Die Sonnenblumen
Ihr goldenen Sonnenblumen,
Innig zum Sterben geneigt,
Ihr demutsvollen Schwestern
In solcher Stille
Endet Helians Jahr
Gebirgiger Kühle.
...
Les tournesols
Ô tournesols dorés,
Avec ferveur, prêt à mourir,
Ô très humble sœur
Dans un tel silence
Prend fin l'année d'Hélian
D'un froid de cimes.
...
07.1917 Georg Trakl (Sébastien en rêve et autres poèmes...)
1.
Je me souviens que nous allions, l’un à côté de l’autre nous cacher vers les hauts, dans la touffeur des combles. Brûlante venait la soif, comme les griffes du Tigre sur une peau tendue, comme une poussière d’Égypte dans les rayons du sel. L'ascenseur tirait à l'infini les corps patients ; je me souviens que nous mourrions, que la faim nous prenait aux claires-voies du désir. Chairs tuméfiées sur les parpaings du temps.
Matta – S'unir par les plaisirs (1982)
2.
On plie le corps contre un bois de charpente. On blesse le cœur qui cogne trop vite. La peau va s'érafler. Une écharde, un peu de sang va pénétrer dans la poussière. La bouche se ferme et s’ouvre, on halète. C'est à se mordre la langue.
La guerre va s'aggraver malgré les larmes
Et les faims, et les soifs, elles vont grossir, elles vont enfler encore. Les ballons couleur de soleil vont éclater, ils vont crever. Qu'il rie, qu'il acclame, qu'il mette à sac tous les édits !
La barre du jardin a versé où l'ortie foisonne.
Matta – The Unthinkable (1957)
3.
Aspiré par le dehors,
je descends la roche des Rames que la bruyère recouvre, traverse la rivière et, saisi par l'inutile énervement du jeu, les bras battants, me précipite sous les hêtres d'un versant troué. Combien de secondes va-t-il falloir attendre avant le ploc dans le gouffre sans fond ? Je tire au pistolet de poing, incohérentes et mortelles trois balles qui sifflent dans l'air. L'une d'entre elles abat dans un éclat de lumière un triste pluvier. Bourre de plumes que l'eau de la cascade emporte.