux,
le jazz cryptogamique,
le fluide vert
Comment l'homme devient
le jardin du verbe,
une écume libre, une parole
lorsque la mer se retire
et laisse longues s’étirer les algues

Par la fenêtre solitaire on pouvait voir les crêtes endor- mies, le coq de feu du soir qui brillait sur la Perrine

Michel Maurice
De nos frères blessés
(2017)

Grand Cahier.111.Cahier bleu-vert.005.Le horzain.11

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte