On the road again


"Track, curios occasions Gifts souvenirs and EXXON"

Je poussais devant moi chevauchant par les collines de genêts,
aux reflets de nuages pâlis – noire,
la bête à museau blasonné de blanc, mon troupeau de vaches noires et blanches –

Prim'Holstein
Ô cow-boy attentif à la rôde de Charmey

La route est infinie autant que les falaises rouges qui la bordent

Fernand Léger
La vache et la chaise
(1959)

Grand Cahier.460.Parallèle 37.005.Éparses.04

Concours


Dans ce couloir de terre battue où je passais
il y avait foule,

une chaleur une poussière, des éclats de voix des souffles, et le désordre des sabots. Je commandai un cornet de frites

à ce braillard vendeur, sans jamais n’y rien comprendre – de ses proférations. Mais
ce fut une joie (cavalier) de l’a-
dresser ainsi

Sur les gradins de l'arène emportés par l’atmosphère, des spectateurs habillés en cow-boys, debout me bouscu- lèrent.

À leur choix, il fallait que j’applaudisse
– Truqué, dis-je !

Ah ! les chevaux blancs sur des kilomètres de
sable Ouistreham

Henri Matisse
Le cow boy
(1947)

Grand Cahier.449.Parallèle 37.005.Éparses.03

Choisir


Vous demandiez embarrassé
vous vouliez, j’en suis sûr, des mœurs
des coutumes tout savoir

(avec les uns ou avec les autres – les hommes rester les femmes suivre – il fallut que je choisisse !

entre aller sur Union Square – ses boutiques clin- quantes, ou lire assis – locality in rocking-chair les titres d’un journal, je balançai)

Mais néanmoins je préférai
l’allure et la fête verbale
de vos charmantes comédies

Fernand Léger
Femme devant le miroir
(1920)
Homme dans la ville
(1919)


Grand Cahier.448.Parallèle 37.005.Éparses.02

Cervo-jello


J'irai jusqu'au bout me disais-je

tremblotant vert
ou bien rouge indigo
J’avalerai

tout

mais j’aime mieux
Le spumante léger
d'un blanc d'Aunis

À l'hypocrite... jell-O sho('t)

Robert Rauschenberg
Creek
(1964)

Grand Cahier.445.Parallèle 37.005.Éparses.01

Maintenant,


toujours ailleurs
et Sans nous,
le temps s’éparpille et
s’altère
parmi les grands
espaces

Avec nous,
étant donné l’auteur
vous n’avez pas le choix des armes
car c’est à force de mourir
qu’il nous arrive d’exister

Il ne vous reste d’autre
espoir
qu’en réchapper
par cœur

Paul Klee
« Marionnettes »
(1930)


Grand Cahier.427.Parallèle 37.005.Éparses.00

Foule des eaux


Ces flaques de pluie recouvrant l'avenue, ces « fanale » qui se balancent

Sur l'étendue luisante des allées, des façades opu- lentes, plus pures qu'alabastrite et or

Qu'ils ne nous fassent pas oublier les midis d'affaires traités en calami, l'eau verte assombrie débouchant des couloirs de briques –

Au-dessus les balles détachées, de la masse affadie de la page, les renflements du ciel

William Turner
L'entrée du Grand Canal, Venise
(1840)


Grand Cahier.391.Tre vedute.03

Zattere


En quittant les quais de Zattere comme faufils violets le soir ou gerris en belle île (drakkars de soleils à la peau noir)

Vous vous évanouissez vers des couchants de soufre sur ce lac, vous piquez dans la vase d'une mer qu'on a marié depuis longtemps

Silencieuse avancée où se reflète, miroir blanchi des plombs, la lagune qui s'endort parmi l'enchevê­trement de ses débarcadères

Francesco Guardi
Vue sur le canal de la Giudecca
au nord-ouest avec le Zattere
(1760)


Grand Cahier.390.Tre vedute.02

Aigrette aperçue des roseaux


Je regarde cette feuille et je dis : une orange – écorce brune jetée, lent balancement des bords de l'eau.

La brume jaune vague et rosée de l'aube agrandit tout l'espace

Je vois sur cette feuille un voile d'eau, un presque rien, une ligne lointaine
marquée au tiers, suggérant l'horizon bleuâtre des cou- poles, du campanile à gauche qui pointe dans le gris délavé

Il y a le calme d'une mer indéfinie, d'un lieu flottant, une habitation riche d'échos et de pailles chromatiques, ras- semblé au vent d'orient

William Turner
Venise, en regardant vers l'est
les tours de San Pietro di Castello
(1819)

Grand Cahier.389.Tre vedute.01

Décembre


Le brun l'emporte jusqu'aux trois quarts, chênes serrés, feuilles jaunâtres

Nul ne passe ni rien

Les froids barreaux des tours, le donjon carré qui ferme à jamais l'horizon, plus rien que

Le goût, rien que la bave des chiens, le sang

Ne va pas trop tarder, veneur : annonce la fin, sonne de la corne, souffle, écœuré le voici le

Sanglier jeté comme une souche

Dans le cercle gris de la mort – l'hallali, neuf contre un, jonché, gueules acharnées

Décembre
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.371.Très Riches Heures.012

Novembre


Une telle emphase était-elle nécessaire pour une gaulée de glands ?

La pose est théâtrale

En robe rose et peut-être bas blancs sur les mollets, nuit spéculaire, c'est un grillage d'ombres – ils s'abritent sous les chênes, appuyés sur leur bâton – ils se gaussent les deux autres

Il n'y a pas que les gouris qui fugnent le sol à s'égarer de leur ran

Bonhomme et débonnaire, de pelage gris, un chien veille

D'un château de rêve, né sous le signe du scorpion ne reste plus qu'un jeu de cubes, une tour trop basse aux flancs délabrés des collines

On distingue franchie, au-delà de la noirceur des troncs, le feuillage soulevé, dentelé du fond bleui, un semblant de paysage

Verte une rivière qui sinue, le soupçon d'un village

Novembre
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.370.Très Riches Heures.011

Octobre


La SEINE trace en l'exact milieu un bandeau

Aveuglement des quais, porte étroite percée dans la muraille

Ferme est le fond du tableau

Sous chacune des bretèches, on arrime les barques – des groupes se reflètent dans l'eau, une ombre s'adosse au mur – on promène un chien noir un chien blanc, on discute

L'angle des tours est un cal posé sur les dents de la herse engoncée dans la terre

À l'horizontale, rayée calcaire, la terre amendée pres- que violette

Ligne dans l'axe et troènes par six, un archer franc parmi les banderoles protège de son arc les champs de l'avant-scène

Des pies froides et des corneilles picorent près du sac blanc et du sac noir

La tristesse est grande du semeur, ses pas s'éloignent

Claque le fouet, raideur pesanteur des labours

Octobre
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485).

Grand Cahier.369.Très Riches Heures.010

Septembre


Lorsque la LOIRE prend ses couleurs à l'aube suppo- sée en contrebas

(La Porte des Champs est ouverte, il n'y eut jamais de vignes à cet endroit)

On le voit briller comme aux jours de fête le château des fleurs, la silhouette d'amour

Haute se tient, disait René, l'idéale chose celestielle, la blanche robe des fées sur le socle ja piecza des guerres

Un carré de tours crénelées trilobées tout en tiges segmentées, lys élancé vers le bleu

Une flottante forêt de girouettes et de pignes miroitantes sur la panne des plombs

Que font-ils ces paysans, plus bruns que grive qui se gave, saoulés de raisins roux, tournés vers nous, ne nous regardant pas, l'œil vague

Bleu, blanc, rouge, elle est enceinte, tête dans les ceps indifférente affairée

Ce n'est que la note moqueuse, ce n'est que l'indignité d'une COLOMBE

Septembre
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.368.Très Riches Heures.009

Août


Rose est la terre à l'orée de ce bois, l'esprit s'envole ailleurs

De la gauche un couple venant poursuit le dialogue d'amour

S'agit-il d'une chasse ou de cour à sa dame ? Jeux hiéroglyphiques, ce que veut l'oisiveté du temps

C'est le vol d'un faucon allant piller corneille

Un homme en chapeau de paille attentif et résolu – sa compagne surprise, manche rouge et robe noire sur cheval gris – s'apprête à libérer les armes de son poing
(
Un homme en chapeau de paille attentif et résolu – sa compagne surprise, manche rouge et robe noire sur cheval gris – s'apprête à libérer les armes de son poing
)
Le fauconnier, leurre encharné à la ceinture, surveille de l'oiseau chacun des mouvements

Elle est blanche la livrée d'un autre

Il se tient droit solitaire, harnaché de bleu cette fois-ci, non plus de vert

Du même amble souverain qu'en mai, devant lui gambadent les deux petits chiens que l'on disait d'oysel

Août
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.367.Très Riches Heures.008

Juillet


Je ne le crois pas, baigné par les eaux du CLAIN, hau- tement défendable

Est-ce vraiment qu'un château en l'espèce arrêterait des sarrasins, dissuaderait l'anglais de "certaines chouses tou- chans certains tractiés" malgré

La force de la pierre aveugle, la butée d'un triangle à chaque pointe fermé d'une tour, le rejet, l'exil vers l'intérieur du familier décor des fenêtres

Sur les eaux, une chapelle étrangement s'expose à tous les passages – le fort est relié par une coursive au spirituel – ils iraient jusqu'à convertir les goulées de vent s'ils le pouvaient – un couple de cygnes doucement s'approche acclimatant les lieux

Faisait-il, le seigneur, muette lecture de ce livre même au fil des heures canoniales ?

