Avril


Longtemps resteront incertaines

L'arc de deux barques tirant le filet sur l'étang du roi, le cours tranquille de l'ORGE à DOURDAN

Choses qu'un instant l'on crut voir, choses anachro- niques

Des vergers réguliers à la façon de Versailles, la contre-perspective d'une cour de l'époque d'Heian

Propos recueillis d'un historien, choses précisément dites

C'est un jardin clos du moyen âge entouré de treilles tissées de tiges de saules, vergier d'amour, jardinet des simples – l'hortus conclusus vers le ciel grand ouvert

Le paysage à proportion n'est pas… chose naturelle, où sommes-nous ?

Les regards se croisent en ce lieu de verdure, comme un bouquet de fleurs violettes cueillies des jeunes filles

Elle échange avec le Prince, elle qui n'avait que onze ans, yeux baissés l'anneau, et le Duc attendri :

– « Ah qu'il fait bon regarder, la gracieuse bonne et belle ! »

Haute ceinture, sous les seins, resserrée, juste bouclée, manches ouvertes, soit amples, soit lacées, houppelande taillée dans drap de laine et drap d'or, fréquemment fourrés, les satins, les velours figurés

Avril
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.363.Très Riches Heures.004

Mars


Il pleut, berger s'enfuit sur la terre à gauche

Mélusine vole au-dessus du château, annonce-t-elle un malheur à LUSIGNAN ?

La tour de l'Horloge pourtant, la barbacane tient le fond

Précisément peints d'une texture à quatre temps les murs blanchis protègent le quadrille des champs noirs

Et pour chacun des travaux de la terre, la route qui diverge au point d'une montjoie

Le détail de ces vies minuscules absorbe le regard, à qui donc va le gain ?

L'espace a boutonné sa veste de travers

Dix mille tonneaux de Saintonge ou d'Aunis, vins clairs vendus bon an, partiront vers DAMME près de BRUGES

Sur le devant de la scène, un vieillard en cotte fatiguée et surcot blanc – pousse le coutre

Faisant contre-sens la force tranquille, presque une ombre projetée des bœufs

Mars
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.362.Très Riches Heures.003

Février


« Je suis sans couvert et sans lit,
Côtes ne connaissent que pailles
Et lit de paille n'est pas lit,
Et en mon lit n'est fors que pailles. »

S'il les présentent ainsi comme au théâtre, ouverte la maison l'étable et le blanc revers de janvier, à la grièche de l'hiver

C'est qu'intérêt peut-être il porte – aux pauvres gens

Les FRERES ont fait l'esquisse, le peintre est anonyme et n'a pas de vergogne

Que femme trousse un peu sa robe aux claquements du feu, ce n'est pas moquerie

Quatre ruches de paille sommeillent, en ces temps où le miel est précieux

Le toit est percé de la bergerie, tous ils s'entassent sous la neige. Près des fagots je vois une picorée hardie de corbeaux

Voici contre le froid mon conseil : souffle dans tes doigts, abats les arbres, frappe et conduis l'âne, jusqu' au village

« Je suis sanz coutes et sanz liz,
N'a si povre juqu'a Sanliz. »

Février
Les Très Riches Heures
du duc de Berry
(1410-1485)

Grand Cahier.361.Très Riches Heures.002 (Pauvreté Rutebeuf)

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à M.C.



Entre les ronceraies du coteau
Et les cils de la rivière
Ce pommier d’une écorce rude
Où s’attache un gui
Voilà notre vie pleine et nos joies
Ces fruits blancs appendus
Pour une année qui s’achève
Voilà sur le seuil des récoltes
Notre longue patience
Et lié ce vœu
Sous le linteau de la porte