Le paysan habillé de petits draps, le berger, sa femme en bleu qui nous tourne le dos, mettons-les en avant par volonté

On n'a pas conservé les proportions et ce pourrait-être

Si n'était les tons jaunes sur un vitrail, une baie trans- figurée par la lumière, la représentation des gestes, des outils de leur labeur, du nourrir et du vêtir

Couper à la faucille les blés parsemés de coquelicots, prendre la laine entre les forces, mouton serré sur le genou

Juillet
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.366.Très Riches Heures.007

Juin


Que les grands ciels pâlis à hauteur des toits d'ardoise du Palais composent pour le temps du bonheur une clarté française en ce mois d'herbes fauchées

Tout est courbe élégante, aussi bien les rives de la SEINE qui renferme des vignes que l'autre côté de l'eau

Avec la ligne des meules, la ligne des saules, l'ample mouvement des faux, les corps souples de trois paysans

Chapeautés, vêtus de lins blancs gris et roses, qui tail- lent en cadence leur andain

Tout est féminine blancheur, comme celle-là qui se pro- tège de l'azur intense par un voile, qui râtelle, qui amasse d'une fourche-fière les foins

Dans l'axe domine le bois de cèdre de la croix, haute chapelle de verre et sainte, violet recueil à cette heure où prie peut-être le roi

Juin
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.365.Très Riches Heures.006

Mai


Cornes cornets et flûtes, aux quatre points cardinaux, sonnez trompettes en désordre

Pignons, échauguettes vers les remparts et les toits de la Cité

Montez votre mai aux étages, ornez de feuilles vos coiffes blanches, mettez des glaïeuls, des rameaux verts aux fenêtres

Est-ce le PRE-AUX-CLERCS ce bois touffu serré où la fête se donne ?

Foule attentionnée autour des dames, de leur livrée de mai vêtues, robes teintes des cristaux de malachite, la verte couleur tendre du printemps

Je dis que c'est le même cheval blanc de parade qu'en août en un miroir

Mai
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.364.Très Riches Heures.005

Et puis...


Une dentelle de haies
Autour d'un soleil rouge

Des toits d’argile ou d’ardoise
Peu à peu qui s’estompe

Un avion près des nuages
Formant la croix le désir
De pays lointains

Le soir tombé nous laissa
Sur ce pré vert et puis...

Le froid la
Nuit

Tullio Crali - Aéropeinture
Continuité des paysages en Vol
(1968)

Grand Cahier.095.Révolvie.001.Cahier bleu-vert.003.Perditions.19

Le voile, l'éclaircie, la motion


L’œil voit…
Depuis l’œil vers l’intérieur de la lumière

Nous ne connaissons que par le toucher de la lumière. Mais où est l’œil, où est la lumière ?

Et s’il existe quelque chose – qui en douterait, c’est cartésien, capitaine au coin du feu enfermé dans l’hiver – si le pouvoir du dehors fait son nid dans l’œil,

d’où tient-elle son possible la lumière ?

Le monde aujourd’hui se tait, le monde en ce moment est silencieux. Le temps passe il est nombreux.
Une parole nous vient peu à peu de ce long mutisme, patiemment retravaillée, une phrase qui parle et nous traverse

Arrivée trop tard malgré tout, avec un train de retard

Pourquoi de ses propriétés vouloir la déloger ? Ici d’habitude il y a tant d’occupations !
Pourquoi la laisser s’enfuir elle qui nous manque aussitôt, pour être ainsi touché

au cœur... Dans les plis de lui-même sans cesse évadé, reflet chatoyant – multiple aimanté – au point de son propre cercle un rien rongé sur les bords

La nature a submergé le monde, venue des confins, des quatre points cardinaux, démentielle, elle
hume l’air frais
comme un grand chien noir jappant, sautant

tête dressée par-dessus les joncs de la rivière, ivre toujours dans son exubérante affirmation

Irving Petlin
Ensor à Jérusalem
(1989)

Grand Cahier.044.Intérieurs Extérieur Voix.004.Demeures.22

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte